Le chantier est, pour le moment, à l’arrêt sur le gros éperon rocheux dominant le glacier de La Girose, à La Grave. « Mais on n’est pas venus parler du troisième tronçon du téléphérique… » Du moins, pas vraiment ; ou si peu. « On préfère parler du potentiel existant à 3 200 mètres », pointe Fiona Mille, la présidente de Mountain Wilderness, en désignant la gare d’arrivée des téléphériques des Glaciers de La Meije, au col des Ruillans.
Dimanche 4 août en matinée, elle est accompagnée de Marion Poitevin. Secouriste de la CRS Alpes et guide de haute montagne, elle est également membre du collectif La Grave autrement. Celui-ci, avec Mountain Wilderness et d’autres associations, est opposé au projet de construction d’un téléphérique par la Société d’aménagement touristique de La Grave (SATG, filiale de Sata Group) conduisant au dôme de la Lauze, à 3 650 mètres d’altitude.
« Avoir des réflexions entre tous les acteurs pour préserver et valoriser le glacier »
L’objectif du jour affiché : faire de l’opposition par la proposition. « Le glacier existe toujours, il est beau, et c’est le seul accessible à tout un chacun en France, rappelle Fiona Mille. On veut pouvoir proposer une alternative au T3 [tronçon trois, NDLR], en valorisant tout le potentiel du T2. Pourquoi ne pas faire appel à l’humain ? » Et d’évoquer des médiateurs scientifiques, des guides, des glaciologues pour « faire découvrir le rôle de ce glacier », de penser à un refuge au col des Ruillans : « De quoi permettre aux deux premiers tronçons de vivre toute l’année. »
Le tout, selon Marion Poitevin, est d’être assis à la table des discussions. « On ne prétend pas avoir LA solution pour la Girose, dit-elle. Mais il est bon d’avoir des réflexions entre tous les acteurs pour préserver et valoriser le glacier. »
Une célèbre glaciologue entre dans la boucle
Toutes deux, ce dimanche, souhaitaient s’appuyer sur le regard d’une glaciologue. En l’occurrence Heïdi Sevestre, membre de l’Amap, le programme de surveillance et d’évaluation de l’Arctique. « On s’inscrit entre le monde scientifique et politique, décrit-elle. Pour faire en sorte que la science soit un outil de décision. » Convaincue que la France « prend à bras-le-corps la préservation de la cryosphère », notamment après l’organisation du One Planet – Polar Summit en novembre 2023 ; elle l’est aussi sur « une société civile force de proposition » pour la valorisation et une sensibilisation des glaciers sans de nouvelles infrastructures.
Une petite opération de communication, avec photos et vidéos sur la Girose, en attendant les prochaines échéances judiciaires et de chantier. Difficile de savoir, cependant, si celle-ci aboutira à un réchauffement des relations avec le porteur de projet et la commune.
Article issu du Dauphiné Libéré