Train à crémaillère le plus haut de France : quelle sera l’altitude de la nouvelle gare d’arrivée ?

Une métamorphose camouflée. Sur le site du chantier du prolongement de la voie du Tramway du Mont-Blanc (ou TMB), seuls les engins de chantier et quelques stigmates permettent de réaliser ce qui vient de se dérouler sur le site du Nid d’Aigle pendant plus de deux ans. Après avoir réalisé la réhabilitation totale des 12 km de voie sur son « joyau », le département de la Haute-Savoie, en collaboration avec le délégataire de l’exploitation du train, la Compagnie du Tramway du Mont-Blanc, s’est lancé dans un autre chantier.

« Au début du XXe siècle, les hommes qui ont porté ce projet voulaient relier le Fayet au sommet du mont Blanc. En 1914, la guerre les en a empêchés. Il n’y avait pas eu de travaux jusqu’à ce que nous décidions de prolonger les rails de 300 mètres », détaille Martial Saddier, président du Département.

Il est interdit de déplacer une pierre sans autorisation

La première chose qui saute aux yeux en arrivant sur place : rien n’a changé. Enfin, presque. La voie a bien été prolongée mais la courbe du terrain, ce qui l’entoure correspondent parfaitement à ce qui a toujours existé. Les ouvrages ont été parfaitement intégrés au paysage, un enjeu majeur alors que le site est protégé. L’architecte des bâtiments de France et l’inspecteur des sites surveillent et imposent des contraintes rigoureuses. Au point qu’il est interdit de déplacer une pierre sans autorisation.

Les plantes présentes ont été déterrées puis déplacées à Saint-Pierre-en-Faucigny, où elles ont continué à pousser avant d’être replantées. Modèle du genre, le chantier du prolongement du TMB aura aussi brillé par son bilan carbone optimisé. Les entreprises ont signé une charte visant à réduire le plus possible les nuisances.

En dehors de l’installation de la grue, tout a été monté par le train. 400 ballastières ont été nécessaires pour acheminer les matériaux. Sur place, 80 % des pierres utilisées pour façonner les murs de soutènement et les parois en gabion provenaient du site du chantier.

En effet, l’arrivée du train à crémaillère le plus haut de France, à 2 372 mètres, se faisait dans des conditions pour le moins optimales. Elle se fera dès l’été prochain à 2 405 mètres, à plat. Jusqu’alors, les passagers descendaient au terminus dans une pente à 24 %, à la sortie d’un tunnel, sans buttoir, au milieu de la voie et proche du ravin.

L’arrivée du train a été totalement repensée

Cette “bizarrerie” n’a, par ailleurs, jamais troublé les alpinistes, préparés à affronter des passages bien plus techniques dans le massif du toit de l’Europe. « Elle se trouvait en plein dans un couloir où les risques d’avalanche et de chute de pierres étaient avérés. On se demande même comment on a pu autoriser ça tout ce temps », souligne le maire de Saint-Gervais et conseiller départemental au tourisme, Jean-Marc Peillex. Ce dernier souligne l’importance de la galerie pare blocs qui sécurise au mieux la voie ferrée. Un choix technique qui permet de ne plus utiliser des filets comme cela se faisait il y a plus de 20 ans.

Au-delà de l’intégration paysagère, le chantier a aussi permis de repenser l’arrivée du train et le confort des passagers. Dans quelques mois, ce grand changement viendra révolutionner l’accès à cette porte d’entrée vers la haute montagne pour les personnes à mobilité réduite. Ces dernières ne pouvaient pas toujours descendre des motrices dans la configuration précédente alors que la nouvelle sera parfaitement optimisée pour leurs différentes conditions.

Tout au long des discours du jour, les différents représentants des institutions ont appuyé sur l’efficacité et les compétences des entreprises qui ont œuvré, six mois chaque année, dans un environnement bien particulier. « Vous avez apporté un savoir-faire unique sur un chantier unique. Ce qui ressort pour moi de cette réalisation, c’est de la fierté. Tout le monde a voulu bien faire les choses, sur place comme au niveau des administrations et ça prouve que l’intelligence collective vaut encore quelque chose », a souligné Mathieu Dechavanne, PDG de la Compagnie du Tramway du Mont-Blanc.

Article issu du Dauphiné Libéré

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