Depuis le 31 mars dernier et jusqu’à la fin du mois d’avril, une grande concertation publique a été lancée. Tout le monde peut donner son avis sur ce vaste projet immobilier en attendant de connaître un jour la fin de cet interminable feuilleton.
En dix ans, les projets immobiliers destinés à développer le tourisme quatre saisons dans le Vercors ont été rêvés, puis repensés, déplacés, corrigés, critiqués au gré des différentes visions politiques… à tel point qu’on en perdrait presque le fil ! De Villard-de-Lans à Corrençon-en-Vercors, on vous donne les clés pour comprendre ces projets prévus au pied de la station de ski si chère à Tony Parker. C’est parti !
Un projet immobilier devenu… « le projet Parker »
En 2019, Tony Parker débarque dans le Vercors. Avec son entreprise Infinity Nine Mountain, il devient actionnaire majoritaire de la Société d’équipement Villard/Corrençon (SEVLC), qui exploite la station de ski. Il achète aussi le terrain des Adrets et annonce la concrétisation d’une opération immobilière d’environ 1 000 lits touristiques, qui répond à une volonté des élus de la Communauté de communes du Vercors (CCMV) de développer le tourisme quatre saisons.
Ce projet « était dans le Plan local d’urbanisme intercommunal », précisera alors Ruben Jolly, proche collaborateur de l’ancien joueur de basket-ball. Décidé à développer la station en toutes saisons, il saisit l’opportunité, ce qui vaudra au projet le surnom de “Parker”.
Le vrai nom du “projet Parker”, c’est Ananda Resort. Un complexe touristique de 18 497m² comprenant une résidence de 700 lits touristiques, des commerces, un pôle d’activités indoor et un parking de 620 places.
Un terrain de jeu qui change de place
Sur le parking P1 de la station Villard-Corrençon… mais ça n’a pas toujours été le cas ! Entre 2014 et 2019, les élus du Vercors envisagent deux projets dans leur plan d’urbanisme : l’un aux Adrets (500 lits), l’autre aux Gauchets (250 lits). Mais en 2020, un nouveau maire avec une autre vision politique est élu à Villard-de-Lans : Arnaud Mathieu.
Les projets des Adrets et des Gauchets sont stoppés, on décide de tout rassembler sur le parking P1 pour limiter l’artificialisation des sols. Le projet grossit à 900 lits, avant d’être finalement réduit à 700.
Un calendrier toujours flou
C’est une grande question… En 2022, nous avions annoncé un début des travaux au printemps 2024 pour une livraison à Noël 2025. Aujourd’hui, tout est suspendu au préfet coordonnateur du massif des Alpes, qui doit donner ou pas son accord d’ici l’été. S’il est favorable, un permis de construire pourra ensuite être déposé. Dans ce contexte incertain, aucune date n’est donc connue.
Une montagne d’études à franchir
Le projet prend du temps parce qu’il a beaucoup évolué, ce qui a nécessité de nouvelles études environnementales qui n’étaient pas initialement prévues. La Mission régionale d’autorité environnementale (Mrae) a ainsi rendu deux avis : en 2023 et en 2025.
Comme le comité de massif des Alpes chargé d’étudier le dossier, la Mrae déplore qu’il n’y ait pas d’analyse globale des conséquences de l’ensemble des projets immobiliers autour de la station (à Villard et à Corrençon, lire plus bas). Elle recommande d’approfondir ce point mais aussi de préciser les futurs besoins en neige de culture liés à la disponibilité de la ressource en eau sur le territoire. Entre autres…
Villard et Corrençon : deux projets, une même station
Le seul lien, c’est qu’ils se trouvent autour de la même station ! À Corrençon-en-Vercors, le projet immobilier du Hameau des Arolles estimé à 22,5 millions d’euros est porté par la société immobilière (SCCV) de la Balme.
C’est donc un autre ensemble touristique indépendant de celui de Villard-de-Lans, qui comprend la construction de 112 logements (450 lits) sur une surface de 8 650 m², au Clos de la Balme. L’opération nécessite le défrichement d’un terrain sur 1,68 hectare.
88 millions d’euros sur la table… mais par qui ?
Si à l’origine, Tony Parker lui-même avait annoncé le lancement de ce projet estimé à 88 millions d’euros, l’avenir ne semble plus si figé. L’ancien international français est absent des débats depuis plusieurs années… pourquoi ? Qui va investir tout cet argent ? L’été dernier, Marie-Sophie Obama avait répondu à cette question : ce ne sera « ni la SEVLC, ni Infinity Nine Mountain [la société de T. Parker], ni Tony Parker. »
La présidente de la SEVLC avait précisé que le tour de table « n’était pas constitué ». Si le projet est validé, une foncière prendra le relais pour la construction et l’aménagement d’Ananda Resort. Une foncière… avec Tony Parker ? Pour l’instant, la question reste en suspens.
Article issu du Dauphiné Libéré
