Les poules s’échappent, ça caquette dans tous les sens à 2 537 mètres d’altitude, le début d’une sacrée aventure… Les bestioles ont été aperçues en train de courir en pleine montagne ! Ce sont les poules de Claire Lanari, gardienne du refuge du Fond des Fours dans le parc de la Vanoise à Val-d’Isère.
Pratique et écolo
Mais que diable viennent-elles donc faire dans cette galère ? Le refuge accueille ces poules dans un but bien précis, faire de leur estomac un compost. « Je monte six poules achetées sur le marché d’Albertville. Ce n’est pas tant pour leurs œufs mais plutôt pour la gestion du compost », assure Claire. Tous les restes des assiettes ne peuvent pas faire un bon compost et encore moins être jetés au beau milieu d’un parc national.
Une seule solution : les jeter à la poubelle. Sauf qu’en montagne une poubelle, c’est un lourd fardeau qu’il faut stocker et redescendre à pied. Voilà pourquoi les poules sont la réponse idéale à cette problématique. « Quasiment tous les refuges de Vanoise en ont. La réglementation du parc autorise tous les animaux domestiques sauf les chiens », assure Claire, qui est montée pour la saison avec son chat. « Une chance en Savoie, car dans les Pyrénées aucun animal n’est admis ».
Une aventure épique
La présence de poules dans un environnement sauvage pose quelques problèmes de voisinage : le renard comme prédateur ou la marmotte comme rivale. Les marmottes, avides de nourriture facilement trouvée, se battent avec les pauvres poules pour le compost. Il n’est pas rare qu’elles en tuent au cours de ces combats effrénés. « Mais on surveille de près, afin que les marmottes ne puissent pas manger ces restes beaucoup trop gras et sucrés pour elles. On a aménagé un poulailler en conséquence. »
Dernier argument, non négligeable, en faveur de ces poules de refuges : elles font le bonheur des enfants de Claire. Elle passe la saison avec eux. « Ils ont 5 et 8 ans et y sont très attachés. » Une bonne raison pour que ces poules ne finissent pas dans les assiettes des randonneurs, le 15 septembre prochain pour la fermeture…
En attendant, Claire se souviendra longtemps de son début de saison : montée à pied avec ses poules dans des cartons, accrochés dans le dos, elle s’est fait surprendre par un véritable déluge : « Les cartons détrempés sont tombés en miettes et les poules se sont échappées ! Il a fallu les récupérer dans la montagne. J’ai terminé la marche avec les poules dans les bras. C’était intense et épique ! » La dernière fois que Claire avait sorti cette expression, c’était cet hiver, lorsqu’une chute de neige mémorable avait enseveli son refuge. Quelle année ! Elle n’oubliera pas ces épisodes d’ouverture du gardiennage. À chaque fois une sacrée aventure.
Article issu du Dauphiné Libéré