Les drones, un vrai fléau pour le parc de la Vanoise

Trois sifflements.

Gregoire Bouchetout s’arrête net. Le guide touristique se retourne et lance à l’adresse du petit groupe de randonneurs qui le suit : « Lorsqu’un danger terrestre arrive, la marmotte siffle trois fois et une fois quand il est aérien. »

Une menace venue du ciel  ?

Le drone interprété « comme un ennemi »

Les personnes venues à cette balade guidée à Rosuel, porte d’entrée du Parc national de la Vanoise au bout de la vallée de Peisey-Nancroix, pensent instinctivement à un faucon, un aigle, un rapace.

Photo le DL/Sylvain Muscio
Photo le DL/Sylvain Muscio

Mais ce n’est pas le seul danger. « Les marmottes alertent aussi quand il y a un drone puisqu’elles le voient comme un ennemi », explique le guide.

Quelle idée d’aller observer des marmottes et autres animaux à l’aide d’un drone en zone protégée ! C’est du moins ce que pense Grégoire Bouchetout qui parle même d’un « désastre » pour les rapaces protégés du Parc.

« Les gens essayent de filmer le plus près possible donc s’approchent des nids. Ça fait du bruit. C’est la pagaille, tous les oiseaux ont peur. Et pas que les oiseaux. Les bouquetins se mettent à courir dans tous les sens aussi », ajoute-t-il.

Une source de stress nocive

L’émanation d’un monde de l’image

Pour celui qui est le premier guide aveugle de France, de passage en Tarentaise sur invitation du Parc, la civilisation de l’image pousse des personnes à chercher la vidéo ou la photo à partager sur les réseaux sociaux.  « Mais on n’est pas concernés ! », s’exclame avec une pointe de malice Roland, randonneur, lui aussi non voyant. L’atmosphère s’est détendue. La balade peut reprendre.

Plus loin sur le chemin, Pierre Vanmarcke, garde moniteur du Parc de la Vanoise, revient sur le cas des gypaètes barbus : « Autour de leur habitat naturel, et dans tout le parc d’ailleurs, il est strictement interdit de survoler la zone à moins de 1 000 mètres du sol. »

Le drone génère de la peur et du stress chez ces oiseaux menacés de disparition et perturbe leur cycle de reproduction.

Un nuisance supplémentaire pour des gypaètes déjà menacées

Gypaète barbu en vol
Gypaète barbu en vol

« Un seul couple de gypaètes vit sur le secteur de Peisey, complète Grégoire Bouchetout. L’an passé, une épine rocheuse est tombée dans le nid, les gypaètes ont dû fuir et s’installer ailleurs. » Conséquence : aucun juvénile n’est né cette année.

Si un drone vient les déranger, la probabilité d’avoir un petit l’an prochain sera bien plus faible. Mais pour le guide aveugle, rien ne sert de voir pour profiter des bienfaits de la nature.

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