Quel est le premier télésiège de l’histoire de France ?

Si le principe du téléphérique a été imaginé bien avant le XVe siècle, ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle, avec l’invention du câble en acier, que l’on commence à transporter des personnes. Mais à l’époque, l’objectif n’est pas encore le ski, mais un tourisme d’été contemplatif.

Télé-traîneau motorisé de Bödele, Autriche, par Dornbirn Hugo Rhomberg et Alfred Rüschse (DP)
Télé-traîneau motorisé de Bödele, Autriche, par Dornbirn Hugo Rhomberg et Alfred Rüschse (DP)

Contexte : le téléski d’abord

Alors que le ski alpin prend son essor, quelques pionniers imaginent des moyens mécaniques pour gravir les pentes sans effort. En 1934, au col de Porte, en Chartreuse, Charles Rossat installe ce qui est considéré comme le premier téléski de France. Deux ans plus tard, un certain Jean Pomagalski perfectionne le concept à l’Alpe d’Huez en introduisant un système de perches débrayables. Une petite révolution qui changera le visage des stations.

Jusque dans les années 1930, les remontées mécaniques sont surtout des funiculaires et des téléphériques, lourds et coûteux, destinés au tourisme estival. Mais avec l’essor du ski, il faut des solutions plus souples. 

Brevet du Stehlift déposé en 1937 et publié en 1938 (DP)
Brevet du Stehlift déposé en 1937 et publié en 1938 (DP)

Le télésiège fait son entrée en 1947

Aux États-Unis, en 1936, un ingénieur du nom de James Curran s’inspire d’un système de transport de bananes pour concevoir le tout premier télésiège, installé à Sun Valley. L’idée traverse l’Atlantique, et en 1947, la station des Gets en Haute-Savoie devient la première en France à adapter un téléski en y ajoutant des sièges, suivant un brevet de l’ingénieur suisse Ernst Constam.

Le prototype mis en place aux Gets est une véritable avancée technologique : articulé sous forme de pioches et alimenté par un groupe électrogène, il offre aux skieurs de l’époque la première expérience de remonte-pente assis. Ce système, bien que rudimentaire, marque une étape décisive dans l’histoire du ski en France et le TéléChavannes ouvre une nouvelle ère pour la station.

Son succès attire rapidement une clientèle venue notamment du bassin genevois, contribuant au développement touristique des Gets et à sa renommée hivernale.

Une tentative avortée dans le Vercors en 1936

Mais l’idée d’un télésiège en France ne date pas de 1947. En 1936, l’ingénieur Dumas équipe la piste des Cochettes d’un téléski à deux câbles: porteur et tracteur. Ce téléski bi-câble avait été conçu pour fonctionner avec des sièges en période de faible enneigement.

Sauf que la réglementation de l’époque ne permettait pas encore ce type d’exploitation, et l’appareil n’a jamais fonctionné comme un télésiège à proprement parler.

Finalement, c’est en 1948, à Peisey-Nancroix, que le premier télésiège véritablement conçu dès l’origine comme tel voit le jour en France (sans être un prototype comme aux Gets). L’histoire des remontées mécaniques était en marche, et avec elle, celle des sports d’hiver modernes.

Que reste-t-il du premier télésiège des Gets ?

Le télésiège des Gets de 1947, connu sous le nom de TéléChavannes, existe-il encore aujourd’hui ? 

Bien sûr, l’équipement d’origine n’existe plus aujourd’hui sous sa forme initiale. La station a progressivement modernisé ses infrastructures, et le TéléChavannes a été remplacé par des installations plus performantes. 

Aujourd’hui, un télésiège débrayable six places, capable de transporter jusqu’à 3 300 personnes par heure, porte le nom de « Chavannes Express », en hommage à cette première révolution technologique. L’héritage du premier télésiège français reste donc bien vivant, ancré dans l’histoire et le développement des Gets, qui demeure une station pionnière dans l’innovation des remontées mécaniques.

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