Situé à cheval sur la frontière de l’Isère et de la Savoie, sur le GR® 738 l’itinéraire de grande randonnée prisé des ultra-coureurs de l’Échappée Belle, à 1 761 mètres d’altitude, le refuge de la Pierre du Carré est le plus petit de Belledonne. Et le dernier gardé au nord du massif. Niché sous le col de Claran, il fait face à l’imposante Chartreuse, et à son panorama de carte postale. Il est une étape de caractère qui a su garder son âme d’antan, issue de son histoire pastorale.
Une ancienne cabane de bergers
Cette ancienne cabane de bergers attire les adeptes d’une montagne restée vierge et sauvage, où il faut souvent mettre les mains. Point de départ du Grand Charnier et de ralliement des amoureux de nuit dans des refuges retirés, on vient ici pour son charme nommé authenticité.
Pierre du Carré, c’est aussi l’ultime “ravito” avant de basculer dans la partie nord de Belledonne. Ce versant plus âpre et rustique des Savoyards ne manque pas de cabanes, abris ou baraques mais ils ont été désertés des gardiens. Cette traversée-là exige de la part de ses pèlerins un bon sens de l’autonomie.
12 couchages en dortoir et deux derniers lits perchés sur la mezzanine
Voilà pourquoi on aime faire escale à la Pierre du Carré. La pause y est gourmande et incontournable quand il s’agit d’arpenter au peigne fin les pentes, qui y conduisent, bleues de myrtilles. C’est aussi le plus beau des prétextes pour une première en montagne avec sa tribu ou sa bande de copains. Avec ses 12 couchages en dortoir et ses deux derniers lits perchés sur la mezzanine, c’est le camp de base idéal pour un week-end en montagne.
Cet été, surtout en août, le refuge a fait le plein de randonneurs. En juin et juillet, par contre, la météo a été un vrai repoussoir à la randonnée. « C’était partout pareil en France », notent Marie et Simon, qui estiment avoir fait une « une saison pas dingue mais plutôt bonne ».
Ces deux Savoyards, de La Chapelle-Blanche et d’Albertville, ont osé faire ce pas de côté à Belledonne. Déjà parce que Simon, l’hiver, est pisteur-secouriste au Collet d’Allevard. Marie, elle, a choisi les remontées mécaniques, mais s’en éloigne. C’est comme ça qu’ils ont su qu’après deux ans de fermeture liés au Covid et aux travaux de mise en conformité, la commune d’Allevard, propriétaire du refuge, voulait rouvrir et cherchait de nouveaux gardiens.
Guylain Hauet et sa compagne Patricia Bonnevie ayant décidé de reprendre l’épicerie de la Ferrière. Marie et Simon ont donc sauté sur cette opportunité. Enfin une bonne excuse pour rester au pays. Depuis 9 ans, Simon est gardien. Et les saisons l’ont souvent poussé vers l’Ubaye ou le Mercantour.
Un petit conseil, pensez à réserver
Ce deuxième été (du 22 juin et au 15 septembre) à la Pierre du Carré a permis au couple de prendre un peu plus ses marques. Déjà, le duo a étoffé sa carte en la rendant encore plus locavore. Fromage, charcuterie, sirops viennent de la Chapelle-du- Bard, et la bière de Goncelin… Et puis ils se sont calés avec leur voisin de l’Oule afin que les aventuriers de cet ancien sentier des bergers évitent de manger le même plat au dîner. Ils ont même mis en service leur petite épicerie du randonneur. Et elle cartonne.
Marie et Simon ont profité de la rotation d’hélicoptère des alpagistes en début de saison pour faire le plein mais comme ils sont proches de la vallée, ils ont vite fait de galoper pour aller remplir leur garde-manger. Un petit conseil, pensez à réserver, car cette belle cabane vaut pour son dépaysement, et les locaux connaissent l’adresse et ont vite fait de l’occuper (même quand il n’est pas gardé en hiver).
Le Tour du pays d’Allevard, l’alternative trop méconnue au GR® 738
Le Tour du pays d’Allevard , c’est avant tout un GR® de Pays. Au départ d’Allevard, cette itinérance de 78 km au cœur de la chaîne de Belledonne est une alternative au GR® 738 à faire en six jours ou un peu moins si on fait l’impasse sur la variante du refuge des Sept Laux ou que l’on est un marcheur averti. L’étape des Sept Laux peut faire l’objet d’une escapade de trois jours avec la boucle du tour des lacs.
Pour en revenir au Tour du pays d’Allevard, c’est l’échappée idéale du début de saison en mai et juin. Elle offre des vues imprenables sur le Puy Gris, l’un des plus hauts sommets de Belledonne, les Grands Moulins ou encore la Pointe de Rognier. Ce tour évite aussi tous les cols encore enneigés à cette période donc les gros névés. Il serpente à une altitude inférieure à 2 100 mètres. « Quand les randonneurs s’arrêtent on leur en parle, parce qu’il n’est pas assez mis en valeur, c’est vraiment dommage. C’est un bel aperçu du versant sud de Belledonne, et une première expérience plus facile de ce massif », concèdent Marie et Simon.
Le bon plan, c’est que c’est une boucle, limitant ainsi grandement la logistique imposée par la traversée de Belledonne entre Vizille et Aiguebelle. L’autre avantage, c’est qu’à partir de juin, les refuges sont gardés.
Article issu du Dauphiné Libéré