Exploit en 1492 : le Mont Aiguille a été gravi pour la première fois !

Son identité, le Trièves la doit à ses paysages. Des traits de caractères marqués entre terres cultivées et espaces intacts, entre plaines et falaises, entre vallées et sommets. Dans cet amphithéâtre naturel, planté sur la commune de Chichilianne, le Mont Aiguille émerge.

« À la même époque, Christophe Colomb découvrait l’Amérique »

De loin, on imagine ses falaises abruptes et son sommet à 2087 mètres. Il est le fruit d’une cassure avec la falaise de la Grande Moucherolle (chaîne du Vercors) à laquelle il était autrefois attaché. « Supereminet invius » : il se dresse inaccessible, affirmaient les textes anciens.

Il a suffi qu’un roi pose son regard sur ce phare pour que le sommet soit atteint en 1492. « À la même époque, Christophe Colomb découvrait l’Amérique. On recherchait le paradis terrestre qui devait être au sommet d’une montagne », raconte Bernard Angelin.

1492 : la naissance de l’alpinisme

1492 marque la naissance de l’alpinisme au Mont Aiguille. Retour en arrière au 7 novembre 1490. Ce jour-là, Charles VIII, roi de France se rend à Notre-Dame d’Embrun. Alors âgé de 20 ans, il traverse le Trièves et est séduit par ce Mont inaccessible. Il ordonne alors à Antoine de Ville, seigneur de Dompjumlien, et de Beaupré en Lorraine, capitaine de Montélimar, de réaliser son ascension.

Antoine de Ville part avec une équipe de huit hommes : un « échelleur » du roi, un maître tailleur de pierre, un maître charpentier, un aumônier et un prédicateur. L’expédition s’apparente à l’assaut d’une forteresse et le sommet est atteint le 26 juin 1492.

Le 28 juin, le parlement de Grenoble est averti de la prouesse et un huissier est dépêché à Clelles pour constater les faits et établir un procès-verbal. Cette première ascension dont le simple but était d’atteindre le sommet est considérée comme l’acte de naissance de l’alpinisme.

Sa première fois, ce passionné de montagne s’en souvient très bien. « J’avais 15-16 ans et j’ai fait l’ascension par la voie normale avec un groupe du CAF (Club alpin français) ». Depuis, il est accro au site qui a été l’objet de sa thèse d’étudiant en éducation physique, spécialité escalade. 300 pages en tout. « J’ai passé autant d’heures aux archives qu’au sommet ». Bernard Angelin vit à Chichilianne. et de chez lui, il a vue sur « sa » montagne.

Au sommet, un jardin suspendu et une vue à 360 degrés

Bernard Angelin a photographié ce monolithe « à la forme incontournable » sous tous les angles, par toutes les saisons, lui a dédié un livre*. « J’ai un plaisir énorme à accompagner des gens au sommet » tout aussi bien qu’à grimper le soir « en dehors du flux pour le coucher du soleil ». À son sommet, le jardin suspendu de 600 mètres de long et 100 m de large offre une vue à 360 degrés.

Il peut aussi vous raconter la deuxième ascension officielle, le 16 juin 1834, par un enfant du pays, Jean Liotard, de Trézanne, puis toutes ces voies ouvertes au fil des ans par les Coupé, Desmaison, Bernezat et Lasalle. En filigrane, le Mont Aiguille est aussi porteur de l’évolution de la pratique « vers l’escalade pure, libre, la gestuelle sans avoir à planter des pitons, en plus dans du mauvais rocher… ».

En 1940, le Mont Aiguille perd 11 mètres

En 1940, la partie haute du mont s’effondre et il perd 11 mètres.

Le 27 août 1957, Henri Giraud, as du pilotage en montagne, se pose aux commandes d’un petit Piper J 3 américain sur la prairie sommitale. Henri Giraud avait commencé par escalader le Mont Aiguille par la voie normale.

Ensuite, grâce à deux hélicoptères, du matériel et des hommes étaient déposés pour aménager une piste sommaire de 80 mètres de long, 20 de large. Le même jour, il effectuera 3 rotations successives avant de récidiver sur la neige en 1959, accumulant au total 53 atterrissages entre 1957 et 1975.

Le Mont Aiguille comme « une addiction »

Le 27 janvier 1992, le Français Pierre Tardivel réalisa une autre première : skier sur les pentes avec Rémi Lecluse, guide de haute montagne. Pour les Haut-Savoyards, il s’agissait de rendre hommage, 500 ans après, aux héros de la conquête. « Le plus compliqué est de monter avec les skis dans le dos et de s’arrêter avant le rappel », témoigne en riant Bernard.

Il a beau être allé voir d’autres sommets en Ouganda ou en Amérique du Sud, avoir séjourné comme Sylvain Tesson sur les bords du lac Baïkal, tout le ramène à ce Mont Aiguille comme « une addiction ».

*Le Mont Aiguille, merveille du Dauphiné, Bernard Angelin et Jean-Michel Pousergues, Nouvelles éditions Sutton 2010.

Article issu du Dauphiné Libéré

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