1. Lutter contre l’appropriation des stationnements par les locaux
La première des raisons qui a poussé la municipalité à mettre en place le stationnement payant, c’est de pouvoir libérer les fronts de neige de Recoin (Chamrousse 1650) et de Roche-Béranger (Chamrousse 1750).
« On a fait le constat qu’il y avait trop de voitures ventouse, donc moins de places pour les touristes qui viennent à la journée (40 % de la clientèle ski) ou à la semaine », explique-t-on en mairie. Des secteurs stratégiques qui, au fil du temps, ont été “vampirisés” par les commerçants, les saisonniers, les agents des remontées mécaniques, les moniteurs de ski, les résidents permanents… Et cela dès 7 h 30 voire 8 heures le matin.
2. Que pendant l’hiver et seulement dans l’hypercentre
L’idée, à partir du samedi 21 décembre (et jusqu’au 6 avril 2025, date de la fermeture de la station), c’est d’inciter les Chamroussiens à aller se garer un peu plus loin sur des emplacements gratuits. Alors quels sont les parkings qui deviennent payants ?
La partie haute de la montée des Gaboureaux (Recoin 1650) sous l’office de tourisme, la place Henri-Duhamel (500 places) ; puis le parking de la galerie commerciale avenue du Père-Tasse (Roche-Béranger 1750) et les abords de son front de neige (450 places).
Ce sont donc près de 1 000 places qui passent sous contrôle des horodateurs. Les zones bleues, déposes minute et stationnement livraison devant l’office de tourisme et les commerces de la place Belledonne, et de l’avenue du Père-Tasse ne bougent pas. En fait, cette mesure concerne un tiers des parkings de la station.
3. Le résultat d’une « concertation collective »
La question du stationnement payant est en réflexion depuis 2022/2023. La municipalité s’est entourée d’un groupe de Chamroussiens volontaires, pour qu’ensemble ils imaginent les contours de ce stationnement payant, comment, où et quand il devait se faire.
Et sur quelle tarification. Il aurait dû être mis en place dès la saison 2023/2024, mais pour des raisons techniques et administratives, il a été repoussé à cet hiver. Globalement tout le monde est d’accord. Après, le Français – donc le Chamroussien – étant râleur, surtout quand il faut payer, forcément, il reste des récalcitrants mécontents.
Le Smmag suggère à la commune de Chamrousse que cette gratuité soit prise en charge par le forfait de ski. Peut-être parce qu’il n’a pas échappé au syndicat que la saison 2023-2024 a été bonne [ + 20 % de chiffres d’affaires, grâce aux 541 000 journées skieurs vendues, NDLR]…
Mais quand on parle de gratuité, elle reste toute relative. La commune avance que si demain elle devait payer la facture, elle devrait budgéter au moins 450 000 € (*). Cette suggestion soulève une autre interrogation : la régie des remontées mécaniques serait-elle prête à augmenter le forfait de plus d’un 1,50 € la saison prochaine, quand en deux hivers il a progressé de 11 % ? Pas sûr.
Dans d’autres stations iséroises, comme aux Deux-Alpes, c’est la fiscalité locale qui subventionne les navettes gratuites.
(*) Les navettes estivales sont prises en charge par la commune (60 à 80 000 € selon la fréquentation). Leur coût est moindre car elles circulent toutes les heures (et non toutes les 20 minutes) et deux navettes suffisent (au lieu de quatre).
4. Un prix relativement modeste
Au regard des tarifs appliqués – 5 € la journée et 30 € la semaine – , le bénéfice pour la municipalité sera modeste, « tout juste une dizaine de milliers d’euros ». L’objectif est avant tout de réguler la surfréquentation de ces zones, et de permettre un turn-over. Ce n’est donc pas le gain financier qui a motivé ce choix.
D’ailleurs il y aura deux tarifs spéciaux. Les résidents permanents directement impactés auront droit à la gratuité, mais seulement pour un véhicule. Cela devant rester un petit avantage, toléré par les lois de la République. Les autres Chamroussiens paieront 90 € pour la saison (soit moins d’un euro la journée).
Pour les professionnels, qui ont besoin de stationner au plus près (les moniteurs de ski par exemple) un abonnement de 180 € sera possible. Le contrôle se fera par la lecture de plaques d’immatriculation. Les bénéficiaires devront s’enregistrer en mairie pour obtenir ce tarif spécial.
5. Un système similaire aux Deux Alpes et à l’Alpe d’Huez
Au tour de Chamrousse de franchir le pas. Il se dit qu’aux Sept Laux, on y réfléchit sérieusement, tant le stationnement est devenu un problème certains week-ends de grande affluence. En tous les cas à Chamrousse, on commence doucement, mais le stationnement payant pourrait à l’avenir s’étendre à toute la station.
La commune a déjà des retours de résidents non concernés par cette mesure qui craignent un report de stationnement vers des secteurs peu fréquentés. Cette saison 2024/25 va vraiment servir de test.
Article issu du Dauphiné Libéré