Crash d’un Zeppelin allemand dans nos Alpes : 107 ans après, un débat persiste

Hautes Alpes ou Alpes-de-Haute-Provence ?

C’est toute la question autour d’un fait d’autrefois, mais d’abord, on vous raconte cette histoire dans l’Histoire  :

Une tragédie en altitude

Dans la nuit du 19 au 20 octobre 1917, une flotte de dirigeables allemands s’élance vers l’Angleterre. Le Zeppelin L45, un colosse de plus de 100 mètres de long, participe à cette mission de bombardement sur Londres. Cependant, l’opération tourne mal. Après avoir été sérieusement endommagé par l’aviation britannique, puis par la défense aérienne au sol, le dirigeable se retrouve hors de contrôle et doit abandonner sa mission.

Le L45, avec à son bord 18 membres d’équipage (ou 17 selon les sources), est pris dans des vents violents et dérive loin de son itinéraire prévu. Contraint à une fuite vers l’Europe continentale, il traverse une grande partie de la France, notamment des régions où il est aperçu, avant de se retrouver au-dessus des Alpes françaises. Ce long périple se termine dans des circonstances encore mal définies, où une perte de carburant aurait plongé l’appareil dans une situation désespérée.

L'illustration du trajet du dirigeable par un journal de l'époque.
L'illustration du trajet du dirigeable par un journal de l'époque.

Où s’est-il écrasé ? le mystère de l’atterrissage forcé

C’est ici que l’histoire se complique. Plusieurs versions circulent quant au lieu exact où le Zeppelin a terminé sa course, créant un débat qui perdure depuis plus d’un siècle.

La piste des Hautes Alpes :

La version la plus couramment acceptée, soutenue par de nombreux témoignages et des documents d’époque, indique que le Zeppelin s’est écrasé dans les Hautes-Alpes, près de Laragne-Montéglin et de la rivière Buëch. Des témoins oculaires auraient vu l’appareil frapper une colline nommée le Bricon, et l’épave aurait été retrouvée dans cette région. Des conférences organisées dans cette région et des articles de presse relayent par exemple cette piste.

La colline de Bricon, à Mison, où s’est abîmé le zeppelin. Cent ans plus tard, la trace est toujours visible. (Photo Le DL/Gérald LUCAS)
La colline de Bricon, à Mison, où s’est abîmé le zeppelin. Cent ans plus tard, la trace est toujours visible. (Photo Le DL/Gérald LUCAS)

La piste des Alpes-de-Haute-Provence :

Mais selon certaines sources, le L45 aurait effectué un atterrissage forcé sur le plateau de Tournoux, dans la vallée de l’Ubaye, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Cette version est soutenue par des témoignages locaux et des recherches historiques menées dans la région.

Mison, au centre des contradictions géographiques

En fait le nom qui revient le plus souvent, c’est celui de la petite commune de Mison, citée comme le lieu de l’accident dans les journaux de l’époque comme ceux d’aujourd’hui. Aujourd’hui située dans les Alpes-de-Haute-Provence, Mison fait l’objet de nombreux débats quant à sa situation administrative au moment du crash.

À cette époque, certaines sources considéraient la région comme faisait partie des Hautes-Alpes à l’époque des faits : un changement administratif qui pourrait en partie expliquer la confusion géographique entourant l’événement.

Le Dauphiné Libéré / Gerald LUCAS.
Le Dauphiné Libéré / Gerald LUCAS.

Pourquoi il est difficile de localiser l’épave du Zeppelin L45

S’ajoute à cette confusion administrative plusieurs éléments compliquant la localisation précise du crash du Zeppelin L45. Après s’être écrasé, le commandant allemande, a ordonné la destruction de l’appareil avec un projectile incendiaire, réduisant l’épave à des débris dispersés​.

Les habitants locaux, attirés par le crash, se sont ensuite livrés à un pillage des morceaux de toile et d’aluminium, ce qui a poussé les militaires français à intervenir pour récupérer les dernières pièces de l’épave, qui représentaient un intérêt technologique crucial dans le cadre de la guerre.

En bref, les conditions de ce démontage, associées à la pauvreté photographique de l’époque et à des témoignages contradictoires, ont rendu la localisation exacte de l’accident encore plus complexe.

Un mois complet fut nécessaire pour découper le zeppelin au chalumeau. Le Dauphiné Libéré / Gerald LUCAS.
Un mois complet fut nécessaire pour découper le zeppelin au chalumeau. Le Dauphiné Libéré / Gerald LUCAS.

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