Alex Hugo : une visite guidée sur les traces de la série dans les Hautes-Alpes

Le crépi s’effrite le long de la longue verrière. Au sol, les herbes folles percent le bitume; la rouille ronge les rambardes du quai de service. Un tunnel, sorte de gueule d’un noir complet surplombée d’un “Attention monorail”, s’enfonce sous le grand bâtiment. Un graffiti “Climb” orne un mur. Bienvenue au Service régional de la police judiciaire (SRPJ) de Marseille où enquête Alex Hugo !

L’ancien sanatorium de Rhône-Azur fermé depuis 2016

« Mais, attendez, il y a eu un poste de police ici ? », s’étonne une dame, ce samedi 13 juillet après-midi, en montrant le grand panneau bleu police nationale. Michel Chivalier sourit. Le médiateur culturel du service du patrimoine de la Ville de Briançon avait, jusqu’ici, un peu caché son jeu en n’évoquant qu’à demi-mot le sous-titre de la visite du jour.

Oui, il s’agit bien de découvrir l’ancien sanatorium de Rhône-Azur, sorti de terre en 1957 et fermé depuis 2016. Un site de douze bâtiments – dans lesquels les Ateliers Jean Prouvé ont œuvré – répartis sur six hectares, inscrit aux Monuments historiques et labellisé Patrimoine du XXe siècle. Et d’évoquer aussi le climatisme dans les Alpes. Ce qui n’est pas, de prime abord, le plus sexy des patrimoines de la sous-préfecture des Hautes-Alpes, à l’ombre des nombreuses fortifications Vauban.

Samuel Le Bihan en habitué des lieux

Sauf à rajouter le “sex-appeal” de Samuel Le Bihan dans la visite ! L’acteur a, en effet, été un habitué des lieux entre 2015 et 2020. Non pas pour soigner une tuberculose, mais pour les tournages d’épisodes de la série Alex Hugo : un ancien flic marseillais, surnommé “La Tendresse”, devenu enquêteur de la fictive “police rurale” du non moins fictif village montagnard de “Lusagne”. Rhône-Azur servant tout aussi bien de décor pour un siège marseillais du SRPJ que pour un “hôpital de Lusagne”.

L’objet télévisuel, adapté du roman « La Mort et la belle vie » du poète et écrivain américain Richard Hugo, est devenu par la force des choses un patrimoine haut-alpin. Parce qu’avec 10 saisons et 29 épisodes, bon nombre d’habitants figurent au générique comme figurants. Parce qu’aussi, les équipes de production d’ Alex Hugo ont écumé quasi toutes les vallées du territoire depuis 2013.

Samuel Le Bihan, héros de la saga “Alex Hugo”. Photo François Lefebvre
Samuel Le Bihan, héros de la saga “Alex Hugo”. Photo François Lefebvre

La série Alex Hugo sublime les paysages des Alpes du sud

L’une des forces du programme diffusé par France Télévisions est de sublimer les paysages des Alpes du Sud. Pour le plus grand bonheur des offices de tourisme puisque les téléspectateurs se comptent en millions pour chaque épisode. Avec, parfois, quelques effets de surfréquentation des sites, comme celui du lac de l’Orceyrette, petit Canada du Briançonnais. Chose qui n’a pas échappé à Michel Chivalier lors d’une balade automnale en 2022 : « Il y avait du monde comme au mois d’août. Et, ce qui était très curieux, c’est que beaucoup de gens parlaient de scènes tournées dans la série, se demandaient si c’était le bon endroit… »

Eurêka ! Le Briançonnais imagine une visite mêlant la série et un site lui tenant à cœur : Rhône-Azur. « Lorsqu’il a fermé en 2016 parce qu’il n’était plus aux normes, j’ai éprouvé une grande tristesse. J’ai un lien très fort avec ce sanatorium puisque mon grand-père y est resté deux ans en cure de climatisme et ma maman y a effectué une rééducation », livre Michel Chivalier, amateur des intrigues d’Alex Hugo à ses heures.

Le bureau d’Alex Hugo et Angelo Battalla reconstitué

Au fil de la visite, entre les descriptions architecturales remarquables, de la vie de l’établissement et de la lutte contre la tuberculose à partir du XIXe siècle, des éléments de décor laissés par les différents tournages apparaissent. Là, un panneau policier, ici un écriteau de l’institut médico-légal de Lusagne sur la porte d’une ancienne chambre froide de cuisine, là encore, un fléchage à l’adresse des équipes de production… Le clou du spectacle étant le bureau reconstitué – faits d’éléments de décor originels et rapportés – d’Alex Hugo et son acolyte Angelo Battalla, campé par Lionnel Astier jusqu’à la saison 9.

De quoi contenter les fans de la série, curieux de patrimoine. De quoi satisfaire les adeptes de patrimoine, avec option insolite. De quoi, pour cette visite-guidée de Rhône-Azur, être elle aussi victime de son succès. « C’est la visite qui marche le mieux parmi toutes celles que nous proposons, relève Michel Chivalier. Au point que certaines personnes, venues spécialement pour la série, étaient un peu déçues de ne pas assister à un tournage. » Le guide a donc changé le titre de sa visite, reléguant Alex Hugo aux petites lignes de description, n’évoquant plus que des “échos de tournage”.

Ce qui ne brise pas le succès de ce rendez-vous hebdomadaire de la saison estivale du patrimoine de Briançon. « C’est un lieu très important dans la mémoire des Briançonnais, parce qu’ils y étaient en cure ou parce qu’ils y ont travaillé », estime Michel Chivalier. Avec, peut-être, l’espoir de voir surgir d’un des longs couloirs un peu de Tendresse…

Article issu du Dauphiné Libéré

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