Il faut avoir un œil de lynx pour les apercevoir.
Face au soleil, deux bouquetins se reposent sur ce versant déneigé de la réserve naturelle de la Bailletaz , au-dessus de Val d’Isère. Leur pelage se confond avec l’herbe séchée.
C’est grâce au télescope d’Audrey Previtali, garde animatrice du Parc national de la Vanoise (PNV) en Haute Tarentaise, que l’on voit ces deux mâles. « On les reconnaît bien avec leurs imposantes cornes qui peuvent peser jusqu’à 10 kilos ! », souligne cette passionnée de la faune locale.
Là où « bouquetins et chamois passent tout l’hiver »
Les femelles sont plus loin. « Ce sont des étagnes et pas la bouquetine comme certains les appellent », corrige Audrey Previtali. Armée de ses jumelles, la garde animatrice inspecte chaque millimètre carré de la réserve à la recherche de ces bêtes qui ne dorment pas l’hiver.
C’est sur le versant adret, le côté ensoleillé d’une vallée, qu’il faut chercher. « Bouquetins, étagnes, chamois et éterlous (NDLR : le petit du chamois) passent tout l’hiver sur la face sud car c’est là où la neige fond en premier », explique Mylène Hermann, garde monitrice du Parc national de la Vanoise.
Des zones protégées
La faune hivernale est bien plus diverse que les seuls caprinés. Vous l’avez sûrement remarqué lorsque vous skiez à Val d’Isère, aux Arcs ou aux Menuires : des panneaux jaunes balisent certaines pistes pour interdire le hors-piste, généralement en forêt.
Il s’agit de zones protégées où vit le tétras lyre, aussi appelé “poule sauvage” ou “coq de montagne”. « Fin avril, avant l’ouverture des remontées mécaniques, les tétras lyres mâles paradent sur les pistes de ski. Et ça roucoule fort ! », s’amuse Mylène Hermann.
Plus en amont, les pentes dénuées de tout arbre sont le territoire d’une “autre poule”, le lagopède alpin. La garde monitrice du PNV s’émeut de la disparition prochaine de cet animal en raison du réchauffement climatique : « Chaque année, le lagopède monte toujours plus haut ». Mais les sommets, eux, ne s’allongent pas.
« Le grand prédateur de ces animaux est l’homme »
Les yeux rivés sur le ciel, ce sont d’autres oiseaux qui focalisent l’attention de la garde monitrice. Un aigle royal vient de passer au-dessus de la réserve naturelle de la Bailletaz. Probablement à la recherche de proies comme des lièvres, des hermines ou de petits campagnols des neiges qui laissent leurs traces dans la poudreuse.
Au mois d’avril, ces rapaces font des marmottes leur festin. « Les aigles ont des serres très puissantes comme des poignards qui viennent appuyer contre la nuque de leurs proies », raconte Mylène Hermann.
Retour sur terre, en station, où il n’est pas rare non plus de voir passer des renards. Mais pour la garde monitrice du PNV, aucune différence n’existe entre le renard des villes et le renard des neiges. « Le soir, ils sont dans les rues et la nuit, les mêmes se baladent sur les massifs », observe Mylène Hermann.
Tous ces animaux sont surveillés de près par le Parc. Le braconnage et le réchauffement climatique en sont les principales menaces. Car comme le rappelle Mylène Hermann, « le grand prédateur de ces animaux est l’homme. » Tâche à nous de les toucher avec les yeux.
Article issu du Dauphiné Libéré