Hiver 2025/2026 : à quoi s’attendent les stations de ski ?

La tendance s’affirme d’année en année. Les réservations pour les séjours à la montagne ont encore pris un mois d’avance. Désormais, dès le mois de juin les amateurs de sports d’hiver « bookent » en masse leur séjour. « Pour la semaine du Nouvel An, il n’y a déjà plus rien à vendre », ironise à peine Denis Maurer, patron du cabinet G2A, basé en Savoie.

Ce vendredi, l’agence qui suit 90 % du marché livrait son oracle de la saison à venir. « Les points saillants sont sociétaux. S’il y a une stabilisation relative des conséquences de l’inflation, par contre apparaît clairement une crainte sur l’instabilité politique. On constate depuis une semaine, un léger blocage, même s’il est difficile de dire si c’est lié au triple gouvernement en huit jours. »

Stations en hausse, budgets en baisse

À début octobre, les massifs enregistrent un taux d’occupation global en avance de 2 points par rapport à l’an dernier (+6%). Un gain qui concerne aussi bien les grands domaines d’altitude que les stations de charme, même si les premières sont davantage remplies. Et G2A anticipe une croissance des nuitées de 0,2 % de novembre à avril. Un peu plus de Français sont sûrs de partir cet hiver (5 sur 10), principalement en montagne mais la mer frémit, notamment sur la fin de saison, et la tentation d’aller à l’étranger augmente.

Il y a encore 3 Français sur 10 qui hésitent. Une réserve à séduire, à condition de lever le principal frein pour les trois quarts d’entre eux, d’ordre financier. « Une part qui tend tout de même à diminuer depuis deux ans ». Sur une décennie, la montagne s’est haussée du col, avec une hausse de 33 % du prix des forfaits, et même +37 % pour une semaine en résidence de tourisme -la crise de l’énergie étant passée par là- quand l’inflation fut de 19 %.

Le Tignard Gilles Revial, fondateur de G2A, évoque la « premiumisation de l’offre ». Aussi, l’inquiétude économique et la situation du pays incitent 53 % des Français interrogés par G2A à la prudence. L’aléa climatique et l’incertitude quant à l’enneigement constituent évidemment l’autre paramètre clé de la saison.

Noël en altitude

Pour l’heure, chez les partants, les fidèles seront encore plus assidus cet hiver, les Savoie constituant la destination privilégiée (47 %) devant les Pyrénées (19 %), les Alpes du sud (16 %) et l’Isère (7 %). Le ski demeure le principal attrait mais la randonnée progresse notamment sur Noël où l’expérience, les visites culturelles et la gastronomie semblent même devancer l’envie de glisse.

Des fêtes de fin d’année qui seront les stars de la saison. Avec Noël un jeudi, le calendrier est idéal. Le(s) réveillon(s) en altitude, un standard bien établi. Depuis 2019 les nuitées sur la période ont bondi de 8 % dans les grands domaines et de 15 % dans les stations de charme. Une croissance tirée par les étrangers et qui s’applique encore plus à la semaine du Nouvel An, la plus chère de la saison. Les taux d’occupation ont gagné +7,1 points pour une hausse prévisionnelle des nuitées +2,9 %.

L’intersaison patine

Et l’intersaison de janvier s’inscrit dans la lignée des fêtes. Ou en prélude des vacances d’hiver. Car les étrangers délaissent mars et de plus en plus de Français sont prêts à faire craquer l’école aux gamins, jugeant février trop cher. C’était une période calme, la voilà qui en six ans a gagné près de 20 % de nuitées dans les grands domaines et pèse désormais plus du quart de la saison, au détriment de mars. Un succès qui peut en partie expliquer l’érosion de février 2026.

Les vacances d’hiver constituent le gros bémol de la saison à venir. La première explication tient au calendrier scolaire, avec les deux zones de proximités, la A (Grenoble pour les Alpes), et la C (Toulouse pour les Pyrénées) étant isolées, aux deux extrémités, quand les deux semaines centrales avec les étrangers font le plein. G2A table sur un recul de 4,2 % des nuitées sur ces vacances.

Avis aux amateurs, les prix pourraient être donc avantageux sur les première et quatrième semaines de la période. Pour ce qui est de la fin de saison, elle s’annonce mieux cette année même si le déclin de mars et la marginalisation des vacances de printemps sont des tendances de fond. Le sujet de sa valorisation reste entier.

Relancer les fins de saisons

Une hirondelle ne fait pas le printemps. Et les relatifs bons chiffres prévisionnels en 2026 de l’intersaison de mars (+2 % de nuitées) voire des vacances de Pâques, la fête tombant début avril (-0,4 %), sont à contextualiser. Depuis 2019, l’intervacances a perdu 15 % de fréquentation dans la station de charme et son poids dans la saison recule de dix points.

Quant aux vacances de printemps, la chute est vertigineuse : -42,5 % de nuitées dans les stations de charme, -3,5 % dans les grands domaines. L’enneigement dégradé étant le premier facteur de baisse, même si, à haute altitude, c’est parfois une idée reçue ancrée dans l’imaginaire collectif. Viennent ensuite le pouvoir d’achat et le calendrier. Les Anglais en vacances fin mars cette année, feront du bien.

La mer attire

Les stations doivent faire face aussi à une recomposition des habitudes, de plus en plus de Français étant tentés par la mer à cette saison, meilleur marché qu’en été. Les acteurs semblent avoir tout tenté pour vanter les atouts de la fin de saison que les fidèles connaissent : enneigement encore satisfaisant pour les grands domaines, ambiance calme et tarifs attractifs.

Tout, vraiment ? Les clientèles à séduire demandent des prix encore plus bas, des activités et des commerces ouverts…

Bref des bons plans. Cette année davantage d’hébergeurs adapteront leur offre, sur les tarifs ou la flexibilité des séjours. Pour G2A il y a un potentiel à conquérir. Directeur de Tignes Développement, Frédéric Porte, estime qu’il faut communiquer en amont sur les atouts de la période : « Fixer des jalons dès le début de saison, mettre en avant les qualités du produit. Et se différencier le plus possible sur l’offre d’événementielle. »

La station savoyarde a ainsi développé les séjours spring break et s’appuie sur un festival, Tignes Unlimited, à destination des jeunes. Allant jusqu’à affréter un train Eurostar de Lille pour aller les chercher. Sur mars, les Portes du soleil avec Rock The Pistes, et l’Alpe d’Huez, avec Tomorrowland ont exploré le créneau.

Pour les hébergeurs la baisse des prix n’est pas sans limites, selon Bruno Clément, patron de MMV, deuxième groupe hôtelier des Alpes. « Nous sommes dans une industrie qui exige des investissements lourds, avec des charges fixes importantes. Et il faut que les prix puissent trouver un juste équilibre, sinon le risque serait de devoir fermer plus tôt » Et d’insister sur les atouts différenciés par rapport à la mer, « la montagne aussi a du soleil au printemps », appelant à une communication collective sur le sujet.

Article issu du Dauphiné Libéré

Découvrez nos lectures liées
Restez informé, suivez le meilleur de la montagne sur vos réseaux sociaux
Réserver vos séjours :
hébergements, cours de ski, forfaits, matériel...

Dernières actus