Comment les secouristes de Chamonix se préparent-ils au pire ?

Alors qu’une avalanche de grande ampleur vient d’ensevelir trois personnes et que plusieurs dizaines de personnes tentent de les sortir de la neige, une autre coulée se déclenche à quelques centaines de mètres de là et piège un groupe de cinq skieurs.

Le pire des scénarios ou presque pour les secouristes obligés de se réorganiser afin de sauver le plus de vie possible. Après un autre exercice du genre organisé dans l’été sur la thématique des éboulements , celui mené mercredi 18 décembre sur le domaine du Brévent n’a pas épargné les 70 secouristes et professionnels de la montagne mobilisés pour l’occasion.

Un dispositif grandeur nature

Comme à chaque début d’hiver, la Société de prévention et de secours en montagne La Chamoniarde a convié à cet entraînement tous les professionnels de la montagne et du secours pouvant être réquisitionnés en cas d’avalanche de grande ampleur, conformément au plan départemental de secours en montagne. Drone, hélicoptère, recherche DVA (détecteur de victime d’avalanche), Recco*, chien d’avalanche, etc. : les importants moyens engagés ont de quoi étonner la clientèle du domaine qui ne s’attendait pas à voir autant d’agitation ce mercredi sous “les pentes de l’hôtel”, un des hors-pistes mythiques du secteur.

Illustration hélicoptère de la gendarmerie Choucas 74 avec à son bord des secouristes du PGHM de Chamonix. Photo Baptiste Savignac
Illustration hélicoptère de la gendarmerie Choucas 74 avec à son bord des secouristes du PGHM de Chamonix. Photo Baptiste Savignac

Le réalisme poussé jusqu’au bout

Et même si le calme de certains laisse transparaître que la crise est bien fictive, tout le monde s’investit à fond pour porter secours aux vraies fausses victimes de l’exercice, jouées par des gendarmes adjoints volontaires. « Si on enfouit sous la neige de vraies personnes, en leur demandant de mimer un état de choc, c’est pour un souci de vraisemblance mais aussi pour que les chiens puissent réellement s’entraîner », explique la directrice de l’association organisatrice Océane Vibert.

Contrairement à l’année d’avant, l’année écoulée n’a pas nécessité l’activation d’un dispositif aussi poussé au pied du Mont-Blanc, mais les dramatiques avalanches survenues aux Posettes et au mont Joly ont nécessité une coopération entre les pisteurs secouristes et le peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM). « Le but de cette journée est justement d’arriver à travailler ensemble pour que notre efficacité opérationnelle soit la meilleure possible », indique Étienne Rolland, le commandant du PGHM de la Haute-Savoie.

La bonne communication entre toutes les personnes susceptibles d'intervenir est un des éléments clef pour assurer la réussite de l'opération de secours. Photo Baptiste Savignac
La bonne communication entre toutes les personnes susceptibles d'intervenir est un des éléments clef pour assurer la réussite de l'opération de secours. Photo Baptiste Savignac

Un système perfectionné

Après la première alerte et l’intervention des pisteurs du domaine, de nombreux renforts viennent compléter le dispositif qui monte en puissance selon un timing bien précis. Des pisteurs venus du domaine voisin arrivent à ski. Des médecins des services mobiles d’urgence et de réanimation (Smur) montagne sont déposés en hélicoptère. Au bout de quelques minutes, les deux “zones de chantiers (comme les appelle le commandant des opérations de secours) comprennent aussi des sapeurs-pompiers formés aux interventions de montagne, des militaires de l’École militaire de haute montagne (EMHM), mais aussi des guides de haute montagne et des moniteurs de ski. Tous travaillent de concert.

« On apprend toujours de nos maladresses »

Après l’extraction des victimes identifiées par les chiens où les systèmes de détection électronique, des skieurs manquent toujours à l’appel. Pour les retrouver, il n’y a pas d’autres choix que de sonder la coulée de neige. Mais la vague de sondage qui s’emploie à la remonter lentement tombe dans le piège et s’élance à son pied, alors qu’une victime est enfouie deux mètres derrière. « Pensez à toujours démarrer cinq mètres derrière la coulée », débriefent les observateurs évaluant l’exercice. Une des rares erreurs de la journée rappelant à tous que rien n’est jamais complètement acquis. « On apprend toujours de nos maladresses et c’est pour ça que malgré la forte culture du secours dans la vallée, il faut toujours s’exercer ».

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