Ils s’élancent entre le bois de Saint-Hippolyte et la Côte névachaise, traversant la route départementale 1T à plusieurs dizaines de mètres de hauteur, au col de l’Échelle à Névache.
« Cette ligne est symbolique »
La slackline est tendue sur 500 mètres. « Cette ligne est symbolique », apprécie Michel Rousseau, membre de l’association Tous migrants dont les banderoles ont été suspendues dans les airs.
Impossible, pour le bénévole, de faire fi de ce qu’a été, durant plusieurs années, ce col : un lieu de passage dangereux entre l’Italie et Briançon pour les personnes migrantes. Impossible d’oublier également que d’autres, le temps d’un week-end en avril 2018, avaient eux aussi tracé une ligne à cet endroit.
Ces 11 et 12 septembre, le col de l’Échelle n’a pas été le terrain de jeux des doudounes bleues de Génération identitaire (groupuscule d’ultra-droite dissous en 2021). Mais de pratiquants de highline – de la slackline très en hauteur – et de trois co-réalisatrices : Alicia Cenci, ainsi que Coline et Charlotte Ballet-Baz. Le trio souhaitant capter des images pour leur projet Passages.
Mélanger le milieu sportif de la montagne et celui de la solidarité
« C’est un projet sur deux ans », décrit Coline Ballet-Baz. Ancienne membre de l’équipe de France de slopestyle, elle se consacre au freeride et aux films depuis 2019. « Étant à Grenoble, je viens régulièrement dans le Briançonnais pour skier. Et, il y a quelques années, je suis venue à Briançon pour donner des vêtements avec Riders for refugees et, avec une amie, je suis revenue faire des maraudes et du bénévolat au Refuge solidaire », relate-t-elle.
De ces expériences, elle tire un constat : le milieu sportif de la montagne et celui de la solidarité envers les personnes migrantes ne se mélangent pas ou très peu.
« Provoquer une prise de conscience »
Ainsi est né le projet Passages, avec sa sœur Charlotte Ballet-Baz, réalisatrice de documentaires elle aussi, et Alicia Cenci, réalisatrice de Didi sur la freerideuse Marion Haerty, lors duquel elles se sont rencontrées. Un film souhaitant mettre en perspective deux réalités – le sport et la migration – dans un même espace, la montagne. « On souhaite toucher, provoquer une prise de conscience, auprès d’un public consommateur de films de ski et pas forcément au fait de certaines problématiques en montagne », estime Alicia Cenci.
Le point d’orgue du tournage de Passages est prévu cet hiver avec une traversée entre l’Italie et la France à ski de randonnée via les itinéraires empruntés par les personnes exilées. La sortie du film est prévue pour l’automne 2025. « Mais un premier court-métrage dédié à la prise de conscience du milieu sportif est prévu prochainement », précise Coline Ballet-Baz.
Article issu du Dauphiné Libéré