Ses bâtons de marche sont sortis et son bonnet est bien calé sur sa tête. Stéphane, 51 ans, s’apprête à parcourir douze kilomètres sous les 9 °C matinaux du massif de la Chartreuse. Pour cette fois, pas question d’effectuer un chrono.
Son objectif : rencontrer du monde. Autour de lui, une douzaine de célibataires du coin ont répondu présent à la randonnée Célib’Alpes, au col de Porte, sur la commune de Sarcenas.
« Certains se découvrent dans des bars, d’autres sur les applications de rencontre. Mais ce n’est pas pour moi. Je préfère le concret, explique fièrement Sandra sur les premiers mètres du sentier. J’ai vu que c’était une sortie pour célibataires et comme je me suis mise à la rando récemment, je me suis dit : pourquoi pas ? »
Ensemle, pas à pas
Pour elle, comme pour beaucoup d’autres venus avant tout pour partager une passion commune, ce « pourquoi pas ? » a suffi à franchir le pas. Certaines qualifient cette sortie comme un potentiel tremplin pour trouver l’amour.
« Je trouve qu’en rando, les gens parlent spontanément, c’est idéal pour se rencontrer et c’est vrai que sur toute une journée, il y a certaines barrières qui tombent. On n’est pas les plus sexy, puis a contrario d’un restaurant où on peut faire bonne figure pendant une heure, là on est moins attentif. On est nous-même », souligne Julien Arthaud, l’organisateur de Célib’Alpes, accompagné par Cécile Aveline.
« On est aussi dans le même moov, pointe Marie. Ça change des sorties avec des amis en couple, qui pourraient avoir une vie de famille où il faut supporter leurs gosses par exemple. On n’a pas le même rythme, ni les mêmes envies. »

L’amour hors ligne
Comme la plupart l’expliquent, ce mode de speed dating en nature pourrait également devenir une alternative aux réseaux sociaux, expérimentés par certains. « Je n’ai pas de photos “vendeuses” : les réseaux n’ont donc jamais vraiment marché de mon côté », confie Jérôme, 28 ans.
Pour Stéphane, la randonnée permet d’anticiper les déceptions du premier rencard, après de longs échanges épistolaires virtuels. Plus besoin de “swipe” ni de “like” donc. « Ça fait moins catalogue », résume Émilie, à quelques pas derrière lui.
Pour cette première édition expérimentale, finalement, seul l’amour est resté discret. « Les participants étaient surtout venus pour sortir un peu de leur solitude, pour rencontrer de nouvelles personnes », constate Julien Arthaud.
Les retours positifs des randonneurs lui ont d’ailleurs donné une nouvelle idée : à l’avenir, celui-ci pourrait plutôt proposer des parcours, non plus destinés à des célibataires, mais à des personnes en manque de lien social.
Article issu du Dauphiné Libéré