Les cumulus semblent à portée de main. Les deux bras levés, à 3 747 mètres d’altitude, on s’attendrait presque à les sentir s’écouler entre nos doigts, seules quelques dizaines de mètres empêchent de les toucher. En plus d’être la “plus haute randonnée de France” selon l’office du tourisme de Tignes, sans avoir besoin de piolets et de crampons à neige, l’ascension de l’aiguille de la Grande Sassière se révèle un vrai défi physique. La moitié des 1 500 mètres de dénivelé à gravir se situe au-dessus du seuil des 3 000 m d’altitude.
Inoubliable excursion
L’entreprise débute depuis le parking du Saut, sur la commune de Tignes, à 2 300 m d’altitude (barrage du Saut pour le GPS). Un très grand parking y attend les mordus de randonnée, après 12 minutes d’ascension en voiture route de la Sassière, immédiatement à gauche après la sortie du tunnel du Chevril en direction de Val-d’Isère. Le parking du Saut est un lieu d’excursion prisé des familles, une balade toute en douceur mène au barrage de la Sassière. La conquête de l’aiguille de la Grande Sassière en revanche demande plus d’expérience et une bonne condition physique.
Après s’être généreusement garnis de crème solaire (vêtements chauds et bâtons de marche obligatoires ), les randonneurs trouveront le point de départ du chemin à proximité immédiate du parking, reconnaissable par ses six pierres blanches et le sentier nettement marqué au sol attaquant droit dans la pente. Si la randonnée n’est pas balisée, des cairns posés régulièrement indiquent le trajet. L’ascension de la Grande Sassière est une randonnée d’été qui attire chaque jour des dizaines de personnes – peu de chance de se retrouver tout seul lors de l’ascension.
Pénétrer en territoire de glace
Si le début de l’effort démarre dans les alpages, très vite, le paysage devient minéral. À mesure de la montée, de petits lacs glaciaires de toute beauté apparaissent, du bleu turquoise au bleu azur. La première phase de progression amène dans le cirque minéral de la Grande Combe, avec son vaste replat et sa possibilité de bivouaquer à 3 000 m. La montée se poursuit ensuite en partant vers la gauche – ne pas prendre lorsque le sentier semble se diriger vers la droite. Les randonneurs longeront ensuite les glaciers sur leur gauche, recroquevillés sur leurs pics en attendant l’hiver. Le chemin est normalement libre de névés et de glace jusqu’au sommet en juillet et en août. La vue est somptueuse.
Plus l’on s’approche de l’aiguille de la Grande Sassière, bien en vue, plus s’intensifie le bruit de l’écoulement de l’eau issue de la fonte des glaciers. Les 300 derniers mètres s’achèvent sur un chemin qui serpente, les bâtons de marche se révèlent très utiles sur la dernière partie.
Le sommet, et ses 3 747 mètres, est à portée. Bien au chaud dans leur veste épaisse – il fait froid, même en août – les vainqueurs du sommet découvriront l’insoupçonnée profusion de glaciers, à perte de vue. Leur beauté est aussi émouvante que leur fragilité. L’aller et le retour demandent en moyenne 6 à 7 heures de marche. Partir tôt et bien regarder la météo avant. Tout exploit demande un minimum de préparation.
