Sécheresse, vent : comment vont les forêts des Hautes-Alpes ?

« C’est une belle forêt. Hêtre, mélèze… Le panel est riche », décrit Gilles Plauche à propos de la forêt communale d’Avançon. Celle-ci n’a pas complètement affiché ses couleurs automnales, à la mi-octobre octobre. Des feuilles mortes s’éparpillent au bord de la route, mais le vert prédomine encore à la cime des arbres situés à 1 400 mètres d’altitude. Selon le technicien de l’Office national des forêts, toutes les conditions ne sont pas réunies pour passer au rouge. Il faut nécessairement moins de lumière pour que le vert disparaisse et plus de froid pour que les feuilles se mettent à tomber. « On voit quand même que ça jaunit », observe le technicien ONF qui se trouvait la veille de notre rencontre en Haute-Ubaye où l’automne s’est déjà installé : « C’est beaucoup plus rougeoyant car je me trouvais à une altitude de 2 300 mètres. Là-bas, les vallées sont plus encaissées. En fin d’après-midi, il n’y a plus de soleil. Les mélèzes perdent leurs aiguilles. »

Gilles Plauche est technicien à l’Office national des forêts (ONF). Son périmètre d’action se situe dans un secteur regroupant les communes de Théus, Saint-Étienne-le-Laus, Valserres, Jarjayes, Remollon, Rochebrune et Avançon. Il gère une surface de forêt de 2500 à 3000 hectares. Photo Le DL /Flavien Osanna
Gilles Plauche est technicien à l’Office national des forêts (ONF). Son périmètre d’action se situe dans un secteur regroupant les communes de Théus, Saint-Étienne-le-Laus, Valserres, Jarjayes, Remollon, Rochebrune et Avançon. Il gère une surface de forêt de 2500 à 3000 hectares. Photo Le DL /Flavien Osanna

Le soucis des sécheresses

L’arrivée plus ou moins tardive de l’automne selon les endroits serait-elle un des effets du réchauffement climatique ? L’affaire est plus complexe que cela selon Gilles Plauche : « Le risque serait de confondre météorologie et climat. Ce qu’on observe, c’est qu’il y a de plus en plus d’incidents climatiques. Ces événements sont-ils liés à la météo ou au climat ? J’ai du mal à le définir à mon niveau […] Je constate que certaines espèces s’en sortent mieux que d’autres. Le pin sylvestre est amené à disparaître en raison de la sécheresse estivale », relate le technicien. Il ajoute : « Nous avons davantage de craintes sur la sécheresse estivale que sur la date d’arrivée de l’automne. »

Mélèze : « On a arrêté d’en planter en dessous de 1 000 mètres »

Dans la forêt communale d’Avançon, 4 400 mélèzes, espèce emblématique des Hautes-Alpes, ont été replantés il y a une dizaine d’années sur une parcelle de quatre hectares dans un but de régénération. « L’idée est de croire encore au mélèze même si on a arrêté d’en planter en dessous de 1 000 mètres. La question qu’on se pose, c’est y aura-t-il toujours du mélèze dans 100 ans ? Si on suit la tendance donnée par le Giec [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, NDLR], il faut s’attendre à ce que des essences méditerranéennes, comme le chêne pubescent ou le chêne vert, remontent progressivement jusqu’à nous. Si on commence à dire qu’avec le réchauffement climatique, il faut mettre de l’eucalyptus partout… Ce dernier ne passera pas l’hiver prochain. C’est un paramètre à prendre en compte […] On parle de gestion durable. »

Reformer une forêt qui protège

Plus au sud, à Théus, de nombreux pins noirs ont été plantés par le passé afin de restaurer les terrains en montagne. On y trouve notamment du pin sylvestre. Dans les espaces ouverts, sur une parcelle de 2,5 hectares, le choix s’est donc porté sur un feuillu : « On fait le pari du tilleul. » Celui-ci présente une meilleure résilience face au risque de feu de forêt. « Si un résineux brûle, rien ne repousse derrière. Lorsque c’est du feuillu, il y a des rejets. Est-ce une essence d’avenir ou pas ? L’objectif est d’avoir une forêt qui joue ses rôles de protection contre les avalanches ou contre les crues par exemple, de production de bois et d’accueil du public. Si un pin sylvestre disparaît, il restera d’autres essences », commente Gilles Plauche. Le tilleul n’a à ce jour pas de débouché “bois”, mais peut servir la biodiversité et l’apiculture. 

Article issu du Dauphiné Libéré

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