« C’était la pire journée terrain de ma vie ! », se rappelle avec le sourire Stéphanie Huc, écologue au Conservatoire botanique national alpin, basé à Gap. En novembre dernier, malgré le vent, la pluie et même la neige, une équipe de scientifiques ont semé des dizaines de milliers de graines au sommet du mont Ventoux.
Le Ventoux comparé au Pôle Nord
L’idée peut paraître farfelue mais l’objectif est de revégétaliser la plateforme des Tempêtes, ancien site militaire démantelé il y a 20 ans. N’imaginez pas de grands arbres mais des espèces pionnières, parfois endémiques, qui sont les seules à pouvoir s’adapter à des conditions extrêmes. Au milieu de ce pierrier plat, on distingue à la loupe des jeunes pousses qui tentent leur chance.
À cette altitude, autour des 1 900 mètres, les observateurs comparent le terrain « au Pôle Nord, les plantes sont forcées de se blottir contre les pierres pour se protéger et ne grandiront guère pour éviter de se briser ».
Instrument de mesure et inventaire en main, un binôme de botanistes met en place des zones de suivi et fait les premiers relevés. « Il y a moins de 1 % de pousse mais on s’y attendait. C’est important de mesurer dès maintenant. »
« Comme une île alpine au milieu de la plaine méditerranéenne »
Ils reviendront l’an prochain mais aussi les 3, 5 et 10e années pour voir fleurir ce projet environnemental, réalisé en partenariat avec le Parc naturel régional du mont Ventoux. « On est parti d’un état zéro et en regardant de très près, ça pousse déjà, preuve de la résilience de ces espèces », indique Baptiste Montesinos, référent Natura 2000 au Parc.
Les premiers résultats, bien que microscopiques, sont encourageants : « On a accepté le challenge et le Ventoux peut devenir une vitrine, un site pilote. C’est comme une île alpine au milieu de la plaine méditerranéenne », analysent les scientifiques. Restera à comparer la zone ensemencée avec l’écosystème de référence. Pour voir l’impact réel ou non des mains vertes !
Article issu du Dauphiné Libéré