Projet Parker, optimisation des remontées… : quel avenir pour Villard-de-Lans ?

« Il est loin, le temps où l’on appelait les frères Huillier pour régler la situation du domaine skiable. » Tout a changé depuis 2019, année où ceux qui portaient à bout de bras la station de Villard/Corrençon l’ont vendue à la société Infinity Nine Mountain de Tony Parker. Auraient-ils eu la solution miracle pour donner un nouveau souffle au poumon économique villardien, mis à mal par le réchauffement climatique ? Difficile à dire tant il est compliqué de savoir ce que deviendront les stations de moyenne montagne d’ici 30 à 40 ans.

Tony Parker. Photo Le DL/Benoît Lagneux
Tony Parker. Photo Le DL/Benoît Lagneux

« Il est hors de question de le fermer »

« Même si c’est un défi important, j’en suis persuadée, ce domaine à un avenir, a affirmé Véronique Beaudoing, première adjointe à Villard-de-Lans. On est ici, ce soir, pour l’organiser avec cette certitude : il est hors de question de le fermer. »

Devant une assemblée de Villardiens venue débattre, le 24 juin, de l’avenir de leur station alors que la délégation de service public (DSP) prendra fin le 15 juin 2026, elle a rappelé que tout n’était pas entre leurs mains. « Ce ne sont pas que les élus qui doivent décider des 25 à 30 ans qui arrivent. » D’autant plus qu’à travers sa station, c’est aussi l’avenir de Villard qui est jeu : « Le ski alpin est le pilier majeur de notre économie touristique et donc, de notre économie globale, a souligné Bruno Dussert, adjoint au tourisme. Villard, ne serait pas Villard sans sa station. »

Une concertation publique ouverte

Pour ne pas être seule à porter ce lourd débat, la majorité municipale a donc fait le choix d’ouvrir une concertation publique sur le renouvellement du cahier des charges de cette DSP, qui est actuellement confiée à la Société d’équipement Villard/Corrençon (SEVLC).

Une démarche non obligatoire, voulue par le maire Arnaud Mathieu « pour que chacun s’imprègne bien des réalités et de l’avenir qui s’offre à nous : il n’y aura pas de maintien de l’activité économique, ni de notre haut niveau de service public, sans assurer la pérennité de la station ». « Des investisseurs ont des projets de diversification touristique » pour contrer les aléas liés au manque d’enneigement et « des équipements arrivent à bout de souffle », a-t-il indiqué.

Photo Le DL/Louis André
Photo Le DL/Louis André

« L’activité hiver est la principale recette »

Oui, Villard-de-Lans est une station qui prend de l’âge. Déroulant les diagnostics économique et technique, Hervé Saulnier du cabinet HSC a présenté un domaine « dont l’activité hiver est la principale recette (95 %) », qui a la nécessité « de passer à une réflexion multi-saisons pour amoindrir la dépendance au ski ».

Hubert Escudéro, du second cabinet d’expertise, a pris le relais en décrivant « un parc de remontées mécaniques vieillissant » qui présente « de potentielles avaries ». L’entretien des télécabines les plus anciennes nécessitera un coût important à l’avenir dans le cadre des grandes inspections. La question de leur démantèlement devra donc se poser dans l’élaboration du futur cahier des charges.

L’objectif sera ainsi de définir les obligations du futur délégataire : les investissements qu’il devra prendre à sa charge en termes de rénovation et d’aménagement du domaine… sans oublier la durée d’exploitation, qui se situe en moyenne entre 25 et 35 ans en fonction des investissements engagés.

La question du projet Parker

La SEVLC a d’ores et déjà annoncé se porter candidate pour ce nouveau contrat, qui comprend la gestion de la station, assortie du vaste projet immobilier de la Côte 2000 que l’on surnomme “Parker” : la SEVLC étant propriétaire du terrain sur lequel il devrait être construit. « Sans cette possibilité de faire de l’argent, le repreneur n’aurait sans doute pas pris tout seul le domaine. C’est une garantie pour le futur. Les deux dossiers sont intimement liés », a rappelé Véronique Beaudoing.

La SEVLC remportera-t-elle ce contrat ? Pour combien de temps ? À travers ce renouvellement de DSP, la commune ne s’enferme-t-elle pas dans un modèle économique trop fragile compte tenu du réchauffement climatique ? « Il y a des centaines d’emplois en jeu, nous considérons que notre devoir est de construire une transition aussi douce que possible pour assurer la pérennité de l’activité économique, a affirmé le maire Arnaud Mathieu. Je ne connais pas un élu qui va accélérer la mort de son activité économique dominante. »

Un pari sur l’avenir car « c’est le maintien de cette activité qui permettra de financer la diversification du domaine skiable. »

Deux scénarios envisagés… et deux écartés

La concertation autour du nouveau cahier des charges de la délégation de service public a été lancée le 24 juin, lors d’une réunion. Les 9 et 30 septembre, deux groupes de trente participants seront formés pour étudier, modifier, compléter les deux scénarios proposés par la commune.

Optimiser les remontées

Dans le scénario 1, la commune mise sur l’optimisation “efficiente” du domaine skiable en démantelant la plupart des vieilles remontées mécaniques pour en installer de nouvelles. L’objectif est d’avoir moins d’appareils, plus modernes, afin de réduire les charges de fonctionnement et de concentrer les flux de skieurs sur plusieurs grands axes, dans une logique de rentabilité. 50 millions d’euros devront être investis par le délégataire.

Rajeunir les équipements

Dans le scénario 2 à 30 millions d'euros, l’idée est de rajeunir les équipements. Tous les appareils seront conservés avec un parfois un coût d’entretien important pour les plus anciens ou leur changement s’ils sont trop vieux, notamment la télécabine du Pré des Preys.

Pas de fermeture !

Deux scénarios ont été écartés d’emblée par la commune : la fermeture de la station et la remontée du front de neige qui aurait permis d’aller directement à 1 500 m d’altitude grâce à la création d’une route… qui aurait eu des conséquences sur l’environnement.

Le cahier des charges de la DSP sera présenté lors d’une réunion le 14 octobre, et devra être rendu au plus tard le 15 novembre. Le ou les candidats se positionneront ensuite pour que la future DSP démarre le 15 juin 2026.

Et Corrençon-en-Vercors dans tout ça ?

Si le domaine skiable ne fait qu’un de par son nom, VillardCorrençon, il est toutefois séparé par deux délégations de services publiques (DSP)… qui ne se renouvellent pas en même temps.

En effet, si celle de Villard-de-Lans prend fin au 15 juin 2026, celle de Corrençon-en-Vercors court jusqu’en 2046 ! « Faire coïncider les dates des deux DSP n’a jamais été possible sous aucun mandat. Ce serait beaucoup plus simple qu’elles concordent mais la réalité économique fait que ce n’est pas possible », a expliqué Véronique Beaudoing, première adjointe à Villard-de-Lans.

Avoir deux délégataires différents, « bien sûr, ce serait un problème », a-t-elle ajouté. « C’est ce qui pourrait arriver car la Ville se doit de choisir la meilleure proposition. Mais si Villard choisissait quelqu’un d’autre, on ne va pas se mentir, cela mettrait Corrençon en grande difficulté. Nous, on hérite d’une situation et on avance… mais c’est un dossier très complexe. »

« Que le domaine alpin puisse être divisé est une source d’inquiétude, a abondé le maire Arnaud Mathieu. Ce sera un de nos critères de réflexion. »

Article issu du Dauphiné Libéré

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