Col du Petit Saint-Bernard: « On a eu le tournage du film The Walking Dead l’an passé »

Sur la route qui relie la Vallée d’Aoste et la Haute Tarentaise, le col du Petit Saint-Bernard est le théâtre de l’amitié franco-italienne. « La vingtaine d’inaugurations du col a permis de tisser des liens avec le maire de la Thuile, les commerçants transalpins et bien sûr les déneigeurs », reconnaît Bernard Desoppis, gérant de La Niche du Saint-Bernard.

Sa boutique a remplacé un blockhaus

Vingt ans en arrière, sa boutique de souvenirs a remplacé un blockhaus issu de la guerre. Le calme d’antan laisse désormais place à un déferlement de touristes, qui viennent à vélo, en voiture et surtout à moto. À la caisse, un motard polonais se présente avec l’écusson du col du Petit Saint-Bernard, qu’il ajoutera sur son blouson rempli de blasons souvenirs. Les enfants, eux, raffolent des peluches du saint-bernard (le chien).

Bernard Desoppis. Photo Le DL/Cyprien Durand-Morel
Bernard Desoppis. Photo Le DL/Cyprien Durand-Morel

Cette routine du va-et-vient est parfois brisée par l’arrivée d’invités de marque. « On a eu le tournage du film The Walking Dead l’an passé. C’était impressionnant, ils ont fait monter un avion, et même créé un pont », se rappelle le sexagénaire en montrant une photo de lui aux côtés des acteurs.

Le gérant d’un bar de La Rosière comprend l’engouement que suscite ce col mythique. « Ici on ne jure que par la chaleur humaine qui nous manque dans une société de plus en plus artificielle. Lorsqu’on voit nos amis italiens de l’autre côté du col, on les invite à manger avec nous », atteste le bon vivant Bruno Brun. Ses clients malaisiens, tahitiens et réunionnais viennent retrouver au col un paysage alliant montagnes et rivières.

Mais le lieu mythique attire également par sa résonance historique. Même s’il ne réside pas exactement au sommet du col, l’hospice du Petit Saint-Bernard fait partie intégrante de l’histoire du col.

Photo Le DL/Rémi Milleret
Photo Le DL/Rémi Milleret
Le col du Petit Saint-Bernard en bref
  • Accès : perché à 2 188 mètres d’altitude, le col du Petit Saint-Bernard permet de relier la vallée d’Aoste (Italie) à celle de la Haute Tarentaise. Les communes de la Thuile et de Montvalezan, avec la station de La Rosière, se retrouvent limitrophes. Il est franchi par la route départementale D1090 côté français et par la Strada Statale 26 (SS26) côté italien.
  • Pour les cyclistes : depuis Bourg-Saint-Maurice, il faut compter 29,9 km d’ascension avec une pente moyenne de 4,5 %. Si vous partez de Pré Saint-Didier (Italie), vous devrez grimper pendant 23,50 km avec une moyenne de 5,04 %.
  • Randonnées  : le col du Petit Saint-Bernard est le point de départ de nombreuses randonnées familiales, permettant de découvrir les lacs de Sans-fond, Vernet et Longet. Pour les plus téméraires, le sommet franco-italien de Lancebranlette à 2 936 mètres d’altitude est un beau défi.
  • Commerces  : deux commerces se partagent le sommet du col. Côté français, la boutique de souvenirs de la niche du Saint-Bernard et le bar-restaurant de Lancebranlette. En contrebas du col se trouve l’Hospice, un gîte qui invite les visiteurs à se restaurer et à dormir dans l’enceinte remplie d’histoires. Côté vallée d’Aoste, le bar du lac et le refuge-restaurant San Bernardo se font face. Des commerces de ventes de cigarettes et de cannabis thérapeutiques sont également installés.
L’hospice du Petit Saint-Bernard. Photo Le DL/Rémi Milleret
L’hospice du Petit Saint-Bernard. Photo Le DL/Rémi Milleret

Léonard de Vinci à l’hospice du Petit Saint-Bernard

Depuis le XIe siècle, la grande demeure, sous l’impulsion de Saint-Bernard, archidiacre d’Aoste, accueille les voyageurs fatigués en haut des cols et qui à l’époque, pouvaient se faire attaquer par les brigands. « En 1860, l’abbé Pierre Chanoux, souvent comparé à saint François d’Assise, a marqué les esprits par sa bonté », raconte Sophie Bornet, la gérante de l’hospice.

Les villageois de Séez lui montaient le bois, les vivres et parfois des plantes pour alimenter le jardin botanique La Chanousia. Détruit par les guerres, le bâtiment menaçant de s’effondrer a été sauvé par la Vallée d’Aoste et la Savoie, réunis dans un groupement européen pour réhabiliter le site. La maison accueille le bal des randonneurs, des groupes de voitures de luxes, le photographe humaniste Olivier Föllmi, et même à une époque, un certain Léonard de Vinci.

Le charme du lieu est propice à des moments d’exception. « Il y a quinze jours, un client irlandais a demandé en mariage son compagnon, sur la terrasse panoramique », raconte la gérante de l’hospice.

Léon Ottoz. Photo Le DL/Cyprien Durand-Morel
Léon Ottoz. Photo Le DL/Cyprien Durand-Morel

Le col a son drapeau

De 1861, date de naissance du Royaume d’Italie, jusqu’en 1947, après la défaite de l’Italie fasciste, l’hospice était sous bannière italienne. Léon Ottoz, barman au refuge San Bernardo , en connaît un rayon sur l’histoire du col. Le jeune Italien a repris le commerce que son grand-père avait construit en 1948. « Il me racontait qu’il existait une frontière avec une quarantaine de gardes. Les douaniers créaient des kilomètres de queue de voitures s’ils se levaient du mauvais pied le matin. » Une aubaine pour les commerçants qui vendaient leur café aux automobilistes immobilisés.

Passionné, Léon a même conçu le drapeau du col. On y retrouve la foudre et l’aigle, symbolisant Jupiter. Une statue en argent du dieu romain datant du IIIe siècle a été retrouvée lors de fouilles archéologiques. Alpis Graia, le nom du col dans l’Empire romain, a vu passer (selon la légende) Hercule lors de ses douze travaux, et l’empereur Caligula, en expédition pour conquérir la Grande-Bretagne.

Article issu du Dauphiné Libéré

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