« Ça va, votre chien n’a pas trop chaud ? Vous arrivez à lui trouver des points d’eau ? » Au détour d’une question anodine pour établir le contact, Marine Bosson, 26 ans, informe de manière très pédagogue les randonneurs sur les règles du parc naturel régional des Bauges , et plus spécifiquement de la réserve nationale de chasse et de faune sauvage, située à 2 heures de marche.
Avec Sarah Grauby, 28 ans, elle forme l’un des sept duos d’éco-volontaires missionnés par le parc des Bauges. Objectif : prévenir les conflits d’usage entre tourisme et agriculture et faire découvrir la faune et la flore. En ce samedi de juillet, elles ont installé leur camp de base au col de Bornette, au-dessus de Bellecombe-en-Bauges. La longue-vue et le tapis-carte posés, elles attendent les randonneurs, de 9 h à 16 h.
« Vous regardez quoi ? », s’avance avec curiosité une retraitée en balade avec son mari. « On espérait voir de grands oiseaux », sourit Sarah. La conversation dérive sur une application pour identifier les rapaces et sur la vingtaine de mouflons aperçus à Chaurionde.
« Il est arrivé qu’on aperçoive des gens en train de poser leur bivouac dans la réserve ou de promener leur chien »
« On dénombre 1 500 chamois et moins de 150 mouflons dans les Bauges », informe Sarah. « Régulièrement des captures sont effectuées pour étudier leur mode de vie, vérifier leur état de santé. » C’est pour ne pas perturber la faune et la flore que, dans la réserve, drones, VTT, chiens, bivouacs et feux sont interdits. « Il est arrivé qu’on aperçoive des gens en train de poser leur bivouac dans la réserve, ou de promener leur chien », raconte Marine. « On les informe que c’est interdit mais on ne peut pas leur mettre d’amende. »Chaque jour les éco-volontaires changent de binôme et de spot, pour s’enrichir sur le terrain et entre eux. Après un cursus dans le design, Marine souhaite se réorienter comme accompagnatrice de montagne. « C’est une première expérience pour voir si je suis à l’aise avec le public. » Sarah, ingénieur agronome spécialisée en agroécologie, vient peaufiner ses connaissances naturalistes et vivre l’aventure humaine.
Six jours sur sept, pendant tout le mois de juillet, elles et les 12 autres éco-volontaires arpentent bénévolement les Bauges, à raison d’une à quatre heures de marche par jour. Ils seront relayés au mois d’août par une autre équipe. Leur terrain de jeu est splendide. « La vue à 360° depuis la pointe de Chaurionde est incroyable. On voit le lac d’Annecy, le mont Blanc, la pointe de la Sambuy, l’Arcalod… », s’émerveille Sarah.
Les écovolontaires déployés sur sept sites jugés sensibles, du fait de leur surfréquentation
Les éco-volontaires sont déployés sur sept sites jugés sensibles du fait de leur sur-fréquentation ces dernières années, dont le vallon de Bellevaux, le lac de Mariet, le Chéran ou encore la tourbière des Creusates. Il n’est pas rare qu’ils fassent remonter au parc naturel régional leurs observations recueillies sur le terrain. Comme cet avion de chasse évoluant très bas au-dessus du Pécloz, cette randonneuse excédée par la suractivité de canyoning dans le Chéran ou encore ce marcheur mordu par un patou.
« La mission du parc est justement de concilier les usages -agriculture, tourisme, chasse, faune et flore-, glisse Sarah avec tact, pour que tout le monde puisse profiter de la montagne. »
Une mission que le parc a déclinée en campagne humoristique “La montagne… respect !”. Sur un ton léger, il est notamment rappelé aux randonneurs de contourner les troupeaux, de ramasser ses déchets et de ne pas sortir des sentiers.
Article issu du Dauphiné Libéré
