Les médecins de montagne en service minimum les week-ends dès janvier ?

Le 4 juin dernier, les médecins signaient une nouvelle convention avec l’Assurance Maladie. Parmi les évolutions phares : la revalorisation des tarifs de consultation. La consultation de base passera ainsi de 26,50 à 30 euros chez le généraliste à compter du 22 décembre. La convention crée également une consultation “longue” une fois par an du médecin traitant pour les patients de plus de 80 ans dans certaines situations spécifiques, facturée 60 euros.

« Le risque est bien d’engorger les services d’urgence et le système de régulation du centre 15 »

Si l’accord va donc plutôt dans le bon sens pour les professionnels de santé, une catégorie voit sa rémunération pour partie péjorée : les médecins de montagne. Pourquoi ? À compter du 1er janvier, un seul médecin de garde bénéficiera des majorations en vigueur les week-ends et jours fériés, celui inscrit au tableau de garde.

Mais pour un cabinet de montagne, ce n’est pas un, mais bien plusieurs praticiens sur le pont chaque week-end. « En saison, le cabinet compte trois à quatre médecins présents pour faire face à l’afflux de blessés et de malades. On enregistre entre 50 à 100 passages par jour », témoigne Christelle Guiberteau, généraliste dans la station chablaisienne des Gets et membre du conseil d’administration de l’association des médecins de montagne.

L’entrée en vigueur de la nouvelle convention pourrait donc avoir au moins deux conséquences délétères. En termes d’accès aux soins d’abord : « Aujourd’hui, nos cabinets de montagne arrivent à traiter 95 % des patients sans passage par l’hôpital. Avec cette réforme, le risque est bien d’engorger les services d’urgence et le système de régulation du centre 15 », dépeint celle qui est aussi médecin correspondante du SAMU.

Photo Le DL/Gérald Lucas
Photo Le DL/Gérald Lucas

« Une réelle remise en cause de l’équilibre financier de nos cabinets »

Financièrement, ensuite. Pour les “co-médecins” de garde le week-end existait jusque-là une majoration de consultation de 19,06 €. Supprimée par la nouvelle convention, la surcote se limitera désormais à 5 €. « Cette tarification divisée par quatre rend la situation économiquement complexe avec une réelle remise en cause de l’équilibre financier de nos cabinets. […] Car ce qu’il faut aussi comprendre, c’est que la présence des médecins s’accompagne aussi de personnels para-médicaux au sein de nos cabinets : secrétaire, infirmière, manipulateur radio… »

Le nouvel accord prévoit bien une majoration tarifaire pour les actes associés à une notion d’urgence. Un concept aux contours trop flous pour Christelle Guiberteau : « La fracture, l’angine avec 40°C de fièvre ou la douleur abdominale qui survient le week-end… urgences ou non ? »

Les interpellations des médecins de montagne étant restées lettre morte depuis juin, ces derniers menacent de ne plus travailler week-end et jours fériés à compter de janvier. Cette garde minimum se traduirait concrètement par le seul accueil des patients orientés par le centre 15.

Article issu du Dauphiné Libéré

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