La version française a été projetée plus de 70 fois dans les Hautes-Alpes depuis sa première diffusion à l’été 2022. « Ce sont des moments privilégiés, particulièrement les débats tenus après le visionnage », sourit Danielle Racanière. Avec Patrick Caffarel, elle a co-écrit « Dans les pas de Pete, un haut-alpin berger au far west », un docu-fiction sur les traces du grand-oncle de Patrick Caffarel, Pierre, berger haut-alpin parti aux Etats-Unis pour fuir la pauvreté. Elle est aussi la réalisatrice.
« On Pete’s trail », le doublage anglais du film, diffusé en avant-première à la Cinémathèque d’images de montagne (CIM) de Gap, le jeudi 1er février, en présence de la Consule générale des États-Unis. « Le projet d’en faire une traduction américaine a germé dès le début dans notre esprit car on a vu qu’il y avait très peu de moyens pour les gens d’en apprendre plus sur leurs racines. »
Ils furent 12 000 à quitter les Hautes-Alpes pour les États-Unis en 1850
Car s’ils sont 12 000 à quitter les Hautes-Alpes en 1850, le nombre de leurs descendants a forcément augmenté avec le temps. Et avec lui, le nombre de personnes susceptibles de s’intéresser à leurs ancêtres. « Il arrive parfois que des personnes viennent à la recherche de leurs origines, et qu’elles ne trouvent pas forcément ce qu’elles cherchent. Surtout en ne parlant pas français. »
Lors d’une présentation au château de Montmaur, pour la journée du patrimoine 2022, deux Américaines dans l’assistance interpellent la Consule générale des États-Unis. Elles ne connaissent pas la langue de Molière, ce qui les empêche de comprendre le film. « La Consule m’a alors demandé si nous envisagions une traduction , raconte la réalisatrice. Le Consulat a d’ailleurs co-financé cette version. »
« Nous avons fait avec les moyens du bord »
Le reste du financement a été apporté par les dons réalisés, généralement en échange du DVD en français. Malgré tout, le budget était limité pour le projet. « Nous avons fait avec les moyens du bord, j’ai demandé à des gens que je connaissais sur le territoire pour le doublage », explique Danielle Racanière. « Comme le chef de chœur Kevin Oss, originaire des États-Unis, et j’en suis venue à préférer la version américaine, avec son intention drama ! » D’autres prêtent leur voix pour le doublage, comme le fils de Patrick Caffarel, Jean-Pascal et le fils de Danielle Racanière, Nathanael, qui habite au Canada.
Une traduction pour permettre aux jeunes d’échanger
« Impliquer les jeunes est l’une des idées derrière ce nouveau projet », confie la réalisatrice. « C’est pour cela que j’ai souhaité que des lycéens soient les premiers à assister à sa projection. » En plus de la Consule générale américaine à Marseille, Jessica Huaracayo, les élèves du lycée Aristide-Briand seront présents pour l’avant-première. « Lors de nos différentes séances avec des scolaires, ils étaient très investis. Une grande partie avait des liens de parenté avec des descendants de ces émigrés et s’approprie leur propre histoire avec ce film. »
Des élèves du collège Vivian-Maier, à Saint-Bonnet-en-Champsaur, ont même commencé à échanger avec des lycéens américains de la ville de Gueydan, du nom d’un Saint-Bonnetier qui s’était installé en Louisiane. La version anglaise permettra à ces jeunes de comprendre l’histoire derrière la fondation de leur ville. Les enfants champsaurins doivent d’ailleurs voyager de l’autre côté de l’Atlantique en mars, pour rencontrer leurs correspondants.
