Lia Vial a 21 ans. Elle est aspirante monitrice à l’ESF (école du ski français) de Serre Chevalier-Briançon. Elle saura d’ici quelques semaines si elle est diplômée à l’issue du final. La dernière étape du diplôme d’État (DE) de ski alpin composé de pas moins de dix unités de formation. Soit plus de 500 heures passées à comprendre, analyser, décortiquer, affiner sa pratique du ski alpin et son enseignement. Elle est aussi étudiante en 4e année de médecine à Marseille.
Coline Boniface a 31 ans. Elle est monitrice de ski alpin à l’ESF de Montgenèvre. Elle possède aussi un doctorat en droit et travaille dans le domaine de la protection des données personnelles sur internet.
Flore Faure-Gignoux est âgée de 21 ans. Elle saura d’ici quelques semaines si elle est diplômée du DE en ski alpin. Elle est en ce moment coach au club de ski de Serre-Chevalier, le club qui l’a formée. Elle est également éleveuse de brebis à Cervières.
Pourquoi vous êtes-vous engagées dans le DE de ski alpin ?
- Lia Vial : « Pour avoir une continuité avec le haut niveau que j’ai touché du doigt. Pour que toutes mes années de club débouchent sur un métier qui est aussi ma passion. »
- Coline Boniface : « Au début, ça ne me motivait pas du tout. J’en avais marre du ski après toutes mes années de club [au Club des sports d’hiver de Briançon. NDLR]. Je voulais me lancer dans mes études universitaires. Mes parents m’ont poussée. Mon père disait que je le remercierai plus tard, et c’est vrai. J’ai passé mon test technique en 2011, à reculons. Aussi, je ne voulais pas que mes parents m’aient payé toutes ces années de club pour rien. J’avoue que le monitorat, c’était de l’argent de poche pas négligeable pendant mes études. J’aurais moins profité sans. »
- Flore Faure-Gignoux : « Le ski, c’est une discipline que j’ai pratiqué toute ma vie. J’avais envie d’en faire mon métier pour enseigner ma passion. »
Quels ont été vos parcours scolaires et sportifs ?
- Lia Vial : « J’ai été au CSHB (club de ski Briançon). J’ai réussi à intégrer le pôle espoir au lycée d’Altitude. J’ai pris de l’expérience en ski et dans les compétitions et je me suis arrêtée aux portes de la FIS [fédération internationale de ski, NDLR]. Il fallait faire un choix entre le ski et les études. Aujourd’hui, je suis en 4e année à la faculté de médecine. C’est compliqué de conjuguer les deux. Toutes mes périodes de vacances étaient dédiées au DE à l’Ensa [école nationale des sports de montagne, NDLR]. Il a fallu combiner les stages, les cours pour me libérer des périodes pour le ski. Ça a été beaucoup de réflexion pour me rendre disponible. Et la chance d’avoir été prise à chaque fois dans les stages. »
- Flore Faure-Gignoux : « J’étais en classe sportive au collège Les Garcins puis au pôle espoir du lycée d’Altitude. J’ai eu mon test technique en 2020. Puis j’ai enseigné comme monitrice stagiaire à l’ESF Serre-Chevalier Chantemerle pendant deux ans et un an aux Orres. J’ai passé en parallèle un Bachelor sport et business [au CESNI, une école libérant les étudiants l’hiver pour qu’ils puissent se consacrer au monitorat, NDLR]. »
- Coline Boniface : « Ça a été compliqué pour le premier cycle où il fallait se libérer un mois d’affilée. Il a fallu parfois que je m’absente de l’Ensa pendant un stage pour passer mes partiels. J’ai dû parfois attendre pour poursuivre la formation. J’ai mis neuf ans à obtenir mon DE. »
Combien ça vous rapporte ?
- Lia Vial : « Environ 4 000 euros par saison [charges non déduites, NDLR]. Je ne peux travailler qu’aux vacances en tant que stagiaire. »
Quel est l’intérêt d’avoir ce diplôme en plus de votre doctorat et vous en servez-vous aujourd’hui ?
- Coline Boniface : « Ça fait trois saisons que je travaille tout l’hiver. J’avais un arrangement avec le laboratoire où je travaillais à Grenoble pour être libérée. J’aime l’ambiance à l‘école de ski. Changer d’ambiance, d’environnement. C’est des vacances pour moi d’enseigner. Alterner deux métiers, ça me plaît. »
Qu’est-ce qui vous a paru le plus compliqué dans le diplôme ?
- Lia Vial : « Il y a énormément d’examens. Cela demande beaucoup de ressources physiques, de la technique sur les skis. D’apprendre un nouveau langage. Il y a un parallèle à faire entre ce qu’on a appliqué pendant des années et les connaissances qui sont derrière. C’est comprendre ce qu’est vraiment le fondement du ski. »
Est-ce que la veste rouge vous fait rêver ?
- Lia Vial : « Oui ! C’est un beau métier. On a de la chance d’enseigner. On a une ambiance de travail avec des gens sympas qui sont cool. C’est un peu mes vacances à moi aussi. »
- Coline Boniface : « Pour moi, oui. Il y a l’aura de la veste rouge. Souvent, les recruteurs s’arrêtaient et s’intéressaient à mon DE de ski dans mon CV. Quasiment plus que sur mes autres diplômes. J’ai plein de copines qui se mordent les doigts de ne pas l’avoir fait. On se dit “je verrai plus tard”. Mais plus tard, t’as plus le niveau. »
- Flore Faure-Gignoux : « Moi, oui. Les rouges, ce sont les rouges. C’est une famille. Je ne me lève pas le matin pour aller gagner de l’argent. Mais je vais profiter. Être dehors. C’est un partage. Et voir l’évolution des gens sur les skis, c’est trop bien. »
Article issu du Dauphiné Libéré