La vallée de Saint-Véran bientôt « classée » : tout comprendre en 5 points

Quel secteur concerné ?

À l’intérieur même du Parc naturel régional du Queyras, la vallée de Saint-Véran s’étire sur 3 854 hectares. La zone concernée par la demande de protection en Site classé est délimitée à l’Est par la combe Arnaude, la pointe de Rasis ; à l’Ouest par le pic de Caramantran, le Rocca Bianca et la Tête des Toillies ; au Nord par le pic de Châteaurenard, , le col de Longet, la pointe des Sagnes Longues ; au Sud par le col des Estronques, la pointe des Marcelettes, la Tête de Longet.

La partie habitée de la vallée et le domaine skiable ne font pas partie du projet de classement. L’hyper centre bourg où se regroupent les habitations si typiques de Saint-Véran fait déjà l’objet d’une mesure de protection des monuments naturels et des sites de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque depuis 1948 et d’un classement sur la liste des Sites patrimoniaux remarquables depuis 2016.

Par ailleurs, la partie Sud-Est du périmètre proposé au classement est déjà considérée comme une Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (Znieff) et une Zone Natura 2000 pour la richesse de sa faune et de sa flore.

La vallée de Saint-Véran fait, par ailleurs, totalement partie de la zone tampon de la Réserve de biosphère du Mont Viso classé à l’Unesco.

Photo Le DL/Ugo Petruzzi
Photo Le DL/Ugo Petruzzi

Pourquoi cette demande ?

Échaudé par les velléités de liaisons téléportées échafaudées par la précédente municipalité, le maire de Saint-Véran Mathieu Antoine a préféré prendre les devants. Pour s’assurer qu’aucun téléphérique ne reliera jamais le village de Saint-Véran au pic de Châteaurenard comme cela avait été imaginé par le passé, il a donc demandé une mesure de protection supplémentaire (lire ci-contre) pour préserver les paysages, la tradition pastorale, la qualité des alpages, l’habitat de fustes traditionnel, l’héritage minier, les cadrans solaires, les pierres gravées, la mosaïque des écosystèmes.

Dans son rapport, la Dreal observe que « l’urbanisation, le manque d’entretien, les incendies, l’enfrichement, les pratiques sportives peuvent modifier l’état des lieux. Le projet de classement consiste donc à définir une protection réglementaire ».

Quelles conséquences ?

Le classement de la vallée de Saint-Véran permettrait à la commune d’affronter plus solidement les éventuelles pressions, notamment immobilières et touristiques. Le classement permettrait de préserver la vallée de toute urbanisation qui serait en désaccord avec le caractère naturel du site. « Inversement, les aménagements relatifs à la mise en valeur du patrimoine, à l’accueil raisonné du public, à la préservation des activités agricoles, pastorales ou forestières trouveront toute leur place » insiste la Dreal. Précision importante : « les sites classés ne sont pas dotés de règlements spécifiques qui fixent par avance ce qui est interdit ou autorisé ». C’est le critère de la « modification des lieux » qui sera étudié car « le classement s’attache à préserver les espaces naturels d’une urbanisation incohérente sur le paysage ».

Photo Le DL/Ugo Petruzzi
Photo Le DL/Ugo Petruzzi

Quel impact pour les habitants ?

La Dreal est très claire : « La vallée de Saint-Véran n’a pas vocation à accueillir de nouveaux quartiers d’habitat, des résidences de tourisme, des zones d’activités. A priori, la construction de nouveaux bâtiments d’habitation ou d’hébergement touristique est donc incompatible avec le classement sauf à démontrer l’intérêt général de la construction ». Toutefois, la Dreal précise que « les bâtiments existants peuvent être modifiés, rénovés, restaurés, agrandis à condition de ne pas porter atteinte à la qualité paysagère de la vallée ». Aussi, la chasse, la pêche, les activités sportives non motorisées pourront s’exercer librement et ne sont pas concernés par la mesure de classement. Enfin, des opportunités économiques sont attendues : « Un classement peut renforcer la capacité du territoire à attirer des fonds » et financer des travaux de rénovation.

Photo Le DL/Ugo Petruzzi
Photo Le DL/Ugo Petruzzi

Qu’en pensent les experts ?

« Le projet de site classé s’ajoute aux mesures de protections déjà existantes. Il les renforce lorsque les mesures se superposent ; ils les complètent lorsque les mesures se juxtaposent. Le classement permettrait de renforcer l’attractivité touristique en valorisant les paysages naturels et en offrant aux visiteurs une expérience de nature authentique. Le classement permet de garantir la préservation de l’environnement, du patrimoine naturel et culturel pour les générations futures. L’ensemble de la vallée de Saint-Véran présente une qualité paysagère, une richesse patrimoniale et une cohérence d’ensemble qui vont au-delà des parties habitées de la vallée. La qualité exceptionnelle du site justifie une reconnaissance nationale » conclut la Dreal. Toutefois, faute de gouvernement installé par le président de la République et faute d’un ministre de l’Ecologie, cette conclusion est, pour le moment, en stand-by.

Article issu du Dauphiné Libéré

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