David Gateuille est maître de conférences au laboratoire Environnements, dynamiques et territoires de montagne de l’Université Savoie Mont Blanc. Il répond à la question les lacs de montagne sont-ils épargnés par la pollution plastique en quatre points.
D’où proviennent les microplastiques ?
On appelle microplastiques les particules plastiques de taille inférieure à 5 mm, qui peuvent provenir de l’usure ou du frottement des vêtements synthétiques, de déchets stockés et soumis aux rayonnements UV qui se fragmentent. De par leur petite taille, ils sont facilement transportables par le vent et peuvent ainsi parcourir plusieurs milliers de kilomètres.
« On en retrouve partout dans l’environnement, y compris sur les pôles, les montagnes, les océans » , détaille David Gateuille. « La pluie lessive l’atmosphère et projette ces microplastiques, en suspension dans l’air, vers les sols. Microplastiques qui vont se retrouver piégés dans la neige ou les cours d’eau. »
Avec son équipe, David Gateuille a beaucoup travaillé sur le lac du Bourget et d’Annecy. Chaque année, ils échantillonnent plusieurs lacs d’altitude (Savoie, Haute-Savoie, Mercantour, Suisse) pour réaliser une cartographie à l’échelle des Alpes. Pas question d’utiliser un hélicoptère dans les parcs nationaux, alors ils ont mis au point, avec l’association Aqualti, une embarcation électrique, démontable et « transportable à dos d’homme ».
Un filet vient filtrer l’eau et récupérer les particules. Direction le laboratoire pour déterminer le nombre de particules, le type de plastique, leur taille, etc.
Nos rivières et lacs de montagne sont-ils contaminés ?
« La mauvaise nouvelle, c’est qu’on a trouvé du plastique dans tous les lacs étudiés », poursuit le chercheur. « Même dans le lac du Pavé [plus haut lac du Parc national des Écrins, ndlr] à cinq heures de marche de la route la plus proche. La bonne nouvelle, c’est qu’on le trouve dans des concentrations faibles quand il y a peu d’activité autour, pas de réseau routier dans le bassin-versant, ni de station d’épuration. Les seules voies d’apport des polluants sont alors l’atmosphère et les randonneurs, donc les rivières et les lacs de montagne sont relativement préservés. »
Quel est le niveau de pollution ?
Pour les lacs de montagne, on parle de 1 à 10 particules par m³. Les lacs du Bourget et d’Annecy (comme les rivières de Savoie) sont considérés comme propres, avec 1 à 200 particules par m³ , « grâce à des politiques de gestion des eaux usées très performantes et malgré une présence humaine plus importante », détaille David Gateuille. Des variations dues aux conditions climatiques (vent, pluie, fonte des neiges) et au lieu de prélèvement (berges, surface, fond du lac). Pour comparaison, quand le Rhône est en crue, la concentration peut atteindre plusieurs milliers de particules par m³.
Ces particules sont ensuite ingérées par les poissons, les canards, les grenouilles. « Au moment de la fragmentation des plastiques, des additifs (bisphénol, phtalates) peuvent être libérés, dont un bon nombre sont des perturbateurs endocriniens qui peuvent avoir des impacts sur les organismes. »
Comprendre les parcours des polluants
David Gateuille, enseignant-chercheur à l’Université Savoie Mont Blanc, travaille sur les transferts de polluants dans l’environnement, et plus spécifiquement depuis les sols vers les rivières et au sein des rivières.
Il étudie comment ces polluants sont piégés, transférés, transformés et leur impact sur l’environnement. Après avoir longtemps travaillé dans le bassin de la Seine, il s’est dirigé vers les milieux de montagne depuis 2016. « Pour les lacs de montagne, on parle de 1 à 10 particules par m³ », explique David Gateuille.
Article issu du Dauphiné Libéré