C’est une question de jours. Le téléphérique du pic de Bure, dans le Dévoluy, devrait sous peu transporter à nouveau des passagers vers l’observatoire Noema, à 2 500 m d’altitude. L’autorisation, délivrée par le préfet des Hautes-Alpes, doit intervenir d’ici la fin de l’été.
Des essais en cours
Des essais sont en cours, sur place. Il s’agit de s’assurer que l’appareil est en parfait état de marche, mais aussi de valider les modifications qui lui ont été apportées. « On est en train d’instruire le dossier de sécurité » rapporte Bruno Andéol, responsable dans les Alpes du Sud du service technique des remontées mécaniques et des transports guidés (STRMTG), un service de l’État qui travaille pour le compte du préfet.
« On vérifie que toutes les sécurités propres à l’appareil fonctionnent, que les multiples capteurs installés au niveau de la ligne, des cabines, du freinage, ainsi que le dispositif de surveillance des câbles, fonctionnent parfaitement. » Rien n’est laissé au hasard. « Il y a toute une batterie d’essais en charge et on vérifie que l’appareil réagit bien quand il y a des défauts. » Parallèlement, une procédure électrique est menée point par point, qui « reproduit tous les défauts qui pourraient se représenter ».
Des enjeux énormes
Les enjeux sont énormes. Cela fait plus de sept ans qu’aucun scientifique, aucun ouvrier ne monte sur le plateau de Bure à bord du téléphérique. Le 21 novembre 2016, un câble porteur est tombé d’un pylône. L’incident n’a pas fait de blessé, mais le transport de personnes a été suspendu.
Après une bataille judiciaire de plusieurs années, l’institut de radioastronomie millimétrique (Iram), propriétaire du téléphérique, et l’entreprise Leitner ont enfin trouvé un terrain d’entente. « Oui, un accord a été trouvé entre l’Iram et le constructeur du téléphérique » confirme Karl Schuster, le directeur de l’institut scientifique.
Motus sur les éléments financiers de la transaction : aucune des parties ne souhaite communiquer. Faisant valoir les « clauses de confidentialité signées », Leitner dit ne pouvoir fournir aucune information, financière ou autre. La direction de l’Iram est plus diserte sur l’aspect technique. « L’accord prévoit la modification des éléments portant sur la stabilité hors exploitation des câbles porteurs et la supervision permanente de leur position » indique-t-elle.
Depuis un an, des travaux sont menés sur le téléphérique pour sécuriser au maximum la tenue des câbles sur les pylônes. Il s‘agit de modifications qui concernent « la stabilité hors exploitation des câbles porteurs et la supervision permanente de leur position » présente l’Iram. Voilà qui répond au dysfonctionnement de 2016.
À cette occasion, d’autres améliorations ont été apportées au fonctionnement initial de l’appareil, précise l’institut : « une modernisation du système d’enregistrement des paramètres divers et une modification du système de sauvetage ».
Ce dernier changement a été opéré à la demande de l’exploitant de la remontée, Seeti. « Ça n’a rien à voir avec l’incident de 2016, prévient Bernard Halec, le patron de l’entreprise. C’est une sorte de deuxième téléphérique dans le premier, parce qu’il a des nacelles particulières, un treuil et un câble tracteur spécifiques. »
L’objectif est de pouvoir récupérer les usagers dans l’hypothèse où la cabine serait immobilisée à un endroit où ils ne pourraient être évacués via un système de cordes sécurisé - soit la hauteur est trop importante, soit il y a un risque d’avalanche. Dans ce scénario, prévu dès l’origine, « on va chercher les gens avec une nacelle de sauvetage. C’était déjà possible avant, mais pas satisfaisant » retrace Bernard Halec.
Outre cette « grosse amélioration », Seeti salue les autres modifications apportées au téléphérique, « très utiles » à son exploitation et qui font « une grande différence » par rapport à la situation antérieure. Depuis l’incident, la société a dû « maintenir l’appareil en état comme s’il transportait des personnes » - une exigence du ministère des Transports.
Une remise en service avant la fin de l’été ?
L’accord entre le propriétaire et le constructeur a ouvert la voie à la reprise du transport de personnes. Depuis, les étapes vers le redémarrage sont franchies les unes après les autres. Le dossier préliminaire de sécurité a reçu un avis favorable de la préfecture en septembre 2023. Le dossier de sécurité a été soumis le 19 mars 2024 et jugé complet le 22 mai. L’administration a trois mois pour l’instruire, ce qui amène au 22 août.
Le feu vert du préfet des Hautes-Alpes interviendra-t-il avant, comme l’espèrent l’Iram et Seeti, l’exploitant de la remontée ? « A priori, c’est envisageable, on n’a pas détecté de blocage particulier, rapporte Bruno Andéol du STRMTG. Mais on est en phase d’essais. L’autorisation de remise en service ne sera pas délivrée tant que tous les points de sécurité n’auront pas été examinés et qu’on ne sera pas sûrs de la sécurité de l’appareil. »
Article issu du Dauphiné Libéré