« En 6 mois, on a réussi à rendre opérationnel des logements saisonniers, qui prennent habituellement 5 ans à construire », souligne Franck Capuçon, chargé de la mission habitat au Syndicat intercommunal de la Grande Plagne (SIGP). L’opportunité d’acheter des studios appartenant à une entreprise de locations de vacances, situés en front de neige de La Plagne-Soleil, s’est présentée au printemps dernier. La municipalité n’a pas hésité à débourser 6 millions d’euros pour un lot de 62 appartements, nécessitant des rénovations mineures.
Pour acquérir ces biens très prisés, le maire Jean-Luc Boch, a saisi son droit de préemption, en faisant valoir l’intérêt public. « C’est une bouffée d’oxygène, car on sait que pendant dix semaines par an, le marché de l’immobilier pour nos 3000 saisonniers est très tendu », affirme le chargé de mission, dont le poste a été créé en février dernier. Un rapport interne constitué en 2019, avait démontré qu’il manquait environ une centaine de lits. Le domaine de La Plagne dénombre 370 logements saisonniers répartis sur huit résidences.
« Il est possible que nous manquions encore un peu de lits »
Un nouveau diagnostic est prévu au premier semestre 2024 pour faire l’état des lieux des capacités d’accueil des infrastructures existantes. « Il est possible que nous manquions encore un peu de lits », reconnaît le professionnel, qui s’occupe également de la rénovation de l’immobilier touristique. Les stations mobilisent tous leurs moyens pour proposer à des acteurs indispensables au fonctionnement de la station, des logements décents, modernes et autonomes. Des conditions qui ont pu faire défaut par le passé.
Le bien-être des saisonniers au cœur de la nouvelle stratégie
La prise de conscience de l’urgence s’est produite après le Covid, une période où il a été difficile de recruter des saisonniers. Pour relancer la dynamique, il fallait créer les meilleures conditions économiques et logistiques en matière de logement. « On leur retire cette préoccupation avec des loyers abordables qui n’amputent pas la moitié de leur salaire, comme ça pouvait être le cas auparavant », rappelle Franck Capuçon. À l’intérieur de la résidence Cervin, un travailleur occasionnel peut vivre en autonomie avec sa propre cuisine et sa salle de bains, dans une surface décente. « 30 ans en arrière, on en mettait trois dans 16 mètres carrés, avec WC et douche partagés », se remémore le natif de Tarentaise. Ces aménagements pourraient permettre à la station de fidéliser ses saisonniers et d’en attirer d’autres via le bouche-à-oreille.
Sur ce cas précis, la municipalité a mis la main à la pâte mais incite également les employeurs à trouver des solutions à l’avenir. « Même si nous savons que pour les socioprofessionnels fraîchement arrivés, il est difficile d’acquérir ou de louer des studios », constate le chargé de mission. L’immeuble a également pour vocation de mélanger des saisonniers employés par la mairie et ceux qui travaillent pour le compte des commerçants. Les employeurs sont appelés à leurs responsabilités dans leur choix de saisonniers puisque l’autre moitié de la résidence reste la propriété d’une entreprise de locations pour touristes.
Article issu du Dauphiné Libéré