En déambulant dans le hameau de Bionnassay, lever les yeux devient un spectacle. En deux clins d’œil, on aperçoit ce qui fait du massif du Mont-Blanc l’un des bouts de montagne les plus spectaculaires au monde. À droite, les pentes abruptes, hostiles, offrent un spectacle d’avalanches exceptionnel une fois l’hiver installé. Un peu plus haut, la majestueuse aiguille, qui porte le nom du village d’une trentaine d’âmes à l’année, fait rêver les alpinistes venus du monde entier. Dans l’axe, le dôme du Goûter trône, fièrement, passage obligatoire pour ceux qui veulent s’attaquer au sommet de l’Europe occidentale depuis sa voie normale.
Aujourd’hui, le hameau est rattaché à la commune de Saint-Gervais. Alors, lorsque l’on décide de visiter cette carte postale montagnarde, Monique Ract est là pour nous accueillir. Née à Bionnassay, de parents bionnassards, l’élue municipale prévient : « Attention, on écrit officiellement “Bionnassay” mais la vraie orthographe c’est “Bionnasset” ! »
L’une des portes vers le mont Blanc…
Entre 1300 et 1400 mètres d’altitude, on découvre une centaine d’habitations. Les chalets sont régulièrement rénovés, les fermes d’époque sont devenues des maisons. « On a eu une vraie vague de repeuplement entre les années 1990 et 2000. Les amoureux des lieux ont fait ce qu’il fallait pour redonner vie à Bionnasset. On a des résidents secondaires qui sont là très souvent. Il y a de la vie », sourit Monique Ract.
Après avoir vécu en Amérique du Sud et aux quatre coins de l’Europe, Christophe Fuckerieder fait partie de ceux qui ont décidé de revenir vivre à l’année dans le hameau. Il occupe la ferme qui appartient à sa famille depuis huit générations. « J’y suis venu toute ma vie pour profiter, faire de la montagne. Récemment, j’ai décidé de m’y installer de manière permanente. C’est un retour aux sources. » Passionné de patrimoine, le descendent de la famille Bochatay a rénové le four à pain de la bâtisse construite à la fin du XIXe siècle et compte bien en faire un lieu convivial. De quoi réunir les habitants autour de quelques grillades. Toujours autant émerveillé par son hameau, Christophe contemple : « L’hiver, on peut chausser les skis de rando et partir faire le mont Blanc depuis la maison ! »
Prise d’assaut !
Car oui, surtout l’été, Bionnasset fait partie des points de départ majeurs vers l’ascension du mythique sommet situé à 4805,59 mètres d’altitude. Le parking du Crozat est, par période, assailli. « C’est vrai que l’été, il y a beaucoup de monde. Pour nous, les permanents, c’est une période assez particulière. On est des montagnards, on sort quand il y a le moins de monde possible ! Tôt le matin et en fin de journée », glisse Monique Ract.
En seulement quelques heures passées dans le hameau saint-gervolain, on constate l’ampleur de la fréquentation. Les promeneurs se succèdent à un rythme effréné. Certains se baladent juste pour la journée, d’autres suivent l’itinéraire des très prisés Tour du Mont-Blanc et traversée du GR5 Alpes.
L’auberge, cœur battant de Bionnassay
« On est venu grâce au train », explique une touriste anglaise. Pourtant, aucune gare SNCF à l’horizon à Bionnasset avec sa route de montagne escarpée comme seul accès. Le hameau se trouve cependant à une petite heure de randonnée du col de Voza, point de passage emblématique du Tramway du Mont-Blanc. Le train à crémaillère le plus haut du pays et ses arrêts sont des points de départ prisés pour les alpinistes, marcheurs et contemplateurs. Autrefois, les motrices avaient une vraie utilité pour les habitants. Monique Ract l’utilisait même pour descendre à l’école de Saint-Gervais.
Aujourd’hui, on vous recommande de le prendre tôt le matin au départ du Fayet, descendre au col de Voza et aller profiter des plats et de l’accueil chaleureux de Rachel et Franck, les gérants de l’auberge de Bionnassay. L’établissement fondé en 1747, sert des clients du monde entier. « Hier, on avait une trentaine de Malaisiens, des Belges… On fait de superbes rencontres », se réjouit Rachel. Franck, quant à lui, était aux fourneaux du restaurant étoilé Le Sérac dans le centre-ville de Saint-Gervais avant de reprendre en main l’auberge bionnassarde : « Il y a quelques défis logistiques mais c’est avant tout du plaisir et plus de simplicité. Je voulais sortir de la cuisine purement de montagne… L’offre est déjà assez importante. » Le duo est le garant de l’équivalent de la fête des voisins du hameau. Une soirée fondue où tous les habitants se retrouvent, célébrant ce qui les unit, un hameau perché dans l’immensité montagnarde.
Article issu du Dauphiné Libéré