« Un métier super physique » : préparateur de snowpark à Vars

En haut du tire-fesses de Crévoux à Vars, Jean-François, ou Jeff, Perrier jette un coup d’œil sur son domaine. « Bienvenue chez nous. »

En contrebas, une pente raide débouche sur un tremplin. Doubles spatules aux pieds, bob sur le crâne, Jeff s’élance avec nonchalance le long de la piste, empruntée par des snowboarders. En bout de course, ces derniers s’envolent après avoir pris le kicker, la partie qui permet de décoller.

Pas de saut pour le gérant des shapers, les “façonneurs” de bosses. « Il n’y a pas forcément besoin d’être un rider, il faut juste avoir des bonnes notions de glisse. » Et à en croire la fédération de freestyle, Jeff et son équipe ont quelques bases.

Photo Leo Dubar/le DL
Photo Leo Dubar/le DL

« Le but, c’est que les gens se fassent plaisir »

En effet, le snowpark varsinc a été choisi pour accueillir plusieurs compétitions comme les championnats de France de ski et snowboard freestyle. « Le président de la fédé nous a dit qu’on avait un super produit. » Nombre de riders considèrent d’ailleurs le park de Vars comme le meilleur de France. Mais pour Jeff et son attitude détendue, l’essentiel est ailleurs. « Je préfère demander leur avis aux gosses que je vois sur les pistes. Le but, c’est que les gens se fassent plaisir. »

Pour cela, les shapers sortent les râteaux et les pelles dès 16 heures. En ski ou en snowboard, ils arpentent les reliefs artificiels du park. Ils redonnent forment aux modules, ils aplatissent des trous creusés par le passage des skieurs et les températures douces. « La noire, c’est de la chips à la crevette, souffle Max. Ça fond souple et ça regèle en écaille, c’est intravaillable. »

Maxime Carrere fait sa première saison à Vars mais il est déjà shaper depuis cinq ans. Pour travailler cette neige difficile, le travail de scalpel du râteau et de la pelle ne suffira pas. Il faut ramener l’artillerie lourde mais qui arrive plus tard, sur les coups de 18h.

Vars. Photo Le DL/Gérald Lucas
Vars. Photo Le DL/Gérald Lucas

Des journées physiques

Pour l’heure, l’équipe se retrouve « à la maison », dans une cabane à mi-parcours du snowpark. « Qui pour une bière ? » Yohann Jaillet, l’un des anciens de la bande, sort avec une bouteille de Caturige. « Eh Mateo, c’est toi qui a oublié ton sandwich sur la terrasse ? » L’ambiance est détendue, les vannes fusent. « C’est le maxi-merguez sauce harissa ? Ouais, c’est le mien, l’avantage c’est qu’il est resté au frais. » Certains des six shapers de l’équipe sont sur les pistes depuis 8h30. À 17h, une pause s’impose.

« On n’est pas au meilleur de notre forme actuellement, grimace Jeff. Les compétitions c’est du travail en plus. » Mais ce n’est pas tout. Selon les jours, la tâche peut s’éterniser jusqu’à deux heures du matin. Les shapers sont mobilisés depuis le début de la saison, voire avant. « Et c’est un métier super physique, surtout pour le dos. » Enfin, malgré son calme apparent, le chef d’équipe reste soumis au stress, tant pour le déroulement des compétitions que pour la sécurité des riders.

« Faudra péter l’arrête du kicker sinon on va avoir des morts… » Au milieu d’une discussion sur les modifications à mettre en œuvre, le bruit de la grosse artillerie se rapproche. Il est 18h et la dameuse conduite par Anthony Reynaud arrive au snowpark. « Je travaille uniquement avec les shapers, pas sur le reste du domaine », explique le conducteur.

Il est là pour redonner leur forme aux modules, en remettant de la neige dessus et en la tassant pour la consolider. « Un bon dameur peut nous éviter plusieurs heures de travail, à devoir repasser derrière lui si le travail n’est pas bien fait, souligne Max. Heureusement, Anthony, c’est la machine dans la machine. »  

Photo Leo Dubar/le DL
Photo Leo Dubar/le DL

Article issu du Dauphiné Libéré

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