« Maintenant, entre la gare de Châtelet-Les Halles et notre gare du Châtelet, il n’y a que deux changements. » Au moment d’entamer son discours introductif, difficile pour Alexandre Merlin de cacher son enthousiasme. Le directeur de la Société des téléportés Bettex Mont-d’Arbois (STBMA), inaugurait, le 6 septembre dernier, le Valléen.
Le Valléen règle la fameuse problématique du dernier kilomètre
Un projet public-privé de remontée mécanique à vocation urbaine, né de la volonté du maire de la commune, Jean-Marc Peillex. « C’est une révolution en termes de mobilité, confiait ce dernier, on revoit totalement notre façon de faire les choses avec l’apparition de ce nouvel outil. On ne fait pas que remplacer des lignes de transport ou mettre des bus propres, ça la Région sait le faire. On crée de nouveaux liens pour la population et on s’adapte à ses besoins ».
D’un point de vue touristique, le Valléen règle la fameuse problématique du dernier kilomètre. À la descente du train, au lieu de louer une voiture ou prendre un taxi, les skieurs, randonneurs ou les clients des thermes pourront directement monter dans une cabine qui les mènera au bourg de Saint-Gervais.
« Monter avec sa valise dans la cabine »
« Quand on est sur place, on se rend vraiment compte de la proximité entre la gare du Valléen et celle de la SNCF. C’est cet enjeu qui m’a donné envie de m’impliquer à fond dans ce projet. Je pense que ça peut nous faire gagner en fréquentation sur des journées ou des séjours de courte durée. L’étape d’après, c’est d’arriver à mettre en place des partenariats avec le monde ferroviaire pour fluidifier le parcours client qui peut monter avec sa valise dans la cabine », projette Alexandre Merlin.
Pour transporter jusqu’à 1 200 personnes par heure du Fayet à Saint-Gervais et inversement, plusieurs innovations technologiques ont été déployées. À la tête du projet, l’entreprise iséroise Poma a fait preuve d’ingéniosité pour s’adapter aux contraintes. La remontée mécanique passe au-dessus d’habitations et réduire les nuisances sonores était un enjeu fort. Pari réussi, le trajet se fait sans bruit. « Ça a lieu grâce au moteur Direct drive qui est lent et qui, en plus, permet de moins consommer d’énergie. On a aussi une première mondiale avec le développement d’une gamme de balanciers qui supportent le câble et qui permettent de minimiser le nombre de pylônes. C’était un enjeu ici pour les habitants et la faune », précise Fabien Felli, président de Poma.
Le Valléen brille aussi par son autonomie puisqu’au plus bas, seulement trois personnes sont nécessaires pour l’exploiter. En survolant les thermes de la commune, on passe au-dessus d’une ligne haute tension de 63 000 volts à plus de 140 mètres du sol. Des circonstances qui empêcheront l’évacuation verticale des cabines. « On a un système qui est redondant et qui permet de rapatrier toutes les cabines au sein de la gare amont. On peut le faire en peu moins de deux heures et demie et nous avons un système audio qui permet d’échanger en direct avec les personnes pour les tenir au courant de la situation », détaille le chef de secteur du Valléen, Guillaume Grelier.
« On n’a qu’une seule occasion de faire une bonne impression »
Dans l’objectif de faire de cette remontée un réel outil du transport public, la communauté de communes, dont Jean-Marc Peillex est le président, l’a intégrée dans le parcours réalisé par 300 lycéens pour aller et revenir de leur établissement. Une décision qui a rendu perplexes certains parents et élus. Pour faire adopter le Valléen aux locaux, le conseil municipal de Saint-Gervais a voté, il y a quelques semaines, la gratuité de la ligne, sur une année, pour les habitants saint-gervolains présents au moins 8 mois sur 12 sur le territoire. Les tarifs ont aussi été adoptés à l’unanimité par les élus : 2,50 € TTC pour un passage simple, un pass semaine reviendra à 25 €. « On n’a qu’une seule occasion de faire une bonne impression. Si on propose un service trop cher ou à des horaires pas accommodants, les gens s’en détourneront et vous aurez beau tout changer, ils mettront énormément de temps à revenir vers vous », analyse Jean-Marc Peillex.
Pour l’instant, le pari semble prendre. En dehors des officiels invités pour couper le ruban, beaucoup d’usagers semblant ignorer l’événement sont montés dans une cabine. Un début d’habitude.
Article issu du Dauphiné Libéré