Parmi les routes sinueuses qui traversent la montagne corse, le col de Vergio (ou Bocca di Vergio) se distingue par sa hauteur et son caractère.
Point culminant du réseau routier insulaire à 1 477 mètres d’altitude, il offre aux cyclistes une expérience unique : une montée progressive mais exigeante, des paysages spectaculaires, et un voyage dans l’une des régions les plus préservées de l’île. Grimpeurs chevronnés ou amateurs de vélo contemplatif y trouvent un terrain d’aventure à la hauteur de leurs espérances.
Un col chargé d’histoire
Le col de Vergio marque la frontière entre la Haute-Corse et la Corse-du-Sud, et relie la vallée du Niolu à l’est à la vallée du Fango et la côte ouest à l’ouest. Depuis l’Antiquité, il constitue un passage naturel à travers le massif corse, utilisé par les bergers, les moines et les commerçants. Aujourd’hui, il fait partie intégrante du Parc naturel régional de Corse et longe le célèbre sentier de grande randonnée GR20.
La statue du Christ Roi, érigée en 1984 au sommet, symbolise la spiritualité du lieu et sert de repère pour les randonneurs et cyclistes qui s’y arrêtent le temps d’un panorama à couper le souffle.
Un profil tout en longueur pour les cyclistes
Côté ouest : une montée épique depuis Porto
Au départ de Porto, sur la côte, l’ascension du col de Vergio s’étire sur plus de 35 kilomètres avec un dénivelé positif de 1532 mètres, selon le site climbfinder.com. La pente, jamais extrême, oscille entre 3 et 6 %, mais la longueur de l’effort en fait un véritable défi d’endurance. La route serpente à travers les gorges de la Spelunca, traverse la forêt d’Aïtone et les villages de montagne comme Evisa, offrant un défilé de cartes postales.
Ce versant est idéal pour les cyclistes qui aiment les longues ascensions en douceur, ponctuées de changements de décor.
Côté est : un versant plus sauvage
Depuis Ponte Castirla, dans la vallée du Niolu, le col se grimpe sur plus de 38 kilomètres pour 1161 mètres de dénivelé. Ici, l’ambiance est plus rude, plus minérale. Moins ombragée, la route grimpe en lacets serrés avec des vues plongeantes sur le barrage de Calacuccia et les sommets du Cinto. Sur ce versant, le sentiment d’isolement est total, notamment hors saison.
Les deux versants peuvent d’ailleurs s’enchaîner dans une boucle inoubliable pour les plus endurants.
Une immersion totale dans la nature corse
Rouler vers le col de Vergio, c’est traverser une Corse authentique, brute et sauvage. La forêt d’Aïtone, l’une des plus belles de l’île, abrite pins laricios centenaires et cascades secrètes. Les cochons et vaches en liberté y sont les spectateurs silencieux du passage des cyclistes. Plus haut, la route se dégage, offrant des vues spectaculaires sur les crêtes et vallées environnantes.
Au sommet, la fraîcheur est garantie même en plein été. Par temps clair, on distingue les contours de la mer au loin. Et si vous avez de la chance, vous croiserez le regard furtif d’un mouflon entre deux rochers.
- Période idéale : de mai à octobre. En dehors de cette période, la route peut être enneigée ou verglacée.
- Équipement : un vélo en bon état, des braquets adaptés pour les longues ascensions, deux bidons (les points d’eau sont rares).
- Circulation : relativement faible, surtout hors saison. Prudence toutefois dans les virages étroits et en présence d’animaux.
- Ravitaillement : possible à Porto, Evisa et Calacuccia. Prévoir des provisions.
Le col de Vergio, plus qu’un sommet : une aventure
À mi-chemin entre l’exploit sportif et la quête d’évasion, le col de Vergio incarne tout ce qui fait le charme du cyclisme en montagne : la lente montée vers l’altitude, le silence des forêts, la récompense d’un point de vue à la hauteur de l’effort. Peu connu en dehors des cercles d’initiés, il reste un joyau à découvrir pour qui veut explorer la Corse par ses hauteurs.
