Un colosse de sucre
Le Granier en impose et culmine à 1933 m d’altitude. Son impressionnante face nord qui se dresse au-dessus de Chambéry mesure à elle seule près de 900 mètres. Mais elle trahit le talon d’Achille du colosse et la tragédie du 24 novembre 1248, plus grande catastrophe naturelle de l’Occident médiéval. Quand sa nature calcaire et son cœur karstique l’ont coupé en deux, précipitant un pan entier de la montagne dans la vallée, roulant sur les maisons et engloutissant 16 villages.
La légende raconte que les éboulis, poussés par le souffle du diable et qui venaient de faire des milliers de morts, furent stoppés la madone de Myans. En janvier 2016, c’est le pilier nord-ouest, côté savoyard au-dessus d’Entremont-le-Vieux, qui a cédé. Une plaque de 187 m de haut sur 72 de large s’est détachée, rasant une partie de la forêt. Et quelques semaines plus tard, entre avril et mai, c’est côté nord-est, au-dessus de Chapareillan (Isère) que le Granier a été raboté. Aujourd’hui, le Granier est bardé de capteurs que surveillent quasi en direct les scientifiques grenoblois. Peut-être la montagne la plus surveillée de France.
La plus petite station de ski de Savoie
En 2019, l’Association des skieurs du Granier a sauvé de la disparition la petite station de ski d’Entremont-le-Vieux. Quatre tire-fesses, quatre pistes et une vue imprenable sur le mont Granier en font une station qui garde la sympathie des gens des Entremonts et des familles chambériennes qui découvrent le ski.
Au Granier, l’enneigement est naturel et l’ouverture des pistes est aléatoire. Mais ici, on skie surtout par militantisme, pour soutenir la petite station et skier deux ou trois heures avec un forfait à 12 euros. Les skieurs du Granier tiennent bon malgré une saison 2024, hélas, sans aucun jour d’ouverture.
La montagne sacrée des peintres de la région
Avec des faux airs de Sphynx, le Granier est depuis toujours la montagne sacrée des peintres de la région. En 2019, un collectionneur chambérien avait retracé un siècle de peinture sur le thème du Granier en réunissant lors d’une exposition à Bassens près de 60 toiles. Ainsi, au fil de la visite, les visiteurs avaient découvert les couleurs rosées de la falaise, le soir, immortalisées par Jean Bugnard, ou le ciel jaune, préféré par Henry Mège.
Il y avait aussi une interprétation quasi “fauve” du Granier par Jean Communal, une version cubiste de René-Maria Burlet, mais aussi les représentations de Cachoud, Poignant, Cariffa et Contencin, les maîtres de la peinture régionale.
Une grotte aux ours unique au monde
Découverte en 1988 par deux spéléologues savoyards, la grotte de la Balme à Collomb est un joyau paléontologique et spéléologique niché sous le mont Granier, à 1 700 mètres d’altitude au fond d’une ancienne glacière. Lors de la découverte, elle contenait des milliers de squelettes impeccablement alignés, d’ours des cavernes venus hiverner aux temps préhistoriques.
De 1989 à 1994, 12 000 ossements d’ours ont été extraits de la Balme à Collomb pour être étudiés. Pour entrer aujourd’hui dans la grotte, sur invitation scientifique et à l’occasion de la fête préhistorique du musée de l’ours, il faut passer par un trou de souris. On glisse sur le ventre ou à quatre pattes, par une petite trappe discrète, située au fond de l’ancienne glacière. Une expérience rare et incroyable.
Un classique des cyclistes chambériens
C’est le col que tous les cyclos chambériens aiment grimper dès que le temps le permet. Avec un départ de Chambéry depuis la place Caffe ou depuis la montée des Charmettes, le col propose une ascension de près de 860 mètres de dénivelé positif pour arriver à 1 134 m d’altitude.
C’est aussi le premier col de grande trilogie de la Chartreuse, pars les cols du Granier, de Cucheron et de Porte.
Article issu du Dauphiné Libéré