Reportage : À Tignes, le défi d’ouvrir la station en novembre

Chaque année, c’est le même pari qui recommence pour Tignes : être la première station de ski à ouvrir.

Avec Val Thorens, ces deux stations de Savoie, toutes deux à haute altitude, attirent la lumière grâce à l’ouverture de leurs domaines de ski alpin en cette fin novembre, qui font d’elles les traditionnelles précurseuses françaises.

Mais si la précocité de ces ouvertures réjouit les skieurs, la préparation de ce qui est aujourd’hui devenu un évènement à part entière intrigue :

Comment réussir à préparer un domaine avec autant d’avance ?
Cette question en tête, nous sommes parti chercher la réponse directement auprès des acteurs de la station de Tignes.

Tignes, 21 novembre 2024. Photo Mon séjour en montagne / Sacha Foddis
Tignes, 21 novembre 2024. Photo Mon séjour en montagne / Sacha Foddis

Un travail invisible en amont

Si pour les clients, la saison ne commence que maintenant, ce n’est pas le cas de ceux qu’on qualifie un peu à tort de saisonnier. 

« Cela fait vraiment deux semaines qu’on est sur le pied de guerre » explique Olivier Ducastel, directeur-adjoint à la Régie des pistes, avant d’ajouter : « Mais pisteur, c’est un métier qui débute dès les premiers froids. Cette année, on a pu commencer la neige de culture fin octobre ».

Côté évènementiel, la travail a débuté encore plus en amont pour Sébastien Huck, directeur de l’ESF de Tignes le lac :
« Dès l’hiver dernier, on avait imaginé la préouverture [débutée ce 16 novembre], c’est-à-dire un accès anticipé au domaine skiable réservé à un public professionnel, aussi bien au ski de compétition qu’aux formations de pisteurs et de moniteurs ».

Mais face aux ambitions de Tignes, se dresse chaque année la grande inconnue : les aléas climatiques.

Sébastien Huck , le directeur de l’ESF de Tignes le lac, Tignes, le 21 novembre 2024. Photo Mon séjour en montagne / Sacha Foddis
Sébastien Huck , le directeur de l’ESF de Tignes le lac, Tignes, le 21 novembre 2024. Photo Mon séjour en montagne / Sacha Foddis

La météo, un facteur extérieur source d’incertitudes

Il y a d’abord évidemment la question de l’enneigement, indispensable au bon fonctionnement de la station.

« On sait qu’on a des atouts naturels particulièrement intéressants » affirme Frédéric Porte, le directeur général de Tignes développement, en référence aux 2100 mètres sur lesquels démarre le front de neige, et surtout, au glacier skiable de la Grande Motte qui trône sur la station.

Cependant, cette géographie très favorable ne se suffit pas toujours à elle-même, le glacier s’étant « légèrement rétracté » de l’aveu du directeur de la station, d’autant que le vent fait lui aussi partie de l’équation :

« Quand il souffle trop fort et qu’il est tournant, les enneigeurs ne tournent pas car la tête peut geler. Pour ce week-end, on va faire le maximum mais on reste météo-dépendant » résume Olivier Ducastel.

Olivier Ducastel, le directeur-adjoint à la Régie des pistes, Tignes, 21 novembre 2024. Photo Mon séjour en montagne / Sacha Foddis
Olivier Ducastel, le directeur-adjoint à la Régie des pistes, Tignes, 21 novembre 2024. Photo Mon séjour en montagne / Sacha Foddis

Comment gérer les enjeux ?

L’ex-pisteur estime que pour ce week-end, près de 40% du domaine devrait être ouvert, soit une quinzaine de pistes, ajoutant : « Il n’y a pas deux années qui se ressemblent ».

Pour surmonter ces conditions fluctuantes et identifier une date d’ouverture à l’avance, Frédéric Porte pose « une forme d’expériences avec des modèles et des statistiques » avant d’ajouter  :

« C’est important de fixer une date, car c’est un cap clair pour orchestrer une communication. C’est pourquoi on s’assure, au-delà du périmètre du ski qui assez fluctuant, d’avoir d’autres activités évènementielles ».

Miser sur l’événementiel, c’est une stratégie de diversification qu’on retrouvait justement ce week-end, incarnée par l’organisation de la Yéti Race, cette course se déroulant autour du lac le lendemain de l’ouverture.

Frédéric Porte, le directeur général de Tignes développement, Tignes, 21 novembre 2024. Photo Mon séjour en montagne / Sacha Foddis
Frédéric Porte, le directeur général de Tignes développement, Tignes, 21 novembre 2024. Photo Mon séjour en montagne / Sacha Foddis

« Un stress de solidarité »

Toujours est-il que le ski est la partie prédominante de l’évènement, et que l’enjeu de répondre aux attentes des amateurs de glisse reste présente dans les têtes  :

« C’est un moment stressant, car on part sur un schéma prévisionnel d’ouverture, on annonce le nombres de pistes, et puis le retour terrain [des pisteurs] qui arrive est moins optimiste » explique Olivier Ducastel

Questionné sur une potentielle inquiétude ambiante, Frédéric Porte répond, : « Il peut y avoir du stress parce qu’on est solidaire des équipes. Mais on est résilient en montagne et on fait avec la réalité du moment. Surtout, on sait aussi que l’enjeu économique de l’hiver ne se joue pas sur le premier week-end ». 

Le directeur de la station conclut  : « Pour cette année en l’occurrence, l’ouverture s’annonce plutôt bien, voire très bien, et même s’il subsiste des aléas météo, on sent que l’hiver a véritablement démarré »

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