Depuis décembre 2022, la station des Gets a pris une décision forte : interdire la cigarette sur son domaine skiable. Une mesure audacieuse, mais nécessaire face à un constat accablant. Chaque année, lors du ramassage de fin de saison que nous effectuons avec les bénévoles, des milliers de mégots jonchaient encore la neige fondue. « En une seule journée, sur une petite portion, on a retrouvé 3 000 mégots », raconte Benjamin Mugnier, directeur exécutif des Gets. « On a vite compris qu’à l’échelle de la station, c’était un désastre. »
Protéger la santé des skieurs
Mais l’enjeu ne se limitait pas à l’écologie. En tant que station familiale, Les Gets voulait aussi protéger la santé des skieurs, notamment des enfants. « On ne voulait plus voir d’adultes fumer sur les télésièges à côté des plus jeunes. L’objectif était clair : préserver notre environnement et la qualité de l’expérience pour tous. » D’où la mise en place d’une interdiction stricte sur le domaine skiable, englobant pistes et remontées mécaniques, avec néanmoins cinq espaces dédiés équipés de cendriers de poche pour les fumeurs.
Cette mesure repose sur un arrêté municipal, mais son application s’est d’abord faite dans la pédagogie. « Les deux premières saisons, on a beaucoup communiqué. Il fallait que les gens s’habituent. » Aujourd’hui, la gendarmerie patrouille sur les pistes, mais les sanctions restent rares, l’objectif étant avant tout de responsabiliser les skieurs.
Une première en Europe
Si une telle interdiction pouvait faire craindre une levée de boucliers, la réalité a surpris. Les commerçants, y compris le principal vendeur de tabac de la station, ont bien accueilli la démarche, tant qu’elle ne constituait pas une interdiction totale. « Nous avons réalisé des enquêtes de satisfaction et les retours ont été excellents, même chez les fumeurs », affirme Benjamin Mugnier. Les effets sont d’ailleurs visibles : lors du dernier ramassage en juin 2024, seuls 200 mégots ont été retrouvés sur le domaine, contre des milliers auparavant.
La station des Gets n’a pas inventé le concept : en Nouvelle-Zélande, au Japon ou aux États-Unis, ces interdictions existent déjà depuis des années. Mais en Europe, elle fait figure de pionnière. « Nous allons dans le sens de l’histoire », souligne Benjamin Mugnier.
Plusieurs stations françaises ont déjà manifesté leur intérêt. « Au moins trois nous ont contactés pour obtenir des chiffres, et une devrait passer le cap dès l’hiver prochain. » De quoi faire des Gets un modèle à suivre.
Article issu du Dauphiné Libéré
