Quand on rencontre Dominique Hennequin pour la première fois, on est immédiatement séduit par sa gouaille. Par son sourire. Par ses faux airs d’Anthony Hopkins. Puis ce sont ses connaissances en météorologie qui impressionnent. Hygrométrie, vitesse du vent, pression atmosphérique… rien de tout cela n’a de secret pour lui. C’est même, de son propre aveu, « une passion dévorante ». Voire un peu plus.
En effet, le septuagénaire, électromécanicien de formation, est diplômé en la matière. Un sésame acquis de haute volée (19,5/20 à l’examen) qui, combiné à une expérience solide, lui permet de travailler régulièrement pour le cinéma, de donner des conférences aux quatre coins de la région ou encore de servir de “routeur” météo à des alpinistes de renom.
Une collaboration inattendue
Dernièrement, c’est à un certain Inoxtag qu’il a prêté main-forte. Lors de son ascension de l’Everest en mai dernier , le youtubeur et Mathis Dumas, son guide ardéchois , se sont en effet appuyés sur un triptyque original pour éviter les tempêtes et déterminer le meilleur calendrier qui soit afin d’atteindre le sommet. Un triptyque composé de sherpas locaux, d’une agence suisse et donc de Dominique Hennequin, qui leur a fourni des prévisions depuis son bureau situé chez lui, au Sappey, à deux pas de Cruseilles.
« Cette aventure, elle est incroyable », raconte aujourd’hui le principal intéressé, à qui on a demandé d’être discret sur le sujet pendant de longues semaines pour ne pas éventer la surprise. « En mai dernier, un collègue de Chamonix, débordé, me contacte en me disant qu’un alpiniste cherche un routeur pour l’Everest au pied levé. Qu’il s’appelle “Inox” et qu’il a commencé la grimpe il y a un an. À l’époque, je ne sais pas du tout qui est ce mec, mais son idée me branche bien, et je dis Ok ! »
Pour tout comprendre à cette aventure, on vous renvoie vers ces 2 articles :
« Dominique nous a apporté un sacré coup de main »
Depuis sa « grotte », comme il l’appelle, le Haut-Savoyard va, pendant les dix jours les plus cruciaux de l’expédition, être en lien étroit avec les deux protagonistes de l’exploit. Via WhatsApp ou par liaison satellite, il va leur conseiller, grâce à des modèles déterminés derrière ses écrans et de savants calculs, de rallier le toit du monde le 19, le 20 ou le 21 mai. « Finalement, ils le feront le 21, dans la fenêtre que je leur avais indiquée, et tout se passera bien pour eux », souffle Dominique Hennequin, l’œil brillant, pas peu fier de sa contribution.
Mathis Dumas, lui aussi, se félicite a posteriori de cette coopération. « Pour nous, et compte tenu de la météo complexe à cette période de l’année sur l’Everest, la triangulation des informations, c’était l’option la plus pertinente sur le papier et Dominique nous a apporté un sacré coup de main à ce niveau-là », assure le jeune homme. « Au final, reprend-il, la synthèse qu’on faisait des trois avis s’est révélée assez précieuse. »
Une fierté
Maintenant que Kaizen, le documentaire d’Inoxtag consacré à cet exploit , est sorti, Dominique Hennequin est retourné à son quotidien de météorologue, là-haut, dans sa montagne du Sappey. Mais il n’est plus tout à fait le même. « Ce qu’il a fait le gamin, c’est vraiment pas mal : il a donné à son rêve une dimension physique, esthétique et spirituelle. Et rien que pour ça, je suis content de l’avoir aidé. »
Article issu du Dauphiné Libéré