Vincent Jay sur sa déception des JO 2030 : « Edgar, je lui ai tendu la main »

Pourquoi avez-vous décidé de rejoindre France Montagnes ?

– Vincent Jay :  « Je suis le pur produit de l’écosystème montagne. Maman monitrice de ski, papa cadre aux remontées mécaniques aux Menuires, mon grand-père qui était maire à l’époque, à l’origine de la station. Ça coche les trois cases de France Montagnes qui a été créée par les maires de montagne, les pulls rouges et les domaines skiables de France.

Je me rends compte qu’en vous parlant, j’ai les trois. En plus, sa création date de 2010, l’année où j’ai été médaillé olympique (ndlr, le biathlète savoyard a été médaillé d’or sur le sprint et médaille de bronze sur la poursuite lors des JO de Vancouver). La montagne reste mon univers, c’est juste incroyable de pouvoir la promouvoir. »

On vous imaginait poursuivre l’aventure olympique. Pour quelles raisons avez-vous décidé d’y mettre un terme ?

– Vincent Jay : « Il n’y avait pas d’opportunité pour moi au sein du Comité d’organisation. On ne m’a pas proposé de rester dans l’aventure olympique. »

N’y avait-il pas un peu de déception de votre part, vous qui, en tant que directeur du projet pour la Région Auvergne-Rhône-Alpes, pouviez prétendre à la présidence du COJOP ?

– Vincent Jay : « Déception, forcément. C’est une situation que j’ai déjà vécue quand j’étais athlète. En compétition, vous êtes 99 % du temps en situation d’échec. Médaille d’argent aux JO, c’est une superbe performance, mais il y a un mec qui vous a battu.

Aujourd’hui, je le vois plus comme de la frustration. Comment aurait réagi Estanguet si au moment de former le Comité d’organisation, on lui aurait dit : « Tony, tu as super bien bossé sur la phase de candidature mais on va mettre Teddy Riner.

Edgar (ndlr Grospiron), je lui ai tendu la main. S’il avait eu besoin de moi, il m’aurait sollicité. J’avais travaillé quinze mois sur le dossier olympique, il a décidé autrement. C’est lui le président, s’il a besoin de moi, je serai toujours là. »

Photo Garis Gentet
Photo Garis Gentet

Grospiron affirme qu’il avait un poste pour vous dans l’organigramme du COJOP. Est-ce que ce n’est pas un problème de timing tout simplement ?

– Vincent Jay : « Non, je ne le pense pas. D’ailleurs, c’est le seul qui ne m’a pas envoyé un message de félicitations, contrairement aux Comités olympique et paralympique, les deux Régions, le DG de la Solideo.

France Montagne sera là pour accompagner le COJOP et je trouverais aberrant de créer une structure éphémère pour promouvoir les JO dans les territoires de montagne alors que France Montagnes existe. J’espère que ça sera notre mission. »

Justement, concernant votre mission, quels seront vos chantiers prioritaires ?

– Vincent Jay : « J’arrive à un moment où France Montagnes prend un nouveau départ. Pendant quinze mois, il n’y a pas eu de directeur général. Ce temps-là a permis de poser les fondations d’une nouvelle feuille de route articulée autour de trois piliers. 

Le premier, c’est la raison d’être de France Montagnes, la promotion des massifs montagneux, hiver comme été. Le deuxième, c’est fédérer. Bizarrement, je veux retrouver ce qui s’est passé durant le covid. Un épisode malheureux où la montagne française a su s’unir.

Au moment où elle est attaquée de tous côtés, il faut absolument fédérer tous les acteurs. C’est l’esprit de cordée qui nous est cher. Le troisième, c’est parler d’une seule voix. On doit tous avoir le même discours. »

Avec un fil conducteur, la nécessité d’une promotion écologiquement responsable…

« On ne peut plus faire sans parce que notre jeunesse est sensibilisée à ça. Mais la montagne ne se résume pas un interrupteur : on appuie sur un bouton et il n’y a plus rien.

Il y a des vallées entières qui vivent du ski, on ne peut pas ignorer ces bassins de population sinon on revient 300 ans en arrière. Ces vallées sont déjà en pleine mutation. Elles mettent en place des solutions innovantes, mais ça, personne ne le dit alors qu’on tape sur la montagne. »

Les JO ne sont-ils pas la caisse de résonance idéale pour montrer que les montagnards savent faire évoluer leur modèle ?

« C’est exactement le cas. Les Alpes françaises 2030, ça ne sera pas Albertville 92. Ni Paris 2024. On ne fera pas mieux, on fera différent. On ne va pas créer de grosses infrastructures routières comme en 92, par contre on peut être innovant. Le débat, ce n’est pas de savoir s’il y aura de la neige artificielle, il y en aura. 

C’est dans le cahier des charges. Par contre, on peut faire 40 cm et pas 50. Une piste de bob à La Plagne, alimentée en électricité verte et autosuffisante et le reste de l’année l’électricité renvoyée sur le réseau pour alimenter les villages, c’est une première mondiale. Il faut faire avancer le système tous ensemble. »

Article issu du Dauphiné Libéré

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