Aller-retour Chamonix-Mont Blanc : comment Élise Poncet s’est emparée du record féminin

Aucune course officielle n’existe, le toit des Alpes est un défi personnel. La Française Élise Poncet a mis 6 heures et 54 minutes pour faire l’aller et le retour, de l’église de Chamonix jusqu’au sommet du mont Blanc. Elle vient d’établir le nouveau record féminin.

Elle avait cet objectif en tête depuis plus de deux ans. Son amie Hillary Gerardi lui avait donné l’eau à la bouche. En juin 2023, l’athlète américaine résidant en vallée de Chamonix a établi le chrono de 7 heures et 25 minutes aller-retour, en basket, entre l’église de Chamonix et le toit des Alpes.

L’année d’après, une autre Américaine, Anna DeMonte, a établi le record à ski en 7 heures et 29 minutes. Cette performance a donné des idées à Élise Poncet, qui se dit fragile des genoux face aux 3 800 mètres de descente. « C’est là où je me suis dit, pourquoi pas le faire à ski, plutôt qu’à pied », se souvient l’athlète d’Arâches-la-Frasse.

La championne de France de course en montagne en 2022 et vice-championne du monde 2019 a alors orienté la fin de son hiver sur ce projet. Son nom apparaît dans le ski alpinisme depuis trois à quatre ans. Elle compte notamment quelques Coupes du monde avec la Fédération française de montagne et d’escalade, ou encore une 4e place à la Pierra Menta. « C’est sûr que je ne suis pas la première française en ski alpinisme, ou dans le top trois mondial dans le circuit Coupe du monde, mais je me sentais légitime dans ce projet, d’autant que je pratique la haute montagne à côté du trail ».

L’itinéraire historique du mont Blanc de Jacques Balmat et Michel Paccard

La Serre-Che glacier puis la TransVanoise, et une échéance, celle du mois d’avril. « Je ne l’ai pas tenté plus tôt parce que les conditions n’y étaient pas », commente la sportive de haut niveau. « J’avais même abdiqué fin avril, parce que cela me paraissait trop tard dans la saison. Au final, il y a eu une fenêtre de tir début mai ».

L’itinéraire pris est celui des records, qui est aussi l’itinéraire historique du mont Blanc de Jacques Balmat et Michel Paccard emprunté en 1786. Depuis l’église de Chamonix, la trace passe par la montée au tunnel du Mont-Blanc en basket, puis l’ancienne gare du premier téléphérique de l’aiguille du Midi. De là, en ski alpinisme, c’est la traversée de la Jonction jusqu’au refuge des Grands Mulets, avant de s’engager sur le petit et le grand Plateau, pour obliquer vers l’arête des Bosses par l’abri Vallot. Ici, Élise Poncet a chaussé ses crampons acier pour terminer en alpinisme jusqu’à 4 807 mètres. La descente, par la face nord, a été réalisée à ski en 1 h 15 jusqu’à l’église de Chamonix.

« J’avais envie de respecter une certaine éthique »

Au final, la Française a établi le nouveau temps de référence en aller et retour de 6 heures, 54 minutes et 47 secondes. Derrière cette performance, il y a une équipe d’amis proches. « J’avais à peu près 10 personnes autour de moi. Sur la journée, je n’étais quasiment jamais toute seule ». Chacun avait sa tâche attitrée, sur une section d’itinéraire, pour l’accompagner au plus près. Cette précaution a été très utile et très sécuritaire sur l’arête des Bosses, alors que le vent soufflait à 70 km/h. La descente a également été facilitée par un lièvre, « un très bon ami à moi qui me faisait toutes les trajectoires, ce qui m’a fait gagner beaucoup de temps ».

Élise Poncet a bénéficié de l’assistance de ses proches, notamment pour un peu de ravitaillement en eau, mais elle a porté tout son matériel de haut en bas. « C’est un mix entre la performance et la haute montagne, mais j’avais envie de respecter une certaine éthique », assure l’athlète de 29 ans.

Du début à la fin, elle a cheminé avec ses skis, ses baskets, le baudrier, les crampons, le DVA, la pelle et la sonde.« Je n’étais pas obnubilée par ce projet, mais cette performance, c’est la concrétisation de 12 ans en montagne. J’ai grandi en région parisienne.

À 18 ans, j’ai pris la décision d’aller vivre en montagne pour vraiment vivre de ma passion. Donc ce sont 12 ans où je me suis construite en tant que montagnarde, en faisant mes armes en alpinisme, en y apprenant les codes. Ce n’est pas juste une ascension, cela représente beaucoup plus pour moi. Et je suis trop contente d’avoir vécu ce projet avec mes amis ».

Article issu du Dauphiné Libéré

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