Pourquoi les bouquetins s’installent-ils au bord des routes de montagne ?

Avez-vous déjà fait attention à ces silhouettes cornues qui bronzent à quelques dizaines de mètres derrière la glissière ? Il n’y a parfois qu’un seul bouquetin. Avec un peu de chance, toute une famille qui joue les funambules sur les falaises en bordure de la RD1091. Des bêtes sauvages qui tournent les sabots illico lorsqu’elles détectent un touriste, caché derrière l’objectif de son appareil photo. « Ils se sont installés tout doucement il y a une vingtaine d’années », indique Gilbert Dupont, maire de Livet-et-Gavet, secteur de la vallée le plus sollicité par le mammifère.

« L’envie de manger est plus forte que la peur des voitures »

Abandonner les alpages. Descendre en deçà de 700 mètres d’altitude. Cohabiter avec le vrombissement des moteurs qui s’affolent sur la “deux fois deux voies”. Le Roi des Alpes n’a-t-il désormais plus peur de rien ? « C’est parce qu’il a la dalle, vulgarise Cyril Coursier, technicien patrimoine naturel au Parc national des Écrins. L’envie de manger est plus forte que la peur des voitures. »

Question d’instinct. Ou plutôt de vie ou de mort : « Ils luttent pour leur survie, analyse le spécialiste. Quand ils en arrivent là, c’est que la situation est déjà limite et qu’ils ont épuisé toutes leurs réserves. »

Or, à cette époque de l’année, le menu servi par les coteaux de Livet-et-Gavet fait saliver le capriné : de l’herbe fraîche qui commence à repousser sur le versant exposé plein sud. « La végétation suit un gradient d’altitude, précise l’expert. Elle commence à pousser en bas et remonte progressivement, jusqu’à devenir mûre, fin juillet, début août, à 2 500 mètres d’altitude. »

Photo Le DL/Jean-Benoît Vigny
Photo Le DL/Jean-Benoît Vigny

« Ils lèchent le sel sur la chaussée »

L’autre avantage, le long de la départementale, c’est que les plus gourmands s’offrent même un dessert : « Ils lèchent le sel sur la chaussée », remarquent deux employés chargés de déneiger la route sur la zone. « C’est un complément alimentaire pour tous les ongulés », précise Cyril Coursier, rappelant que les bouquetins trouvent habituellement le précieux condiment sur des rochers et autres « salines naturelles ».

Dernière raison pour laquelle les chèvres sauvages redescendent : « C’est une bête assez grosse et lourde, pas vraiment faite pour se déplacer dans la neige, où elle dépense beaucoup d’énergie. » En plaine, elle s’économise. À condition de ne pas être harcelée par les curieux qui se garent dangereusement le long de la RD1019, tentant de les approcher au plus près : « Il faut vraiment garder ses distances, recommande le technicien patrimoine, indiquant que leur courir après à répétition peut les mettre en danger de mort. Le mieux c’est de l’observer avec des outils adaptés : un appareil avec un gros zoom ou des jumelles. »

Article issu du Dauphiné Libéré

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