Après la signature de la délégation de service publique, fin août, la Compagnie des Alpes (CDA) avec la société Pralognan domaine de montagne (PDM), prendra en charge le domaine skiable à compter du 1er novembre, pour les 25 ans à venir. Le point avec David Ponson, directeur de la division montagne et des activités outdoor de la Compagnie des Alpes.
Comment se prépare ce premier hiver ?
« Dans la délégation de service public (DSP), on est l’exploitant du domaine alpin été-hiver, mais aussi du nordique (à Peisey, Champagny, Méribel, on est co-acteur) dans la dynamique de Nordic France pour lui redonner toutes ses lettres de noblesse, et de la centrale de réservations (qu’on va mettre en lien avec nos savoir-faire de distribution de séjours, tour-opérateurs, sites internet, bases de données…). Il y a une émulation au sein des équipes du pôle montagne de la CDA, à Chambéry mais aussi sur nos sites. Ce qui est important pour la suite, c’est cette envie politique de travailler ensemble, et ça rend les choses plus faciles. »

Un forfait à 41 euros la journée
Des changements sont-ils à prévoir ?
« On s’est engagé à appliquer, dès le premier jour, notre standard en lien avec notre raison d’être, comme le zéro net carbone 2030 : fourniture d’électricité verte avec EDF, HVO (biocarburant, NDLR) pour tous les engins de damage (pas d’hydrocarbures et 85 % d’émissions en moins, même si ça coûte plus cher), le personnel de PDM va bénéficier des avantages des salariés du groupe (attributaire d’actions du groupe, contrat de prévoyance, avantages liés aux parcs de loisirs…). Autre gros sujet, dès cet hiver, Pralognan passe sous Open resort, notre nouvelle solution de vente. Sans abandon de la tarification dynamique, mise en place avec leur partenaire canadien. On va continuer, mais avec les “outils maison”. »
La question des tarifs suscite des inquiétudes…
« Notre grille tarifaire a été adoptée par le conseil municipal avec la DSP. On s’est fondé sur une étude en amont, par rapport aux domaines équivalents en Savoie, pour se réétalonner en fonction de l’inflation, soit 41 euros la journée (NDLR : 38 euros l’hiver dernier). Ce qui va permettre de financer les études d’un premier gros investissement, impactant dans les comptes. »
Une nouvelle télécabine dans deux ans
Quel est ce premier gros projet ?
« Le remplacement du télésiège Edelweiss (11 millions d’euros) au départ de la station, sur le même layon, en 2027, par une télécabine pour assurer du débit et le transport de tous les clients (skieurs, piétons, VTT). L’inventaire faune/flore a été fait par les équipes en place. Un ascenseur/descenseur de domaine de montagne est prévu. On a proposé à la commune de supprimer l’accès au parking des Fontanettes. On a pris le parti de maintenir le téléphérique du Bochor, qui pèse financièrement, mais est emblématique du départ pour la haute montagne, avec le projet d’une plateforme panoramique au sommet. On jugera de son avenir à l’usage d’ici une dizaine d’années. »
« Un accélérateur d’expérience été-hiver »
Qu’en sera-t-il de l’été ?
« Pralo, c’est un domaine de montagne inscrit dans le parc de la Vanoise, presque équilibré été-hiver, où le ski a de l’avenir (l’étude ClimSnow assoit une perspective long terme). On a fait d’énormes efforts sur l’activité estivale dans nos stations (le chiffre de l’été a doublé en quatre ans, mais représente 2 % de l’année). Pour nous, Pralognan va être un accélérateur d’expérience été-hiver, avec des activités outdoor lors des deux saisons, avec un potentiel sur les ailes, de juin à fin septembre. Ce n’est pas pour rien si on l’appelle le petit Chamonix. »
« Le grand fait peur. » Les réunions avec les élus de Pralognan et celle avec la population, fin août, ont conforté la Compagnie des Alpes (CDA) dans l’idée qu’elle est méconnue face aux idées reçues. « Avec une partie de nos titres cotés en Bourse, ça donne l’impression que la CDA n’est que du financier : ça m’ennuie de penser qu’on soit une pieuvre financière qui pompe des dividendes, constate David Ponson. Qui sait vraiment qui est la CDA ? »
Avec près de 43 %, la Caisse des dépôts (État, banque des territoires…) est l’actionnaire de référence. Puis viennent le Crédit agricole des Savoie (7 %), la société Alpes du Nord aménagement touristique, l’Anat (région Auvergne-Rhône-Alpes, Département de la Savoie, et un pool bancaire avec le Crédit agricole des Savoie, la Banque populaire Aura, et la Caisse d’épargne Rhône-Alpes avec 5,6 %), la Banque populaire Aura (5 %), la Caisse d’épargne Rhône-Alpes (3 %). « Soit, pour deux tiers, des Rhônalpins investisseurs du territoire. » Restent 10 % d’institutionnels français, 10 % d’institutionnels étrangers et 15 % d’individuels (dont les deux tiers sont rhônalpins et 3 % les employés).
« On est centré sur notre territoire, où on fait venir de l’activité. On crée de la valeur. Certes le groupe a grossi, fait de très bons résultats. Il faut en être fiers plus qu’en avoir peur : ça lui donne toute sa capacité à investir. »
Article issu du Dauphiné Libéré