Imaginez-vous, confortablement installé sur une des plages du lac d’Aiguebelette, les pieds en éventail, lorsqu’une vague de 3,5 m de hauteur vient balayer le paisible écrin. Improbable ? Pas tant que ça.
Une étude menée par des chercheurs des laboratoires Edytem et Lama de l’Université Savoie Mont-Blanc a révélé qu’un paléotsunami s’est bel et bien produit dans le lac d’Aiguebelette, il y a de cela 11 700 ans.
Pour mieux comprendre le phénomène, il faut savoir que les tsunamis sont provoqués soit par des séismes, soit par des glissements de terrain. Si le phénomène vous paraît invraisemblable dans un lac préalpin, situé à 373 mètres au-dessus du niveau de la mer… C’est le moment de remettre en question vos certitudes.
Un paléotsunami
C’est en analysant les données d’un glissement de sédiment subaquatique dans le lac d’Aiguebelette que les chercheurs de l’étude “Numerical reconstruction of landslide paleotsunami using geological records in alpine lake Aiguebelette ” (article publié dans la revue Journal of geophysical research – Solid earth le 27 mai 2024) se sont rendu compte que ce glissement pourrait avoir déclenché une vague de tsunami. Un événement inédit en milieu lacustre.
Pour y parvenir, l’équipe de chercheurs en géologie a réalisé des relevés sismiques et bathymétriques haute résolution, ainsi que des analyses sédimentologiques, géochimiques et magnétiques sur le site. L’autre partie de l’équipe, composée de chercheurs en mathématique appliquée, a ainsi mis au point une reconstruction numérique d’un paléotsunami, d’une hauteur d’environ 3,5 mètres.
Un recul des glaciers il y a près de 12 000 ans
Si cette découverte ne fait aujourd’hui pas de doute, c’est que les chercheurs ont utilisé « des modèles numériques basés sur le modèle rhéologique visco-plastique de Herschel-Bulkley », détaille l’équipe. Un terme bien énigmatique pour les novices mais qui permet, dans les grandes lignes, de simuler le mouvement de masse et de modéliser la vague de tsunami en fonction de la dispersion et de la profondeur de l’eau.
Si les résultats de l’étude montrent que « les effets de dispersion sont négligeables dans le cas de glissements de sédiments subaquatiques dans un lac relativement petit », cette découverte améliore la compréhension des risques géologiques, en particulier dans des zones à activité sismique, renforcée par les changements climatiques induisant un recul des glaciers, il y a près de 12 000 ans.
Article issu du Dauphiné Libéré