Le stationnement payant était au cœur du conseil municipal des Deux Alpes, début octobre. Le dossier phare a très vite été abordé puisque l’opposition avait posé trois questions écrites sur les coûts engagés.
Un sujet qui fait débat
Après le vote des premières délibérations, Stéphane Galland, conseiller municipal d’opposition, a demandé au maire qui était la personne prenant des notes dans un coin de la salle. « J’ai souhaité faire appel à un huissier, a expliqué Stéphane Sauvebois. J’ai vu des choses qui m’ont fortement déplu sur les réseaux ». Par précaution, pour le bon déroulement de la séance, il avait demandé sa présence. « C’est un prêté pour un rendu », a ajouté Xavier Sillon, adjoint, évoquant un enregistrement caché. « L’enregistrement est légal », a répondu M. Galland. « Le mieux est qu’on soit prévenu ». Ambiance…
Le règlement des stationnements de voirie payant a ensuite été présenté avec ses zones. Il s’applique à tous les particuliers et professionnels, résidents et non-résidents, mais certaines catégories (secours, professions socio-médicales… ) disposent de la gratuité. Trois votes contre de l’opposition.
Agnès Argentier, conseillère d’opposition, a évoqué la rue du Ser palor qui ne rentre pas dans le domaine public. Par son statut, « plein de gens vont aller se garer là-bas ». La mairie a en effet repéré quelques rues dans ce cas et va aller voir les propriétaires pour une rétrocession. « Le préalable aurait été de faire des parkings de substitution et légaux », a lancé Mme Argentier. Une « accusation » sous-entendue qu’a relevée le maire.
- Parking des Glaciers : tout frais confondus (études, travaux espaces verts, sanitaires…), l’investissement est de 1 061 907 € TTC.
- Avenue de la Muzelle : les coûts engendrés provisoires sont de 65 400 €. Le coût moyen estimé d’un horodateur avec pose est de 4 000 €, mais la confidentialité de la procédure ne permet pas de donner un montant global pour le moment.
- Politique de stationnement : les recettes attendues sont de 2,3 M€. Pour les charges, les procédures de DSP (délégation de service public), aussi bien pour les navettes que les horodateurs étant en cours, la confidentialité s’imposait. À noter qu’il n’y aura pas d’augmentation des charges de personnel.
Tous les détails des zones et tarifs sur le site de la mairie des Deux Alpes.
« On va forcément trouver de la place »
Quoi qu’il en soit, c’est un changement de pratique qui est enclenché, est intervenu Michel Martin, conseiller : « Est-ce qu’on est capable de se dire que la voiture est moins reine et que l’on va utiliser les navettes ? ». Le maire n’est pas inquiet : « On va forcément trouver de la place. Plusieurs copropriétés ont des parkings inutilisés. On va récupérer un potentiel ». Il donnait rendez-vous à la fin de l’hiver pour un bilan. « Est-ce qu’on reviendra en arrière si ce n’est pas probant ? », a questionné Cécile Neyraud, conseillère d’opposition. « Sur la gratuité non, mais sur des aménagements améliorés, oui », a certifié le maire.
Avant que les tarifs des parkings ne soient votés (un contre, une abstention), M. Galland avait encore des remarques sur l’impact de cette mesure, qui va faire « fuir les vacanciers ». « Le stationnement est un point de détail dans le budget des vacanciers », a tranché M. Sillon. Au regard des tarifs de locations, du renouveau du domaine avec le 3S, « je n’ai pas l’ombre d’un doute sur le remplissage ». Très confiant sur l’avenir également, Stéphane Sauvebois a résumé la situation en quelques mots : « Ceux que cette mesure dérange le plus, ce sont les locaux ! ».
Les particuliers et professionnels résidents privilégiés
Sur la question des abonnements et tarifs de stationnement, ils « privilégient les particuliers et professionnels résidents », a mis en avant le maire : 35 €/mois en cœur de station contre 45 € pour les non-résidents, par exemple.
M. Galland a insisté sur les difficultés de livraison, liées à la taille des places et aux horaires contraints. Pas d’inquiétudes pour M. Sillon : « On a modifié le marquage au sol et pris en compte la longueur avec transpalette. ». Le maire a rappelé que l’arrêté sur les horaires de livraison avait été pris entre 2014 et 2020. « Les transporteurs avaient été avertis par courrier. Il y aura une période de prévention mais ceux qui ne respectent pas se verront verbalisés. À un moment donné, c’est notre clientèle qu’on pénalise » quand tout est bloqué dans la station.
L’opposition est aussi revenue à la charge sur les bus, « qui vont prendre des places dans la station », et des vacanciers qui n’arriveront pas à se garer… Le cabinet Indigo a en effet pointé que 50 % de places de la Muzelle sont bloquées par des vacanciers restant à la semaine, « d’où les tarifs attractifs pour qu’ils se garent en entrée de station ».
Aussi impopulaire soit-elle, la décision de basculer vers un stationnement payant sur la commune est assumée par l’équipe municipale. Les explications du maire de la commune Stéphane Sauvebois.
Pour quelles raisons mettez-vous en place dès cette saison le stationnement payant ?
« Il y en a plusieurs. La première, c’est l’environnement. Cela fait plus de 40 ans qu’on se plaint de la pollution visuelle avec des voitures stationnées dans tous les sens, des décennies que les gens trouvent que la station est polluée avec beaucoup de voitures qui circulent pour de courts trajets. On veut les éliminer et on compense par un nouveau service de transports en commun urbain avec plus de fréquence. En restructurant l’avenue de la Muzelle, on perd des places mais qui sont compensées par le parking des Glaciers. On peut comprendre que c’est une mesure impopulaire mais elle est indispensable. On ne peut pas demander aux élus de se battre contre le réchauffement climatique et, quand on essaye, dire : “C’est n’importe quoi”. L’équipe et moi, nous œuvrons, à notre échelle, en ce sens. On ne peut plus penser qu’à soi-même. »
L’objectif est-il aussi financier ?
« Oui. Les gens veulent des piscines-patinoires, des maisons médicales, des centres de loisirs, des parkings… On veut, on veut, on veut… Mais cela a un coût. Sans recettes supplémentaires, il faudrait des décennies pour tout faire. Je suis tout à fait contre une augmentation des impôts car ils sont déjà très élevés. Il faut donc trouver des recettes nouvelles qui peuvent passer par le stationnement payant. 95 % des sommes perçues seront d’ailleurs issues du tourisme. L’enveloppe attendue est de 2,5M€ par an, qui financeront une partie de nos projets mais aussi le service de transports en commun. »
Que répondez-vous aux critiques sur le manque de places ?
« Avec le stationnement non plus en épi mais en parallèle sur l’avenue de la Muzelle, on en perd 110. Parallèlement, avec le parking des Glaciers de 300 places, on en a 190 en plus. Je rappelle qu’on a acheté le terrain en juillet. On a préempté car cela devait être une résidence de tourisme de plus de 1 000 lits, une énième ; or, nous ne voulons pas bétonner. Entre le terrain et l’aménagement, ce parking coûte 6,8 M€ au total. Si on avait dû faire 300 places à la Passerelle ou sur Côte Brune, le coût aurait été de 18 M€ l’un ! ».
Beaucoup d’interrogations s’expriment également sur le coût et le fonctionnement prévus…
« Chacun se positionne dans son cas de figure. Ceux qui ne disposent pas de place privée choisissent une des trois zones de voirie définies pour se garer sur la voirie. Si on choisit la zone 1, on ne pourra pas stationner en zone 2. Le coût est de 150 € par an soit 12,5 € par mois mais il y a différentes formules, notamment pour les socioprofessionnels : une tarification le samedi par exemple ou ambulant (qui permet de se garer sur les trois zones). Sans oublier les parkings. Le stationnement gratuit était tenu pour acquis. Il faut savoir évoluer. Sur ce point, la mairie va accompagner ses salariés. Sata Group réfléchit aussi au financement du stationnement de ses employés. L’employeur doit aider. Les loueurs doivent intégrer ce volet dans leur prix. »
Quand débutera le stationnement payant ?
« Le 1er décembre 2024. On va accompagner cette mesure. Il y aura certainement des cas particuliers et on s’engage sur des réglages. Les équipes administratives travaillent dessus depuis février, ainsi que le bureau d’études. Ce n’est pas une mesure de dernière minute. Déjà en 2008, on en parlait. En 2014, on en a reparlé. En 2020, mon prédécesseur voulait le mettre en place ; mon opposition était dans l’équipe ! Nous, on le fait. »
Article issu du Dauphiné Libéré