« Débrayable », vous avez sûrement déjà entendu ce mot pour parler d’un télésiège.
La plupart des skieurs comprennent que c’est un type de remontée mécanique plus récent que les autres, qui, par un obscur mécanisme, ralentit à l’arrivée et au départ pour le plus grand confort des touristes.
Mais pour comprendre comment tout cela fonctionne, revenons à la base de la mécanique et retraçons les différentes évolutions technologiques qui ont marqué l’histoire de ces remontées mécaniques.
Les premiers pas : le télésiège à attaches fixes
L’histoire des télésièges commence en 1936 aux États-Unis, plus précisément à Sun Valley, station pionnière de l’industrie du ski. Inspiré des convoyeurs à bananes utilisés dans les plantations, ce premier télésiège à attaches fixes permettait aux skieurs de monter en altitude sans effort.
Le principe était simple : un câble tendu entre deux stations, des sièges solidement attachés qui suivaient sa vitesse constante, et une motorisation située en gare amont ou aval pour entraîner l’ensemble.
Ce système avait l’avantage de la simplicité et de la robustesse. Mais il posait un problème majeur : les skieurs devaient embarquer et débarquer sur un siège en mouvement continu, ce qui limitait la vitesse du câble à environ 2,5 m/s pour garantir leur sécurité. Une contrainte qui freinait à la fois le confort et la capacité de transport.
L’innovation des télésièges débrayables : la révolution des années 1980
Face à ces limitations, une avancée majeure voit le jour dans les années 1980 : le télésiège débrayable. Le principe ? Une pince amovible qui permet aux sièges de se détacher temporairement du câble principal lorsqu’ils entrent en gare.
Concrètement, voici comment cela fonctionne : en arrivant en station, la pince s’ouvre et libère le siège du câble. Des rouleaux motorisés ralentissent alors progressivement le siège, le laissant arriver en douceur à un point d’embarquement où les skieurs peuvent s’installer confortablement.
Une fois l’embarquement terminé, le siège est réaccéléré et la pince se referme autour du câble en mouvement, permettant au passager de poursuivre son ascension à grande vitesse, parfois jusqu’à plus de 5 m/s.
Ce système a marqué un tournant en améliorant à la fois le confort des skieurs et le débit des remontées, permettant de transporter bien plus de passagers à l’heure qu’auparavant.
Le futur des télésièges : le confort ou l’écologie ?
Depuis les années 2000, les stations de ski rivalisent d’innovations pour rendre leurs télésièges toujours plus performants et agréables. Les sièges sont aujourd’hui parfois dotés de bulles de protection contre le vent et la neige, de repose-pieds ajustables et même de chauffages intégrés sur certains modèles haut de gamme.
(On vous avait d’ailleurs listé les stations qui s’étaient équipées de la sorte ici : Sièges chauffants, bulle de protection : où trouver ces télésièges de luxe ?)
Alors que les stations de ski cherchent à réduire leur impact environnemental, les fabricants de remontées mécaniques travaillent sur des solutions plus écologiques. Par exemple, on voit apparaître des télésièges dotés de systèmes de récupération d’énergie, capables de produire de l’électricité à partir des freinages en gare, comme Valmorel en a montré la voie.
Finalement, le dilemme entre sobriété et luxe semble être tranché par les stations françaises, à en croire le patron de Poma (constructeur de remontées mécaniques) :
« On voit de moins en moins de sièges chauffants, qui étaient des options classiques dans des pays comme l’Autriche. En France, ça parait avoir moins de sens vis-à-vis des enjeux d’aujourd’hui. L’objectif, c’est d’avoir un appareil qui répond au besoin, sans faire d’option inutile. »
