Un youtubeur qui gravit l’Everest. Un Ardéchois devenu guide de haute montagne. Ni l’un, ni l’autre n’étaient prédestinés à réaliser une telle aventure. Inoxtag et Mathis Dumas ont gravi ensemble le toit du Monde avec une détermination commune. Pour l’un comme pour l’autre, rien n’était gagné d’avance.
Le premier est né sur internet en diffusant des vidéos Youtube où il joue au jeu vidéo Fortnite. Il y a un an, il décide de se lancer un défi : gravir l’Everest, le plus haut sommet du Monde. Le second est né à Privas, en Ardèche, loin des sommets d’alpinisme. Le plus haut, c’est le Mézenc qui culmine à 1 754 mètres d’altitude. Le 21 mai 2024, Mathis Dumas a gravi plus de 5 fois ça avec le youtubeur aux 8 millions d’abonnés.
« Nous sommes restés entre 45 minutes et 1 heure au sommet »
« La météo était incroyable ce jour-là. Il faisait grand beau. Nous sommes restés entre 45 minutes et 1 heure au sommet. Au départ, c’est un soulagement, un sentiment d’accomplissement énorme puis après, la concentration revient parce qu’on a fait que la moitié du chemin. La descente est longue et dangereuse. Le véritable sommet, c’est l’arrivée au camp de base, quand on a été hors de danger », raconte le Privadois.
Le film de leur ascension, baptisé « Kaizen, un an pour gravir l’Everest », est accessible sur la chaîne Youtube d’Inoxtag. « La performance d’Inox est extraordinaire. Il a réussi en moins d’un an. Il ne connaissait rien à la montagne. Il a fait preuve de beaucoup de dévouement et d’implication et en plus, il est doué donc pour moi, ça a été un régal ».
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« Accepter les risques, se préparer à souffrir »
À raison d’une semaine par mois, les deux compères ont travaillé. « La préparation est technique, physique et mentale. Il faut accepter les risques, se préparer à souffrir. » Mathis Dumas sait ce que c’est. Il a fait des sacrifices pour devenir guide de haute montagne. Il a quitté ses parents et son Ardèche natale à 14 ans, à la fin du collège. Il part au lycée à Saint-Michel-de-Maurienne pour passer un bac professionnel en maintenance industrielle dédiée aux remontées mécaniques, puis un BTS en alternance dans cette même spécialité au sein de la Compagnie du Mont-Blanc qui exploite les domaines skiables et les remontées mécaniques de la vallée de Chamonix.
« La montagne m’attirait énormément. J’allais au ski avec mes parents une semaine par an mais je voulais plus. J’avais envie d’être dehors tout le temps. » Il poursuit à l’école nationale des sports de montagne. Il devient guide de haute montagne en 2019. « Je ne savais même pas que ce métier existait. Je ne connaissais rien, ni personne dans le milieu de la montagne. Je n’avais pas les codes. » L’Ardéchois qui est installé à Chamonix a trouvé sa place.
Un youtubeur à l’Everest, ça a fait polémique dans le milieu de la montagne. « Moi aussi, ça m’a fait peur au début. Mais ensuite, j’ai compris qu’Inoxtag avait à cœur de faire les choses bien, correctement, dans l’ordre. » Le professionnel assure que son client, Inès Benazzouz de son vrai nom, n’était pas à la recherche du buzz. « Déjà au début, on n’a même pas parlé de l’Everest. On s’est concentré sur les Alpes. Je ne voulais pas qu’il grimpe des sommets aux quatre coins du Monde. L’idée était de ne pas polluer à outrance. »
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« On devait avoir confiance à 100 % l’un dans l’autre »
Ensemble, ils grimpent la Dent du Géant (4 013 mètres), le Mont Blanc (4 807 mètres) et le Cervin (4 478 mètres). « Pour aller au niveau supérieur, il devait passer des niveaux. Ça lui a plu comme il vient du gaming. » La première vidéo issue de ces aventures a été vue plus de 8,7 millions de fois. Le temps tisse un lien entre les deux hommes. « On devait avoir confiance à 100 % l’un dans l’autre. Sa vie était parfois entre mes mains. Puis j’ai mis la mienne entre les siennes. »
L’Ardéchois de 30 ans et le jeune de région parisienne étaient faits pour se rencontrer. Le guide est aussi passionné de photos. Il est connu pour ses images magnifiques faites en montagne. « Au début je faisais ça pour documenter mes sorties pour mes parents parce qu’ils ne se rendaient pas trop compte… Puis j’ai commencé à travailler avec des marques. »
Cette fois, il a réalisé des vidéos pour alimenter le film d’Inoxtag. « C’est beaucoup d’organisation et du stress. Je dois assurer la sécurité et penser aux meilleurs points de vue. C’est pour cela qu’il m’a choisi. Je savais quelle course faire, quelle montagne gravir pour avoir ce qu’il faut visuellement. Je comprends les besoins d’une équipe de production. »
« Un nez qui coule peut ruiner l’ascension »
Le sommet himalayen était une première pour lui aussi. « L’expédition dure deux mois. Un mois d’acclimatation et un mois où on se prépare à monter. On dort en tente par -10 ou – 20. C’est difficile physiquement mais c’est surtout éprouvant mentalement. Il ne faut surtout pas tomber malade. Un nez qui coule peut ruiner l’ascension. Il faut faire attention à ce que l’on mange… Rester à cette altitude demande beaucoup d’énergie au corps. On doit toujours être prêt mais on ne sait pas quand la fenêtre météo nous permettra de monter. On s’est transmis plein de valeurs. Je l’ai vu grandir, évoluer. »
Les images spectaculaires vont peut-être donner envie à des millions de jeunes derrière leurs écrans alors même que des bouchons d’alpinistes se forment sur toit du Monde, victime de surfréquentation.
« Le but ce n’est pas d’encourager à monter l’Everest. Le message c’est d’aller explorer, de se dépasser. Inès vient des jeux vidéo et incite les jeunes à sortir. Chacun peut trouver son Everest à côté de chez lui », prévient Mathis Dumas. « Si tout le monde faisait l’Everest comme Inoxtag l’a fait. Il n’y aurait pas de problème. »
Article issu du Dauphiné Libéré