Fréquentation : peut-on parler de surtourisme à Chamonix ?

« Il faut le dire, cet exercice est assez atypique ! » Dans l’une des sallesde réunion de la mairie de Chamonix, Eric Fournier, le maire, fait face aux journalistes. L’édile a lancé une invitation pour échanger sur les questions de la gestion de la fréquentation touristique. « On n’a pas de sujet précis à aborder comme on peut le faire d’habitude. L’idée, c’est de vous présenter la méthodologie que nous employons pour quantifier de manière scientifique ce qu’il se passe chez nous et les actions que nous mettons en place », souligne l’édile chamoniard.

Photo Le DL/Greg Yetchmeniza
Photo Le DL/Greg Yetchmeniza

Vaste programme. Vous vous douterez bien qu’un seul article de cette taille ne permettra pas de résumer de manière exhaustive l’ensemble des échanges entre la presse et les équipes de la municipalité, au terme d’une rencontre d’un peu plus de deux heures. Voici ce que l’on a retenu.

De plus en plus d’« excursionnistes »

En 16 ans à la tête de la commune, Eric Fournier a souhaité tenir une ligne claire : ne pas augmenter le nombre de lits touristiques. « On en avait 80 000 à l’époque et c’est toujours le cas aujourd’hui », souligne l’élu. Cependant, des variations majeures sont à noter. De plus en plus de touristes sont des « excursionnistes ».

Des personnes qui viennent à la journée, sans dormir sur place. Une situation qui pose problème, notamment face au moyen de transport utilisé par ces derniers pour se rendre dans la capitale mondiale de l’alpinisme. Aujourd’hui, une grande partie d’entre eux utilisent un véhicule léger en solitaire. Un phénomène qui se serait encore plus confirmé après le Covid.

La fréquentation du refuge des Cosmiques a baissé

« Pour ce qui est des solutions, il y a la question des transports en commun. Nous devons faire mieux à l’échelle “inter-vallée”. Le problème, c’est que le ferroviaire ne se développe pas aussi vite que nos besoins en matière de tourisme. Les projets peuvent se concrétiser sur une décennie pour certains. Je le regrette. Il ne faut pas oublier le commun routier avec la possibilité de mettre en place plus de navettes entre chez nous et les territoires à proximité », détaille Eric Fournier.

En plus de cette piste, l’édile a abordé la possibilité de fixer un seuil de fréquentation et l’incitation à rester plus longtemps dans la vallée. Cela passerait par la mise en place de tarifs favorables sur une semaine de ski par exemple, voire la suppression du forfait à la journée. À l’inverse, certaines pratiques attirent moins qu’avant, notamment la haute montagne. Exemple : la fréquentation du refuge des Cosmiques a considérablement baissé entre les années 2000 et aujourd’hui.

8 millions de nuitées à l’année

Avec 8 millions de nuitées à l’année, Chamonix est un site à part dans le paysage touristique français. Certains sites attirent de nombreux visiteurs chaque jour, notamment en moyenne montagne. Le cas le plus cité reste celui du lac Blanc, où la Ville et Asters ont installé des éco-compteurs afin de quantifier la fréquentation.

Le lac Blanc. Photo Le DL/Baptiste Savignac
Le lac Blanc. Photo Le DL/Baptiste Savignac

À la municipalité, le terme “surtourisme” ne fait pas l’unanimité. « Si on dit “sur”, ça veut dire qu’il y a un seuil qui a été dépassé. Il y a plusieurs critères, notamment la surcharge des infrastructures ou la mise en danger des sites mais ce n’est pas le cas aujourd’hui », nous explique-t-on.

Le fait de voir certains endroits, notamment ceux situés à proximité des télécabines permettrait de soulager le reste de l’écosystème. Une situation que ne semble donc pas poser plus problème que ça au maire : « On a fait ce qu’il fallait faire quand la situation le nécessitait. Je pense notamment à la régulation des bivouacs que j’appelle de “confort”. On a agi là-dessus, il faut aujourd’hui se déclarer pour dormir au lac des Chéserys. »

Cette pratique plus facile de la montagne à moyenne altitude entraîne la venue de personne moins sensibilisées aux bons comportements. La Ville veut appuyer la communication et a obtenu, après avoir négocié avec la préfecture et Asters, la présence de deux gardes supplémentaires à temps plein. Ces derniers peuvent faire passer les messages mais aussi sanctionner par une amende, les comportements irresponsables.

Article issu du Dauphiné Libéré

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