« Ce n’est pas la plus belle piste de Tignes. C’est la plus belle de Tignes et Val d’Isère réunis ».
Attention : avis d’expert, dont certains, dans la vallée d’à côté, contesteront l’objectivité, rappelant que la face de Bellevarde est plus pentue. Vieux moniteur de la station dont il préside le Club des Sports, Philippe Reymond a des arguments pour vous vendre la Sache.
Un coin sauvage
Bien sûr, il y a son dénivelé, 1200 m, et sa longueur, 10 km, qui en font la plus longue noire de ce que l’on appelait jadis l’Espace Killy. Mais le Tignard retient avant tout son côté nature.
« Elle est située en sa partie haute dans la réserve naturelle de Tignes-Champagny. Quand on plonge dans ce vallon, il n’y a aucun aménagement. On entre dans un environnement sauvage avec ce glacier suspendu qui domine. On y voit fréquemment des chamois. J’ai toujours des jumelles dans le sac pour montrer à mes clients ».
Tignes, berceau des freestylers
La Sache, c’est toujours un petit rituel de passage quand on est gamin à Tignes. Marius Bourdette, ex-membre de l’équipe de France de bosses, se souvient, lui, de sa première expérience à dix ans, en plein brouillard. « Je ne savais plus du tout où j’étais, pour la première fois de ma vie j’ai eu l’impression d’être perdu sur les pistes ».
Quinze ans plus tard, le Pyrénéen, Tignard d’adoption depuis ses six mois, est devenu, dans le sillage du pionnier du ski de bosses, Henri Authier, l’un des dix meilleurs de la discipline (deuxième Français). À le voir enchaîner les 360 au moindre relief de la Sache – qui n’en manque pas – on se souvient que la station est le berceau de la pratique freestyle.
Lui-même est coach sur le stade de Lognan, là où, en 1992, sous les flocons et dans sa combinaison bariolée, Edgar Grospiron avait décroché l’or olympique. « Et Henri Authier est un peu mon deuxième grand-père. L’autre jour je l’ai aidé à déménager sa cave et j’ai mis la main sur ses vieux Dynamic ».
Autant dire un trésor.
Départ depuis une silhouette iconique
C’est avec ses skis de compétition, silhouettes d’allumettes, que Marius nous guide sur la Sache. Départ : au sommet de l’Aiguille Percée (2748 mètres), à l’arrivée du télésiège éponyme. Dans notre dos, l’une des autres merveilles de Tignes a disparu du champ de vision. Chef-d’œuvre naturel en péril, le glacier de la Grande Motte voit sa skiabilité menacée par le climat. Voilà qui incite justement les autorités à éveiller l’attention touristique de ce côté-ci du domaine.
Cette Aiguille Percée est une étonnante arche de cargneule, sédiment calcaire que l’érosion a transformé en vestige antique. Le Mozart du ski acrobatique Candide Thovex y est passé à travers. Tout comme, venus des airs, deux adeptes de wingsuit, à 200 km/h. Le père de Marius, autrefois patron des pompiers, avait fait suspendre toute l’équipe du centre de secours à des cordes lisses sous l’aiguille, pour la photo du calendrier.
On en ferait bien le portillon de départ de la Sache. La réalité est plus prosaïque. On commence par une bleue, la Corniche, qui traverse à ses pieds. Après quelques virages, on met le clignotant à gauche et le panneau “Sache” s’affiche. « C’est une piste ultra-nature qui vous sort du domaine, ce qui est assez rare à Tignes.
Une piste géologiquement unique
Ultra-changeante, entre parties raides et secteurs plats, avec un schuss en plein milieu en guise de répit. On est surplombé tout le long de la descente par le dôme de la Sache, à qui la piste doit son nom. » Du haut de ses 3588 m d’altitude, ce sommet emblématique de Vanoise, avec son glacier suspendu, on peut l’ajouter à la liste des trésors naturels du secteur.
« Le terrain n’est pas toujours damé et ça devient vite joueur », dixit Marius, que l’on a du mal à suivre jusqu’aux Brévières, 1500 m d’altitude, station basse de Tignes. La Sache mute sur le final en une piste rouge dont la neige dure tétanise les cuisses. Pendant quelques années, qui voulait remonter pour un tour a dû faire un détour. En effet, le télésiège du Marais, qui dessert la Sache sur ce versant, a mis quelques années avant d’être refait à neuf, car partiellement en réserve, les écolos ont veillé à ce qu’on ne dérange pas les espèces protégées.
Un 6 places flambant neuf permet depuis cet hiver de remonter au départ. Et pourquoi pas aller, hors-piste, dans les fameux vallons de la Sache (et la Sachette), encore plus près sous le dôme ? Pour Philippe Reymond, pas besoin de s’écarter si loin de la piste. Tout de suite à gauche, il y a le classique des trois murs, 150 m sous l’arrivée du télésiège. Plus caché, donnant au fond du vallon, il y a aussi le trou de la souris, autre curiosité géologique. Et tant d’autres.
Rester vigilant
Gare, le secteur a été le théâtre d’accidents. Les pentes à Barthélémy rappellent une avalanche fatale au client d’un moniteur. Surtout, veiller à ne pas se laisser griser et emporter par son élan car, à l’aval, de redoutables gorges aspirent les skieurs vaniteux.
Tôt ou tard, on rejoint le domaine et le final de la Sache. Avec, à droite, vue sur le lac du Chevril et le barrage le plus haut de France. Et au-dessus, la Grande Sassière, 3747 m d’altitude, le plus haut sommet accessible en trek du pays.
Alors, on se prend à compter : en ajoutant le lac de Tignes, d’où on est parti, et la réserve naturelle traversée, on a bien foulé ou embrassé du regard les 7 merveilles de la station. La 8e ? La piste de la Sache, évidemment.
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