Plages du lac d’Aiguebelette : comment faire respecter le nouveau décret interdisant de fumer ?

C’est une question qui risque d’animer une bonne partie de l’été, et d’en diviser plus d’un. Où est-ce qu’il est possible de fumer en extérieur depuis le 1er juillet ? Puisque depuis cette date est entrée en vigueur un décret national interdisant de fumer dans des lieux extérieurs et collectifs.

Sur le site officiel du gouvernement, il est annoncé que les lieux concernés sont « les parcs et les jardins publics, les plages bordant des eaux de baignade, les arrêts de bus et les zones couvertes d’attente des voyageurs, les abords des écoles, collèges, lycées et autres lieux destinés à l’accueil, à la formation ou à l’hébergement de mineurs, ainsi que les espaces ouverts et abords des bibliothèques, piscines, stades et installations sportives ». Il est également précisé que « ces interdictions s’appliqueront pendant les heures ou périodes d’ouverture ».

« Qui va surveiller les fumeurs. Les gendarmes ? »

Du côté des gérants de plage, au lac d’Aiguebelette, la situation est floue. Au mois de juin, les établissements faisaient déjà le plein, avec des touristes venus se rafraîchir. Au sein de la plage privée la Crique, un panneau est placardé à l’entrée pour rappeler les règles à chacun. Est-ce qu’un nouveau sigle va venir s’inviter sur la devanture ? « À l’instant T, nous ne savons pas si nous allons devoir faire appliquer cette interdiction », souffle Franck Colas, le gérant depuis l’année dernière. Il en doute, car il n’y a « aucune remontée de plaintes » de clients concernant des nuisances à cause de la fumée de cigarettes. « Je demande seulement à ceux fumant du CBD d’aller un peu plus loin », précise-t-il.

Un peu plus loin, à la plage le Repaire du Pré argent, des dispositions ont déjà été prises depuis quelques années, avec l’installation d’une zone fumeurs pour rendre non-fumeur la plage. Une seconde zone devrait être créée pour cet été. « Mais avant d’interdire la cigarette, il faudrait d’abord contrôler l’usage de la drogue, dit une habituée de la plage. Chaque week-end, c’est un aquarium. » La mère de famille s’interroge : « Qui va surveiller les fumeurs. Les gendarmes ? Je pense qu’ils ont autres choses à faire. »

Photo Le DL/Arthur Thiery
Photo Le DL/Arthur Thiery

Mais le décret va surtout permettre d’ancrer officiellement, à l’échelle nationale, les règles de bonne conduite concernant le tabac. Devant la gare de Chambéry, les fumeurs ne pourront bientôt plus allumer de cigarette au niveau des arrêts de bus. Une situation qui ne choque pas Fabienne, 59 ans : « Je vais l’appliquer, je regarde déjà toujours autour de moi qu’il n’y ait personne à proximité. » Des propos que rejoint Manon, 30 ans, sur le trottoir d’en face : « Les lieux ciblés sont logiques. Si ça ne touche pas les terrasses, pendant qu’on prend un verre… Et encore, je pense que je respecterais. » Du côté des associations, cette loi appuie un combat mené depuis des années par la ligue contre le cancer, en première ligne sur le sujet.

« On a fait des sondages, les gens sont prêts »

Au sein de la délégation savoyarde de l’association, on se réjouit de cette loi : « On est très content. Le public, fumeur comme non-fumeur, voulait que ça aille plus loin. Ils ne sont pas contre dans l’ensemble. On a fait des sondages, les gens sont prêts. En réalité, ça va dans le sens de ce que l’on met en place à la Ligue depuis 2012 », affirme Emmanuel Berland, nouveau président du comité savoyard de la Ligue contre le cancer, et médecin oncologue (traitement des cancers) au CHMS de Chambéry.

Depuis plus de 10 ans, la ligue, en collaboration avec les communes, inaugure des “espaces sans tabac”. Des panneaux, installés aux abords de certains lieux extérieurs, fleurissent depuis 2012. Sept mille ont été inaugurés partout en France, dont 207 en Savoie, notamment pour protéger les plus jeunes. Car ce sont eux la clé de cette réussite explique Emmanuel Berland : « Déjà, cette loi va réduire le tabagisme passif. Mais aussi dissuader les plus jeunes de fumer. Avant, les gens fumaient partout. En 2023, on s’est fixé à la ligue l’objectif d’une génération sans tabac en 2032. Ce sont eux le public cible. »

Malgré tout, le spécialiste sait que cette règle va en décontenancer plus d’un, usagers comme professionnels : « Je comprends que certains commerces soient un peu désarçonnés à ce sujet. Certains vont sûrement la trouver brutale dans son délai d’application, mais c’est une bonne chose qu’elle passe. On estime que 40 % des cancers sont évitables, y compris ceux du poumon. »

Reste à voir si ces mesures feront écho auprès des usagers. De son côté, la ligue a déjà prévu de travailler avec d’autres communes du département pour ouvrir de nouveaux espaces sans tabac, qui incluront également les vapoteuses.  

Article issu du Dauphiné Libéré

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