Pics de fréquentation : comment le massif de Belledonne fait face au surtourisme ?

Contingenter les sites saturés en Belledonne, on n’en est pas encore là… Quoiqu’à Chamrousse, on s’en approche au lac Achard. Depuis 2020, année de tous les dangers – arbres coupés, bivouacs, feux, déchets, divagation de chiens, baignades… en cascade – le site est placé sous haute surveillance. Sa survie et la biodiversité en dépendent.

Frappé d’arrêtés municipaux et préfectoraux, le lac inclus dans l’ENS (espace naturel sensible) de Chamrousse, qui comprend le plateau de l’Arselle, est un lieu ultra-réglementé. Chaque été, en juillet et août, plus de 60 000 personnes s’y rendent. Alors Chamrousse, avec le renfort des gendarmes de la brigade de Saint-Martin-d’Uriage, la police municipale, et le garde vert multiplient les opérations de sensibilisation et de verbalisation.

Au lac Achard, le bivouac est interdit du 1er mai au 30 octobre

C’était le cas le 20 juillet dernier. Objectif : freiner les impacts de la fréquentation touristique. Comment ? En rappelant qu’ici, les feux, le ramassage de bois, le camping, la cueillette, la pêche, la divagation des chiens et la baignade (même pour les chiens) sont strictement interdits, sous peine d’amende.

À cause du surtourisme, le bivouac est désormais interdit du 1er mai au 30 octobre. Le garde vert, Alexis Carron, veille à ce que cette interdiction soit respectée. Il peut compter sur le soutien de Lola Bonnet, chargée de mission à la Maison du patrimoine et de l’environnement à Chamrousse et des guides du bureau.

Ensemble, ils sensibilisent les randonneurs aux bonnes pratiques alors que l’information est largement diffusée sur les sentiers et les panneaux installés à l’entrée du site. Des règles mises en place depuis quatre ans pour préserver ce patrimoine naturel fragile et permettre une meilleure cohabitation avec la biodiversité mais, que certains oublient…

20 infractions relevées

Ce 20 juillet, 20 infractions ont été relevées par les gendarmes aux alentours des rives du lac. « Un premier passage, tôt le matin, à permis de contrôler six tentes et de verbaliser 11 personnes pour non-respect de l’interdiction de bivouac », relate Lola. Planter sa tente au lac Achard coûte cher. Les contrevenants ont eu droit à une amende de 68 €.

Et c’est le même tarif si on laisse divaguer son chien. « Plus grave, trois délits ont été constatés : un prélèvement d’espèces protégées sans autorisation (des têtards de grenouille rousse), une baignade dans le lac et un allumage d’un feu », détaille Lola. Dans ces cas, les amendes peuvent grimper jusqu‘à 150 000 € et être assorties de peines de prison. « On n’en est pas encore là », rassure l’animatrice.

Photo Le DL/Emmanuelle Duffeal
Photo Le DL/Emmanuelle Duffeal
Au lac du Crozet, le bivouac en hausse

Au lac du Crozet, sur les hauteurs de Freydières, dernier hameau perché de Revel, la baignade est désormais interdite et le bivouac réglementé dans ce site classé Natura 2000. Les capteurs ici ont recensé jusqu’à 74 000 passages entre mai et novembre 2023.

Le Crozet, ce n’est pas le lac Achard en termes de surtourisme, mais cette pépite naturelle par sa couleur attire de plus en plus de monde. Le lac du Crozet, c’est la randonnée par excellence au-dessus des nuages avec son bassin déversant sur la vallée avec vue imprenable sur la Chartreuse. Et un décor à posts Instagram, expliquant une hausse de sa fréquentation au cours de ces dernières années.

« L’effet Covid a accru son affluence », soulève Lucie Bezombes, animatrice Natura 2000, depuis 2021, en charge de la prévention de ce site de 2660 hectares de la Pra jusqu’à Freydane en passant par la Croix de Chamrousse. Mercredi, dans le cadre d’une opération de sensibilisation, avec deux gendarmes de la brigade de Saint-Martin-d’Uriage, elle est allée à la rencontre des randonneurs et campeurs afin de leur rappeler les règles de bonne conduite en montagne.

Ici, le bivouac est toléré de 19 h à 9 h. Et à son arrivée une tente n’avait pas été démontée alors qu’il était 10 h 30. Par contre, plus haut, aux lacs Claret et Merlat et dans la plaine de la Pra, du fait de la présence des troupeaux du 14 juillet au 31 août, il est interdit. Une tente sans personne au col de La Pra a été retrouvée. « Une pratique encore trop courante malgré nos interventions », insiste l’animatrice. « On constate de plus en plus de bivouacs en montagne.

La majorité des campeurs a de bons comportements, mais il reste des gens qui ont une conscience et une expérience limitées de la montagne. Ils pensent être au camping alors qu’il faut rester discret pour ne pas déranger la faune ».

Bilan, au Crozet, on retrouve encore trop de places de feu, avec des branches coupées. Lucie, chaque fois qu’elle monte, les referme, pour dissuader les randonneurs et les fêtards de faire des feux. « C’est interdit ». Mercredi, aucune contravention n’a été dressée mais en août, les gendarmes pourraient sévir.

Article issu du Dauphiné Libéré

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