Il suffit de poser la question dans les rues de Genève par un matin pluvieux de février.
« Où allez-vous skier ? » Dans les stations françaises, pardi ! À Megève, La Clusaz, aux Gets… Plus rarement à Verbier ou à Crans-Montana, dans le Valais, ou encore Les Diablerets, et sa piste de luge XXL , dans le canton de Vaud.
Sur internet aussi, il suffit de taper “ski” et “Genève” pour constater que les stations des Pays de Savoie trustent le top 10. Ovonetwork place Chamonix, Megève et La Clusaz sur le podium. Travelski conseille Avoriaz, Megève et Chamonix. Genève Secrète a sélectionné les Monts Jura (Ain), la station des Rousses (Jura) et Avoriaz.
« C’est une question de proximité »… vraiment ?
Pas besoin, non plus, d’aller chercher bien loin pour comprendre pourquoi les Genevois ont adopté les domaines français. « Nous pouvons y aller à la journée, en une heure, on est sur les pistes », témoigne Mira, 71 ans, qui avait ses habitudes aux Gets. « C’est une question de proximité.
On est proche de toutes les stations de Haute-Savoie, à une heure et c’est bien desservi. Pour aller dans le Valais, il faut au moins deux heures… » résume Vincent. Genevois depuis toujours, sur les conseils d’amis, il a acheté un chalet à Megève en 1966. C’est là que son fils a passé tous ses week-ends d’adolescence, tant et si bien que ce dernier n’a jamais mis les pieds dans une station suisse, sauf Crans-Montana, mais seulement pour fêter le Nouvel An.
De Genève à La Clusaz, il faut compter environ 50 km de trajet pour dévaler les pistes. À titre de comparaison, Verbier, dans les Alpes valaisannes, c’est plus du triple, 160 km, et donc le double de temps sur la route. Et Crans-Montana, 184 km. Pour un week-end, le calcul est vite fait, aussi bien pour le domaine des Aravis que pour les Gets (à 54 km), Megève (à 70 km) et Chamonix (à 80 km).
Et l’aspect économique ?
Les stations françaises en jouent, en y profitant de l’opportunité d’attirer une clientèle au pouvoir d’achat élevé. En 2023, Les Gets s’étaient ainsi offert un affichage sur un tram genevois pendant quatre semaines, un spot vidéo de 20 secondes dans les trams pendant trois semaines et 30 affiches sur les différents panneaux de la ville.
Et le prix des forfaits dans tout cela ? Si les Genevois reconnaissent que les domaines skiables français sont plus abordables, ils assurent toutefois que ce n’est pas le premier critère de leur choix. « De toute façon, c’est cher partout ! » souffle Martine.
Côté Suisse, les tarifs peuvent effectivement être un poil plus élevés, jusqu’à 87 CHF à Verbier (dans le Valais) et ses 410 km de pistes, mais on retrouve aussi des offres à 69 CHF la journée aux Diablerets par exemple, dans la fourchette des stations haut-savoyardes françaises.
Les prix y sont aussi plus flexibles ce qui fait que suivant le jour ou les accès au domaine, les skieurs peuvent s’y retrouver entre les deux. À Crans-Montana, avec 140 km de pistes, on peut ainsi même retrouver un pass journée à moins de 50 CHF entre le 24 mars et le 29 avril, soit moins qu’à La Clusaz (125 km de pistes), où les tarifs des forfaits de la saison (hors réduction en ligne) sont fixés à 53 euros (*).
Les préférences individuelles, facteur final
Chacun choisit ensuite selon ses préférences et ses résidences secondaires. Les uns préfèrent La Clusaz « pour son caractère », les autres Megève « pour les boutiques de luxe » et les derniers encore Chamonix « pour l’après-ski et la vie nocturne », ou encore Verbier parce qu’ils y ont un chalet.
Et puis restent aussi ceux qui jouent à saute frontières entre les deux, comme Kevin qui navigue entre La Clusaz et Chamonix pour les week-ends, et Cran-Montana pour les vacances. « Ce qu’on préfère ? C’est le ski. Le reste n’a pas d’importance ! » sourit Pascal.
Article issu du Dauphiné Libéré